Menu

Diplomatie : Le torchon brûle entre le Maroc et l'Iran

Le Maroc a décidé hier 25 février de rappeler en consultation pour une semaine son chargé d'affaires à Téhéran selon une source officielle. Cette décision est une protestation contre les « expressions inopportunes » de l'Iran à propos du soutien de Rabat au Bahreïn, selon le portail d'informations « Insidethegulf.com ».

Le ministre des Affaires Étrangères, Taïeb Fassi Fihri, a convoqué mercredi l'ambassadeur d'Iran à Rabat, Vahid Al Ahmadi, pour lui faire part de la position du Maroc de « protestation et du rappel en consultation de son chargé d'affaires » en poste à Téhéran. Durant leur entrevue, le chef de la diplomatie marocaine a exprimé selon la MAP, le « vif étonnement » du Maroc au sujet de la « convocation singulière, le vendredi 20 février, par le ministère iranien des AE, du chargé d'Affaires à l'ambassade marocaine de Téhéran, et de son fort rejet de certaines expressions inopportunes contenues dans le communiqué officiel iranien. ». Le dit communiqué iranien stipulait un soutien du Maroc à « l'unité et à l'intégrité territoriale du Bahreïn ». Comment en est t-on arrivé à ces différentes convocations de part et d'autre?

Le Royaume du Bahreïn décidait le 18 février, d'interrompre ses négociations avec Téhéran sur l'importation du gaz iranien à la suite des propos d'un responsable du pays d'Ahmadinejad. Quelques jours plutôt, Ali Akbar Nateq Nouri, responsable du bureau du Guide suprême iranien, aurait qualifié Bahreïn de « 14ème province iranienne » historique, notant qu'il disposait d'un représentant au Parlement. Ces propos nuisibles ont entraîné une levée de boucliers dans le Royaume.

Le 20 février, le Roi Mohammed VI a adressé d'après « le Soir Échos », un message à son homologue du Bahreïn, Hamad Ibn Aïssa Al Khalifa. «Ces déclarations abjectes à l'endroit d'un pays arabe frère et membre actif dans son environnement régional et au sein de la communauté internationale ont suscité notre fort étonnement et notre profonde inquiétude » à indiqué Mohammed VI. Taïeb Fassi Fihri se rendra deux jours plus tard dans le Golfe pour apporter un message du Roi sur ces mêmes déclarations. L'Iran de son côté, demandera des explications sur l'attitude marocaine en convoquant le chargé d'Affaires marocain.

Que cache donc les positions respectives des deux pays? Le Bahreïn est peuplé majoritairement de Chiites mais est dirigé par une dynastie sunnite. Les pays arabes sunnites sont « allergiques face un Iran chiite arrogant et ambitieux » d'après une source anonyme citée par « Le Soir Échos ». De plus le Royaume du Bahreïn est un allié important des États-Unis – ennemi de l'Iran – dans la région et le siège de la 5ème flotte américaine dans le monde. Simple opposition de courants religieux ou guerre géostratégique?

La République islamique d'Iran et le Maroc entretiennent pourtant de bonnes relations. Sur le plan politique, l'Iran avait réaffirmé par le biais de Vahid Al Ahmadi, il y a quelques jours, le gel de ses relations avec le Polisario. Le pays des Ayatollahs est aussi l'un principaux importateurs de phosphates marocains. Le hasard faisant bien les choses, cette affaire se déclenche au moment où on parle d'un match amical amical qui opposera en avril prochain, les Lions de l'Atlas à l'équipe iranienne de football.

Ibrahima Koné
Copyright Yabiladi.com

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com