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Rupture consommée entre Rabat et Al Jazeera

La couverture par Al Jazeera des incidents de Sidi Ifni a compliqué les relations entre la chaîne qatarie et Rabat. La tension monte d'un cran près d'un mois après la décision de l'ANRT privant cette chaîne de la diffusion de son JT du Maghreb depuis le Maroc.

Les événements de Sidi Ifni ont fini par brouiller davantage les relations entre le Maroc et la chaîne Al Jazeera. Hassan Rachidi, directeur du bureau de la chaîne qatarie à Rabat, a été entendu pendant trois heures par la police judiciaire au sujet de la «fausse information» diffusée par Al Jazeera et faisant état de huit à dix morts lors des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Le lendemain dimanche, c'est Brahim Sbaâ Ellil, membre du secrétariat local de Sidi Ifni-Ait Baâmrane, qui a été convoqué par la PJ pour être entendu à son tour à propos de son intervention lors du reportage d'Al Jazeera. Depuis, rien de nouveau sous le ciel et les journalistes de la chaîne attendent toujours la suite que pourrait donner le parquet à l'enquête ouverte depuis samedi. «Le Maroc peut tout simplement faire valoir sa souveraineté et décider la fermeture du bureau d'Al Jazeera», déclare une source qui suit le dossier de très près. En attendant, une source du staff d'Al Jazeera à Rabat affirme que les équipes de cette dernière ont été «étonnées» par l'acharnement des médias officiels et surtout de la MAP, qui a consacré une bonne partie de ses dépêches du dimanche à «descendre» la chaîne qatarie. «Est-il normal que Hassan Rachidi soit traité d'agent de l'Algérie sur un quotidien national privé et sur huit colonnes ?», s'emporte notre interlocuteur.

Quelle suite aura cette nouvelle affaire ? Le dossier étant encore entre les mains du parquet, aucune décision n'a encore été prise dans ce sens. La HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) n'est habilitée en prendre aucune, vu qu'elle n'est tout simplement pas concernée. Autrement, elle aurait pris une décision obligeant la chaîne qatarie à difïuser un démenti. La HACA n'a d'ailleurs pas traité du sujet et ne semble pas près de le faire. «La HACA aurait pu intervenir si elle disposait d'un cahier des charges d'Al Jazeera, mais ce n'est pas le cas», explique une source au sein de cette autorité. Qu'en est-il alors des tractations qui avaient eu lieu, de nouveau, après la décision de l'ANRT, le 6 mai dernier, de retirer à AI Jazeera l'autorisation lui permettant de diffuser son «Journal du Maghreb arabe» depuis Rabat ? «Les contacts ont été interrompus, même si nous cherchions à négocier une issue», affirme une source à Al Jazeera, qui explique que le tout est «sérieusement compromis», après la couverture des événements de Sidi Ifni. C'est d'ailleurs cette couverture retirer leurs accréditations. Les choses avaient empiré lorsque le parquet a décidé de poursuivre deux avocats, Me Zahrach et Me Benhammou, qui s'étaient exprimés sur la même chaîne, l'automne 2006, pour qualifier de «dossier monté de toutes pièces» le démantèlement du réseau Hassan Khattab, plus connu sous l'appellation «Ansar Al Mahdi». Les équipes d'AlJazeera au Maroc restent sur le qui-vive, dans l'attente d'une décision. La dernière «gaffe» aurait suscité, selon nos sources, la colère de l'Etat marocain. Et au plus haut niveau.

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Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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