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Et si le futur Premier ministre est issu du PJD ?

Au moment où le champ politique investit l’espace collectif, histoire de «marketer» leurs programmes électoraux afin de glaner des voix, le PJD, en retrait jusqu’à lors, refait surface. Non pas au travers d’annonces fracassantes, mais par le biais de la présentation de leur programme politique. L’occasion de donner de la voix, de hausser le ton et d’entrevoir des perspectives à l’horizon…2007.

Fait rare et unique en son genre, nous assistons, à chaque sortie d’un responsable politique, au «procès» du Premier ministre Driss Jettou. En effet, il serait, selon ses «amis», responsable des déficits sociaux du pays, tant au niveau du logement, de la santé ou encore de l’éducation (piliers d’une nation), qu’au niveau de la croissance, insuffisante, pour répondre aux besoins et aux attentes de la population. Sont-ils frappés d’amnésie ? Messieurs Abbas El Fassi (SG de l’Istiqlal et ministre d’Etat), Mohamed El Yazghi (SG USFP et ministre de l’aménagement du territoire), Mohand Laenser (SG Mouvement Populaire et ministre de l’agriculture et des pêches maritimes), Mustapha Mansouri (SG du Rassemblement des Indépendants et ministre de l’emploi),… Ne faîtes-vous pas parti du gouvernement de Driss Jettou ? Votre attitude à son égard ne vous honore pas. «Les réalisations dites positives, c’est pour nous, le reste, c’est de sa responsabilité». Quelle ingratitude ! Et par-dessus le marché, ils n’ont même pas le courage d’adresser un message au Chef de l’Etat. Si ce n’est de déclarer de manière récurrente que «sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi…».

Pour compléter leur offre politique, ils tentent de…s’unir (et oui) pour, selon les dires de responsables politiques du Parti Justice et Développement (PJD), faire barrage au mouvement conduit par Saâd El Othmani, Secrétaire général du PJD. Comment ? Non pas en jouant sur les peurs ou sur les émotions, leur crédibilité auprès des citoyens est insuffisante, mais en adhérant à la thèse que le refus de gouverner avec le parti islamiste empêchera ces derniers de prendre les commandes du pays. Faut-il en déduire que les partis traditionnels se sentent désarmés face au PJD ? Que les informations dont ils disposent font état d’une victoire «annoncée» et inéluctable du PJD ?

Questionné sur le sujet, Lahcen Daoudi, n°2 du PJD, se montre pondéré et prudent. «Seule l’expression du peuple doit définir la future carte politique. Nous savons que des tractations en tout genre, dont l’objectif est de tenter de réduire au maximum notre audience populaire, se multiplient, ce qui soi dit en passant est anti-démocratique, mais que voulez-vous ? Notre staff, nos équipes et surtout nos militants gardent le cap et la tête froide. Il est hors de question de tomber à un niveau aussi bas». Il ajoute «qu’il est triste et fâcheux de constater que des partis ne sont pas capable de privilégier l’exercice démocratique. Nous en prenons acte.»

Contrairement au scrutin législatif de 2002, le PJD présentera des candidats sur l’ensemble des 95 circonscriptions que compte le pays. A ce jour, le parti islamiste a 41 députés siégeant à la première Chambre du Parlement. Qu’en sera-t-il au soir du 7 septembre prochain? «Nous mettons tout en œuvre pour que nous pussions atteindre un maximum de parlementaires afin de peser de tout notre poids sur l’échiquier politique. Néanmoins, pas de triomphalisme ! Nous respectons trop les électeurs pour cela», poursuit Lahcen Daoudi. Dans l’hypothèse ou le PJD réalise un excellent score, récolte un nombre suffisant de suffrages, que peut-il se passer ? Tout simplement, deux situations. Primo. Le Roi, comme il l’a annoncé à plusieurs reprises de manière officielle, nommera le Premier ministre, en fonction de l’expression des urnes. De facto, le parti qui a remporté le plus de voix se verra «récompenser» par la nomination d’un de ces membres à la Primature. Secundo, ce dernier, fraîchement installé, devra s’attacher à constituer un gouvernement qui, dans la foulée, devra être validé par le Chef de l’Etat. Bien malin, celui qui peut anticiper l’attitude du «pouvoir» devant ce scénario…probable ?

Assistera-t-on à une (demi) surprise lors des élections législatives version 2007 ? Le camp des «anti-PJD» a-t-il suffisamment de ressources pour inverser la vapeur ? Les «pro-PJD» seront-ils convaincre les plus indécis au cours de la dernière ligne droite ? Autant d’interrogations qui laissent planer des doutes, nourries des incertitudes, et entretiennent des…craintes. Verdict, vendredi 7 septembre 2007, certainement tard dans la nuit.

Rachid Hallaouy
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