Le Maroc réclame la libération totale de ses prisonniers en territoire algérien

Le Maroc réclame "la libération totale et inconditionnelle" de ses soldats prisonniers dans les camps des rebelles indépendantistes du Polisario en territoire algérien, a fait savoir lundi le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdallah.

"Il y a une résolution claire du Conseil de sécurité des Nations unies demandant la libération de tous les prisonniers marocains, le Polisario doit se conformer à la légalité internationale", a déclaré le ministre à l'Associated Press en commentant la libération samedi par le Polisario de deux soldats marocains.

Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a organisé leur transfert vers le Maroc, les deux ex-prisonniers, détenus depuis 1990 et âgés de 57 et 48 ans, ont été libérés par le Polisario "à la suite de la détérioration de leur état de santé".

Il reste actuellement 410 prisonniers marocains dans les camps du Polisario, installés en territoire algérien dans la région de Tindouf (1.200km au sud-ouest d'Alger). Ces captifs sont considérés comme "les plus vieux prisonniers de guerre du monde" par le CICR qui se dit "préoccupé" par leur état de santé et appelle également à leur libération.

Certains de ces soldats sont en captivité depuis plus de 25 ans. Ils ont été capturés au Sahara-Occidental par les rebelles du Front Polisario avec, selon de nombreux témoignages concordants, l'assistance de l'armée algérienne, lors de sévères affrontements contre l'armée marocaine, entre 1976 et 1991, date d'un cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'ONU.

Depuis, le Polisario procède depuis à des libérations partielles que les autorités marocaines considèrent comme relevant "d'un marchandage médiatique".

Dans un rapport d'enquête particulièrement alarmant, publié en 2003, la fondation "France-Libertés", dirigée par Danielle Mitterrand, avait souligné les "dramatiques conditions de détention" des prisonniers marocains.

"France-Libertés" dénonçait notamment des "meurtres, tortures, mutilations et travail forcé" infligés aux prisonniers.

Le rapport relève également que de "très nombreuses pathologies neuro-psychiatriques" ont été constatées chez les prisonniers, qui souffrent "d'un sentiment d'abandon" après plus d'un quart de siècle de détention pour certains d'entre eux.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara-Occidental a été annexé par le Maroc en 1975. Depuis cette date, les rebelles du Front Polisario militent pour l'indépendance de ce territoire désertique de 266.000 km2 riche en phosphate et disposant d'importantes ressources halieutiques.

Le Maroc, qui administre le Sahara-Occidental au nom du "parachèvement de son intégrité territoriale historique", refuse désormais l'organisation d'un référendum d'autodétermination demandé par les rebelles armés du Polisario et sa principale alliée, l'Algérie.

Source : Associated Press