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Les banlieues contre “ Sarko” ?!

La “marche des beurs”, banlieusards ou pas, se dirigeant en masse dans les communes de France et de Navarre pour s’inscrire sur les listes électorales ne semble augurer rien de bon pour Nicolas Sarkozy, candidat UMP, aux présidentielles 2007, selon des sources proches du Quai D’Orsay.

En effet, les positions (et propos) de “Sarko” tenues à Argenteuil, en 2005, et l’emploi du mot “karcher” adressé à une habitante qui lui exprimée son “ras-le-bol”devant les caméras de TV, ont semble-t-il dopé une frande de la population jeunes.

Cette situation est prise très au sérieux par le staff de Nicolas Sarkozy. Néanmoins, on peut se montrer quelque peu dubitatif. La création d’un Club dédié “aux minorités visibles”, autrement dit les jeunes issus de l’immigration maghrébine, présidé par Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités Territoriales et Yves Jego, député-maire UMP de Seine et Marne, n’a-t-il pas fait état des revendications exprimées par les “beurs” durant les réunions. Le dernier rendez-vous (officiel) en date, un déjeuner au Palais du Luxembourg (Sénat), programmé en fin d’année, avait réuni une cinquantaine de jeunes élus issus de l’immigration pour débattre des investitures UMP dans le cadre des législatives à venir. Brice Hortefeux déclarait “ qu’en l’absence de politique de quotas, la priorité, comme le veut une règle non écrite, va aux députés sortants. Sauf, si parmi eux, certains trop âgés où ont joué un rôle contraire aux intérêts du parti durant la législature ”.

Signal d’alarme…
prémonitoire


Du coup, tout espoir de bénéficier du label UMP était anéanti car 365 (sur 577) circonscriptions sont détenues par des “ sortants”. Puis, il annonçait que 12 “ circo” sur les 212 restantes (non occupées par l’UMP à l’Assemblée Nationale) leurs seraient réservées L’annonce jetait un froid polaire qui aller glacer les visages des élus de la diversité nationale. Pour défendre sa proposition, Brice Hortefeux arguait que “ c’est plus que le PS qui présentera une vingtaine de candidats, soit 4 % des 450 sièges alors que notre taux est de 6% ? Nous faisons mieux en proportion de 50%” poursuivait-il.

Alors que la conseillère municipale de Seine-Saint-Denis, Najia El Mehdaoui “regrettait que la fédération UMP du département 93 n’ait pas investi plus de candidats issus de l’immigration ”, le débat allait se déplacer pour débattre de l’action politico-médiatique de Nicolas Sarkozy. “Sa politique devient illisible à l’égard des banlieues ”, lâchait Emmanuel Njoh, élu dans le Val-de-Marne, ou encore, “ la situation est devenu très difficile, nous sommes seuls, isolés, face à une population très remontée contre Nicolas Sarkozy dans les quartiers ”. Pour faire baisser la température ambiante et défendre son chef, Brice Hortefeux répliquait par , “il ne faut pas dévier. Nicolas Sarkozy est populaire, il a la simplicité des mots et le courage des actes”.

Autant dire que les signaux envoyés par les jeunes “beurs ” n’ont pas été réceptionnés avec sérieux et attention. Les hommes à “Sarko” n’ont pas accordé d’importance aux requêtes exprimées par ces hommes et ces femmes, élus du Peuple, qui prennent leur engagement au service de la Vème République très à cœur. Ils sont en permanence sur le terrain, aux côtés de ceux qui se sentent, à tort ou à raison, exclus du système, incompris par la société, …

Fidèles à leurs convictions et respectueux des valeurs “ liberté, égalité, fraternité”, ces nouveaux précurseurs de la politique “ autrement ” se retrouvent sur le banc. Malgré tout, ils veulent y croire et ils sont convaincus que les choses ne pourront changer, évoluer, qu’au travers d’un engagement fort et une détermination sans limites.

Si aujourd’hui, l’UMP, se retrouve prise dans la tourmente, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Nicolas Sarkozy et consorts avaient les atouts en main. Qu’elle va être leur stratégie ? Les mots seront-ils assez forts pour soigner les maux ? Il se pourrait que non car le mal semble bien profond. En outre, et le plus inquiétant, résulte dans le fait que les jeunes de l’immigration ne s’identifient forcément pas à Ségolène Royal, candidate PS, laquelle paraît se contenter de surfer sur les écarts de paroles de son concurrent à la course à l’Elysée.

Taux de réussite des “beurs” à l’Assemblée Nationale ?
Si les états majors (UMP, PS, UDF,...) s’agitent pour créer une dynamique auprès des électeurs, les partis traditionnels tentent également de séduire l’électorat composé de jeunes issus de l’immigration magrhébine dont les attentes et les besoins sont nombreux. Pour y répondre, l’UMP a décidé “d’investir” une douzaine de candidats issus des “minorités visibles” et le PS a octroyé 23 circonscriptions aux candidats de “la diversité et du renouvellement” (appellation dédiée aux “beurs” par le parti de la rose) pour le compte des élections législatives 2007.

Cependant, une simulation fait apparaître des résultats peu encourageants. En cas de large victoire du PS, 8 à 10 “beurs” feront leur entrée au Parlement, contre 4 à 7 si d’aventure Ségolène Royal l’emporte par un score très serré. Dans l’hypothèse d’une défaite de la candidate PS, l’étau se resserre, seulement 4 candidats se verraient offrir la possibilité d’intégrer les bancs de l’Assemblée Nationale dont 3 sont basés dans les départements d’Outre Mer.

Quant aux projections “umpistes”, elles n’augurent rien de bon, faute entre autres, du nombre très important de députés sortants (365), ce qui n’est pas à l’avantage des “nouveaux”. Comme le dit l’expression, “la place est trop bonne”.

Rachid Hallaouy
Source: La Nouvelle Tribune

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