Hommage présidentiel aux soldats musulmans morts pour la France

C’est une visite lourde de symboles qu’effectuait ce mardi le président français à Arras (Nord-Pas-de-Calais). D’abord, d’un point de vue historique, Nicolas Sarkozy est le premier chef d’Etat français à aller s’y recueillir depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1977.

Plus important encore, en se rendant dans le carré musulman du cimetière de Notre-Dame de Lorette le président français en a profité pour saluer la mémoire des soldats musulmans ayant péri pour la libération de la France. Le quotidien Le Matin, souligne que, Nicolas Sarkozy entendait ainsi donner « un signal fort en direction de la communauté musulmane de France, suite à la multiplication des actes de profanation visant les symboles de l'Islam dans ce pays ». En effet, en décembre 2008, des croix gammées et des tags avaient été retrouvés sur la quasi-totalité des 576 tombes que compte cette partie du cimetière.

Lors de son allocution, le président français a loué le courage des «70.000 soldats musulmans morts à Verdun», et a déclaré que « la France a toujours honoré et chéri comme les meilleurs de ses fils ceux qui ont consenti pour elle le sacrifice ultime ». «Ils se sont battus pour défendre notre patrie. Ils se sont battus pour la liberté de la France, notre liberté » a-t-il rappelé.

Concernant les actes de profanation récemment perpétrés contre les tombes musulmanes, dont 8 appartenaient à des soldats marocains, le Nicolas Sarkozy a condamné le « geste innommable » de « profanateurs lâches et imbéciles ». «Connaissaient-ils seulement l'histoire de la division marocaine et de ses soldats qui s'illustrèrent près d'ici, à Vimy?» s’est-il indigné.

Dans un contexte politique délicat, marqué par le débat sur l’identité nationale, il était également question pour le président français de clamer le jeu. Ainsi, le quotidien régional français La Voix Du Nord, rapporte cette déclaration « être Français, qu'on le soit de naissance ou qu'on le devienne, c'est avoir la France en héritage (…)». L’identité nationale trouverait ainsi sa racine dans cet héritage, selon Nicolas Sarkozy, de même qu’elle implique des devoirs, dont le plus important est d’aimer la France, a-t-il poursuivi.

Le chef d’Etat a également manifesté son soutien à la communauté musulmane établie en France, en déclarant : « l'islam est aujourd'hui la religion de nombreux Français. Et notre pays, pour avoir connu non seulement les guerres de religion mais aussi les luttes fratricides d'un anticléricalisme d'Etat, ne peut laisser stigmatiser les citoyens français musulmans ». De même il a rappelé selon France Soir, son attachement à la laïcité, qu’il a défini comme un « principe de tolérance, (…) d’ouverture, (et) d’apaisement », et non comme « la négation ou le rejet du fait religieux ».

En effectuant ce déplacement, Nicolas Sarkozy honorait une promesse faite au Conseil français du culte musulman (CFCM) en décembre dernier. Dans un communiqué, le CFCM a d’ailleurs salué son « déplacement hautement symbolique », qui a ainsi honoré « la mémoire des soldats musulmans qui sont morts pour la France et dont les sépultures ont été souillées plusieurs fois par des inscriptions racistes et xénophobes ». Le communiqué a également rappelé que la France doit beaucoup « à ces hommes, qui ont payé le prix du sang, et à leurs enfants et petits-enfants dont beaucoup sont Français ».

Yann Ngomo
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