Menu

Paris et Berlin lancent une politique d'immigration commune

Moins de fastes, mais plus de concret. Pour illustrer leur volonté de sortir des voies classiques des relations franco-allemandes, le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont annoncé, à l'issue du huitième conseil des ministres commun, qui s'est réuni autour du thème de l'intégration, lundi 12 novembre à Berlin, leur volonté de développer une politique d'immigration commune.

Un groupe de travail, auquel participeront les ministères de la justice, de l'intérieur et des affaires étrangères des deux pays, devra faire des propositions d'ici à la prochaine rencontre qui aura lieu à Paris. "Il s'agit de savoir ce qu'on peut faire ensemble en termes de maîtrise des flux migratoires et de lutte contre l'immigration clandestine", a déclaré Mme Merkel.


Après l'élection de M. Sarkozy, Paris et Berlin avaient convenu de modifier la forme de ces consultations gouvernementales instaurées en 2003. Cette fois, l'ensemble du cabinet des ministres des deux pays s'est rendu sur le terrain avant de se réunir à la chancellerie. Parmi les visites les plus marquantes, celle du ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de son homologue allemand, Frank Walter Steinmeier, dans un studio d'enregistrement de musique pop turc, dans le quartier de Neukölln, où ils ont chanté. Au même moment, la chancelière et le président étaient dans une école de Berlin-Ouest pour débattre du thème de l'intégration avec 15 lycéens berlinois. La discussion a mis en avant des différences d'approche. La chancelière a souligné que les "Allemands devaient aussi faire preuve d'ouverture", tandis que le président a expliqué "qu'un étranger doit accepter les lois et la culture du pays d'accueil". Mme Merkel a martelé l'importance de l'apprentissage de la langue, qui constitue l'un des principaux freins à l'intégration outre-Rhin, alors que M. Sarkozy n'a cessé d'évoquer le respect des droits des femmes. Fier des mesures symboliques qu'il a prises en matière d'intégration, le président a rappelé qu'il avait nommé le premier préfet musulman à l'époque où il était ministre de l'intérieur et qu'il avait ouvert le gouvernement à des Français d'origine étrangère. Interpellée sur ce point par les lycéens, Mme Merkel n'a pu que déplorer l'absence de députés d'origine turque dans son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU).

Pour M. Sarkozy, le conseil des ministres a été aussi l'occasion d'un vibrant plaidoyer en faveur de l'amitié franco-allemande : "C'est un choix historique capital, (...) nos deux pays ont décidé de s'aimer et de faire la paix", a-t-il dit lors de la conférence de presse. Une manière pour lui de démentir les tensions entre les deux pays, dont la presse se fait régulièrement l'écho des deux côtés du Rhin. "On peut avoir des désaccords mais ils doivent s'inscrire dans une relation de confiance", a-t-il poursuivi en rappelant que Paris et Berlin étaient parvenus à se mettre d'accord sur le traité européen et la gouvernance d'EADS.

Interrogé sur les mouvements sociaux en France, le président a défendu ses réformes en citant l'Allemagne comme modèle. De son côté, la chancelière, qui devait présider une difficile réunion de coalition dans la soirée, a affirmé qu'elle n'avait pas l'intention de revenir sur les réformes des dernières années et souhaitait "poursuivre ce que nous avons entrepris avec succès".

Cécile Calla
Source: Le Monde

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com