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Le Maroc très en retard en matière de parité au Parlement

Elles ne sont que 35 femmes à siéger au Parlement. Soit seulement 10%. Un quota «ridicule» «imposé» par l’Etat devant la réticence de certains milieux politiques. Amer constat comparativement à ce qui a été réalisé dans d’autres pays.

En Mauritanie voisine, les femmes représentent 21% de l’ensemble des parlementaires. Dans le lointain Rwanda, le Parlement est constitué de 49% de femmes. La plus grande représentation féminine en Afrique et l’une des meilleures dans le monde. En Syrie, elles sont 13% à avoir accédé au Parlement lors des dernières élections législatives (22 et 23 avril 2007).

Le débat organisé, hier mardi, à Casablanca, par l’association 2007 Daba dans la perspective des prochaines échéances électorales n’a pas démérité. Même si certaines interventions n’entraient pas réellement dans l’axe du thème retenu pour cette rencontre, à savoir «femmes parlementaires et l’approche genre», le doigt des «défenseurs» de la cause de la femme est allé directement à la plaie. Alors que les Marocaines sont de plus en plus présentes dans le monde des affaires, sur la scène économique et sociale, sur le champ culturel et sportif, elle demeure «cloisonnée» dans un quota insignifiant de 10% au Parlement. Un pourcentage dont certains partis, malheureusement pas seulement les rétrogrades parmi eux, paraissent fiers de faire figurer sur leurs statuts. Alors qu’en fait, c’est à une véritable parité qu’ils auraient dû appeler, affirmera une participante.

Quoi qu’il en soit, la présence de la femme marocaine dans les institutions et les instances politiques et gouvernementales est encore en deçà de ses potentialités. Une journée durant, les expériences de pays amis ont été passées au peigne fin. Histoire, certainement, de rappeler aux Marocains qu’ils «ne font toujours pas confiance à leurs femmes». Ironique, cette militante de la cause de la femme ira jusqu’à affirmer à L’Economiste que des «rencontres pareilles doivent être organisées au profit des hommes». «Ce sont eux qui doivent comprendre que les femmes représentent un peu plus de 50 % de la population marocaine. Et que rien ne justifie qu’elles ne soient pas considérées comme les égales des hommes ni prendre part à la prise de décision». Comme le stipule la Constitution, ne manquera-t-elle pas d’ajouter. «La question de la représentativité des femmes dans le champ politique met en adéquation plusieurs paramètres: celui qui relève des acteurs en présence porteurs de revendications, celui qui relève du mode de revendication, et enfin, celui qui relève des mécanismes employés pour appliquer ces revendications», soulignera, pour sa part, Noureddine Ayouch, président de 2007 Daba. Il ne ratera pas l’occasion de rappeler que certains «schémas sociopolitiques persistent et font blocus à toutes velléités émancipatrices». Il a aussi formulé l’espoir de «voir la donne évoluer, prétendre à un changement voulu et décidé par les composantes du champ politique et les pouvoirs publics». Le président de 2007 a été presque pris à partie par Nouzha Skalli, parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS) qui faisait un tour par là, question de voir comment cela se passe. Elle a reproché à Ayouch de ne pas avoir invité de parlementaires marocaines à prendre part au débat. Ce qui est vrai tout autant que 2007 Daba a invité des participantes de Syrie, de Mauritanie, de Suède, d’Espagne et de France.

Intervenant au cours du même débat, Yasmina Baddou, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées, a beaucoup plus mis l’accent sur les efforts déployés par le gouvernement pour assurer égalité et équité entre l’homme et la femme. Elle a rappelé alors les différentes actions entreprises par son département dans ce cadre. Yasmina Baddou a annoncé dans son intervention qu’une stratégie nationale pour l’équité et l’égalité entre les sexes par l’intégration de l’approche genre dans les politiques et les programmes de développement a été élaborée. Elle sera rendue publique prochainement, a-t-elle promis. En même temps qu’une charte nationale pour améliorer l’image de la femme dans la presse.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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