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Affaire «Al Watan Al An» : l’hebdo arabophone est pris dans la tourmente

La situation du journal Al Watan Al An se complique de jour en jour. En effet, après la garde à vue prononcée à l’encontre du directeur de publication et du rédacteur de l’article, qui a déclenché la réaction, quelque peu tardive (parution vendredi 13 et réaction mardi 17 juillet ?!) de l’appareil sécuritaire, des membres de l’armée (un colonel et autres gradés) ont fait l’objet de convocations, hier, pour répondre à une éventuelle «collaboration étroite» avec l’organe de presse.

De fait, on peut s’interroger quant à la «mise en scène» de cette dite affaire qui prend, au fil des jours, une allure et une tournure politico médiatique. Selon une source bien informée, le titre de presse, dont la «proximité» avec certains «gradés» de l’armée est connue de tous, était dans le collimateur des sécuritaires. Pour preuve, les colonnes de Al Watan livraient régulièrement des «croustillants» liés à la vie quotidienne de militaires du pays et annonçait, en avant première, les nominations de tel ou tel individu.

Si, au lendemain de la «descente» d’officiers de la police secrète, on assistait à de timides réactions, les choses évoluent aujourd’hui. Ainsi, Abdelmounaim Dilami, président de la fédération marocaine des journaux est monté au créneau pour dénoncer la manière dont l’appareil sécuritaire a procédé à l’arrestation des journalistes. Par ailleurs, ce dernier aurait émis le souhait de pouvoir rencontrer ses confrères. Du côté des autorités de tutelle, on demeure ferme. Selon eux, il ne s’agit pas d’une situation liée à la liberté d’expression, mais bien de l’existence d’un réseau où transitaient des informations classées «Top secret». En outre, d’après des bruits de couloirs, les policiers auraient découverts des documents confidentiels, rédigés par les différents services du ministère de l’Intérieur, dans les PC des journalistes.

Alors que certaines personnes déplorent un (nouveau) règlement de compte entre «grands pontes» de l’armée, ils font référence à une haine viscérale entre dirigeants de services secrets, il n’en reste pas moins qu’une interrogation reste posée. Dans quelle mesure la sécurité nationale d’un Etat peut être une limitation légitime à la liberté d’expression et au droit à l’information ? «Il faut savoir que le Maroc a ratifié les Conventions internationales des droits de l’Homme. Ainsi, les principes de Johannesburg, élaborés par des juristes internationaux et adoptés par le comité des droits de l’Homme des Nations Unies, précisent que la protection de la sécurité nationale ne peut pas être utilisée pour obliger un journaliste à délivrer une source confidentielle. De fait, nous appelons à la libération des deux journalistes», déclare Saïd Essoulami, directeur du Centre CMF MENA, spécialisé dans la promotion et la défense de la liberté des médias dans le monde arabe.

Rachid Hallaouy
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