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Amnesty demande au Maroc une enquête sur la noyade de clandestins

L'affaire des émigrants clandestins noyés au large de Nador continue d'alimenter la polémique.

Il y a une semaine, des survivants du naufrage ont créé un véritable scandale en accusant, sur les colonnes du quotidien espagnol El Pais, des éléments de la Marine royale d'avoir sciemment noyé leur embarcation, en donnant plusieurs coups de couteau au zodiac pneumatique qui les transportait. Bilan final : 28 morts. Le gouvernement marocain s'est ensuite empressé de démentir catégoriquement ces informations, affirmant en substance que «Les éléments de la Marine ont, au contraire, sauvé les naufragés et qu'il n'y aurait eu que 10 morts parmi les clandestins». Un démenti qui ne semble pas avoir convaincu Amnesty International. Depuis son QG londonien, l'organisation des droits de l'homme appelle le gouvernement marocain à lancer une «enquête indépendante et impartiale sur des accusations selon lesquelles des soldats marocains auraient provoqué la noyade d'au moins 28 émigrants clandestins africains fin avril». Dans son communiqué, l'association dit avoir parlé avec des survivants, qui lui ont confirmé les accusations portées à l'encontre des militaires marocains.

«Des rescapés disent que leur canot pneumatique, où 72 d'entre eux étaient montés, a été approché par quatre Marocains membres des forces de sécurité à bord d'un bateau, qui leur ont demandé de s'arrêter. Face à leur refus d'obtempérer, les forces de sécurité marocaines se sont alors approchées de leur embarcation, ont commencé à la secouer, et l'un des membres des forces de sécurité a percé le canot pneumatique à quatre endroits avec un poignard», peut-on lire sur le communiqué d'Amnesty International. Cette dernière exige que les résultats de l'enquête soient rendus publics et que les responsables soient jugés. Mais l'organisation internationale ne se fait pas d'illusions, puisqu'elle souligne que «des enquêtes semblables, ouvertes par Rabat sur la mort par balles de clandestins dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Meliïla en 2005 et au Sahara Occidental en 2007 n'ont toujours pas abouti».

Des sources locales à Nador donnent, aujourd'hui, une nouvelle version des faits. Selon cet acteur associatif qui a, lui aussi, parlé à deux survivants : «Il y avait en fait deux patrouilles de la Marine royale. Selon les témoignages recueillis, une première a effectivement attaqué l'embarcation de fortune alors que la deuxième a tenté de repêcher quelques émigrants tombés dans l'eau. Mais la seconde intervention a été selon toute vraisemblance assez tardive».

Source: Le Soir Echos

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