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Mais que veut donc l’Algérie?

Un énorme gâteau avec les deux drapeaux, marocain et algérien ensemble ! L’ambassade d’Algérie à Rabat a loué une grande salle pour recevoir ses invités marocains. Etonnement! C’est le sentiment général qui se dégage des déclarations des invités, nombreux, à la réception offerte, mercredi soir à Rabat par l’ambassadeur d’Algérie au Maroc.

Est-ce simplement le style Belkheir (qui passe toujours pour le numéro deux du régime) voulant que les cérémonies d’anniversaire de l’Indépendance algérienne se fassent dans la grande démonstration ou est-ce un signal politique qui est donné? C’est inévitablement la deuxième lecture que font les invités, nombreux, à la fête. Une fête haute en couleurs qui dénote des anciennes réceptions données dans la stricte intimité aux locaux de la résidence diplomatique. Le général-major, qui fut avant sa nomination à Rabat le président du cabinet de Bouteflika, n’a pas lésiné sur les moyens pour marquer les esprits. Un banquet généreux ponctué d’événements aussi inédits que frappants. De grandes affiches meublaient l’espace, s’offrant ainsi aux regards des invités. Des affiches qui retracent naturellement l’épopée de l’indépendance algérienne, mais qui ciblent le soutien du Maroc et de ses monarques dans cette lutte. Le signal appuyé est également fait à l’activisme algérien dans la mythique «Révolution du roi et du peuple», marquant le point culminant du combat des Marocains pour leur liberté. Des faits historiques dont le rappel est loin d’être anodin.

Les faits historiques, dans le contexte de la soirée d’anniversaire, nous mènent à souligner la sortie médiatique du président algérien, Abdelaziz Bouteflika sur le même sujet. Le 7 novembre, depuis la capitale chinoise où il participait au sommet Chine-Afrique, le chef de l’Etat algérien s’est prononcé en faveur de «l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément au plan Baker». Il a enfoncé le clou en désignant la question du Sahara de «problème de décolonisation». Dans ce qui peut être perçu comme un propos contradictoire, mais que beaucoup désignent comme une réponse aux déclarations du Souverain au sujet du Maghreb, Bouteflika a affirmé que son «engagement envers la question sahraouie ne constitue nullement une entrave pour l’édification du Maghreb». S.M. Mohammed VI présentait, dans son discours du 6 novembre, à l’occasion du 31e anniversaire de la Marche Verte, le projet d’autonomie au Sahara sous souveraineté marocaine comme une solution aux dimensions multiples dont celle de préserver l’union et la paix de la région maghrébine. «Nous réaffirmons par cette démarche Notre attachement à l’unité du Maghreb arabe et Notre volonté d’épargner à cet espace, ainsi qu’à la région du Sahel et aux rives méridionale et septentrionale de la Méditerranée, les risques calamiteux de balkanisation et d’instabilité qu’engendrerait l’implantation d’une entité factice», a précisé le Souverain.

Entre la démarche de Larbi Belkeir et celle de son président Abdelaziz Bouteflika, il est légitime de se poser des questions. Est-ce une répartition de rôle ? L’Algérie soufflant le chaud et le froid. Est-ce une divergence de fond entre les deux hommes qui resurgit à la surface ? La nomination en juin 2005 au poste d’ambassadeur à Rabat de Larbi Belkheir, un homme de l’armée qui était autrefois chef de cabinet du président Chadli Benjdid et ministre de l’Intérieur, avait fait l’objet de plusieurs interprétations. Parmi celles-ci, une certaine volonté de ramener le calme dans les relations entre les deux pays voisins. C’est, en tous les cas, cette dernière interprétation que le premier concerné fera entendre dans une première sortie médiatique sur les colonnes du journal français Le Monde (édition du 26 août 2005). «Ma priorité sera d’établir des relations de confiance avec le Maroc et surtout une véritable communication entre les deux pays. Cela fait trop longtemps que nos relations passent par des hauts et des bas. Or, le Maroc est notre voisin et le restera. Nous sommes condamnés à nous entendre», soulignait Belkheir. Reste à savoir si les officiels d’Alger partagent la même conviction.


Une fête chargée de symboles

Le clou de la soirée, en dehors des tableaux folkloriques d’une chorégraphie parfaite, aura donc été ce grand gâteau d’anniversaire. Une pièce symbolique qui représente les deux drapeaux marocain et algérien.
Larbi Belkheir invitera à ses côtés les officiels marocains à couper le gâteau sous le crépitement des flashs des caméras. Il y avait le président de la Première chambre, Abdelouahed Radi et Ahmed Osman, président du Rassemblement national des indépendants (et nul besoin de le souligner, ancien président de la Chambre des représentants). Pour l’histoire, c’est Osman qui était Premier ministre en 1975 et a mené la Marche Verte, de même qu’il était de la délégation présente aux négociations ayant débouché sur l’accord de Madrid sur le Sahara.
L’Accord de Madrid a été conclu le 14 novembre 1975 entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie à la suite de l’avis consultatif rendu par la CIJ le 16 octobre 1975. Ce dernier soulignait l’existence «des liens juridiques d’allégeance entre le Sultan du Maroc et des tribus vivant sur le territoire du Sahara». L’Accord de Madrid signait la fin de la présence espagnole sur le territoire et reconnaissait la légitimité historique du Sahara marocain.

Khadija RIDOUANE
Source : L'Economiste

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