Menu

Mohammed VI s'attaque à la pauvreté

Le Roi lance une «Initiative nationale pour le développement humain».
En s'en prenant à un fléau du pays, il coupe l'herbe sous le pied des islamistes radicaux.

Le Roi du Maroc a lancé, mercredi par un discours radio-télévisé, un vaste chantier de lutte contre la pauvreté. Son «Initiative nationale pour le développement humain» se veut l'aiguillon de la politique que le gouvernement devra mener pour réduire le «déficit social».

Ce thème est apparu, dès l'avènement en juillet 1999 du nouveau roi, comme une de ses priorités. Mohammed VI est monté sur le trône avec la réputation d'être le «roi des pauvres» tant la problématique sociale avait déjà retenu son attention sous l'ère d'Hassan II, son père. Il aura pourtant fallu attendre la sixième année de son règne pour que le roi prenne le problème à bras-le-corps. Peut-être pourra-t-il arguer avoir privilégié les chantiers de la condition de la femme, à travers la révision du code de la famille, et de la réparation des «années de plomb», avec l'installation de l'«Instance équité et réconciliation». Et les attentats de Casablanca, en mai 1993, perpétrés notamment par des militants islamistes issus des banlieues populaires de la ville, ont mis en exergue à la fois le retard dans les intentions du souverain et l'urgence de les mettre en oeuvre.

Si Mohammed VI n'a pas fait le lien, dans son allocution, entre son initiative pour le développement humain et l'activisme islamiste, la corrélation apparaît évidente.

«De larges franges de la population marocaine et des zones entières du territoire national vivent dans des conditions difficiles et, parfois, dans une situation de pauvreté et de marginalisation», a justifié le souverain. Et d'évoquer la lutte contre les bidonvilles, «terreux propices à l'aggravation des problèmes d'analphabétisme, de chômage et d'exclusion».

Aussi Mohammed VI a-t-il enjoint au gouvernement de Driss Jetou de viser la «mise à niveau sociale de 360 communes parmi les plus pauvres du monde rural et de 250 quartiers urbains (...) où sévissent les manifestations les plus criantes de l'exclusion sociale, du chômage, de la délinquance et de la misère».

Immense défi

Le souverain chérifien a fixé un cadre et un calendrier. Le gouvernement devra proposer endéans les trois mois un «plan d'action complet» pour concrétiser l'initiative. Une première évaluation des réalisations sera menée trois ans après le lancement des projets. Mohammed VI veut associer tous les partis politiques et toute la population à cet effort national. Une session spéciale du Parlement scellera le lancement officiel de l'initiative royale présentée par le gouvernement. Mohammed VI a placé celle-ci sous le signe d' «une citoyenneté réelle et agissante». Mais, a-t-il assuré, aucun nouvel impôt ne sera levé pour la financer.

Il est difficile de mesurer l'impact que pareille mobilisation pourra avoir sur la réalité quotidienne des Marocains. Force est de reconnaître que les grands chantiers lancés par Mohammed VI ont bousculé les traditions, les interdits, les privilèges.

Mais en l'occurrence, le défi est de taille. Le classement du Programme des Nations unies pour le développement humain (Pnud) place le Maroc au 125e rang de l'indice de développement humain sur 177 pays. Illustration: un Marocain sur deux est analphabète.

Source: La Libre Belgique

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com