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Kamal Chibli, le trait d'union entre le Maroc et Ségolène Royal !

Large tour d’horizon de la politique française avec Kamal Chibli, assistant du président au Groupe parlementaire du parti socialiste au Sénat et surtout, membre du «staff» de Ségolène Royal.

-Yabiladi : Vous êtes pleinement engagé dans la campagne présidentielle. Qu’est-ce qui vous a poussé à donner autant de votre personne ?
- Kamal Chibli :
Ce qui me pousse à continuer dans cette démarche, c’est de mettre un coup d’arrêt à cette politique sécuritaire, d’exclusion et de libéralisme qui a plongé notre pays dans une grande souffrance. J’ai envie de redonner de l’espoir aux français, de leur montrer qu’un monde meilleur est possible. Je veux contribuer à la réinstallation d’un climat de confiance dans notre territoire. En pensant à l’avenir, je pense aux nouvelles générations et j’ai envi de leur laisser un monde meilleur. Pout toutes ces raisons, dont les responsables sont les politiques de droite menées depuis 2002, je veux m’engager. Je partage cette vision de notre société qui a pour but d’associer nos concitoyens aux décisions qui les concernent. Je pense que de façon générale, il faut que l'on mette le citoyen au centre de nos préoccupations car cela est essentiel pour le maintien de notre démocratie.


- Que pensez-vous de la physionomie de la campagne. Votre candidate semble «patiner» alors que «Sarko» poursuit sa montée en puissance ?
- La campagne évolue tous les jours en fonction de l’actualité. Il n’y a pas si longtemps, c’était Ségolène Royal qui était au devant des projecteurs et les médias la portaient très haut alors que Nicolas Sarkozy lui, subissait la pression concernant le manque de démocratie au sein de son parti. Les différentes tensions entre les Chiraquiens et les Sarkozystes ont montré aussi les difficultés de l’UMP à se rassembler. Bref, tout cela pour vous dire qu’il reste encore 3 mois de campagne, c’est long alors ne nous focalisons pas sur l’actualité des médias. La télévision devrait plus se focaliser sur le fond plutôt que sur des bagarres d’appareils qui ne font que desservir la politique et par définition l’enjeu des présidentielles.


- Néanmoins, force est de reconnaître que Ségolène Royal a du mal à passer la vitesse supérieure, non ?
- Pas du tout. On est au mois de février et les élections se dérouleront le 22 avril 2007, il reste encore 3 mois de campagne. Il ne faut pas bousculer les échéances, il y a un temps pour tout. La démarche qui a été adopté, c’est de consulter d’abord les français sous forme de réunion participative en leur donnant la parole, ce qui dérange certainement l’UMP qui n’a jamais su le développer au sein même de son parti.
Elle a réinventé la façon de faire de la politique, elle a mit les citoyens au cœur du projet. A la mi-février Ségolène Royal annoncera des mesures concrètes qu’elles comptent proposer aux français pour les 5 prochaines années. Alors ne soyons pas impatient et n’essayons pas de "parasiter" sa démarche novatrice.


- Comment expliquez-vous que dans les quartiers, banlieues, la candidate PS ne jouit pas d’une grande côte de popularité ? Face au «tout sauf Sarko», exprimé ici et là, le «tout pour Ségo» n’est pas scandé ?
- Je vous reprends, c’est effectivement un « tout sauf Sarko », autant dans les quartiers populaires que dans les 80% de nouveaux inscrits sur les listes électorales. Mais cela ne veut pas dire qu’ils voteront Ségolène Royal, certes. C’est pour cela que nous avons encore du travail qui nous attend dans les quartiers. Il faut convaincre toutes ces populations que la gauche à des solutions concrètes à proposer à leurs problèmes, qu’elle est là pour mettre les quartiers en mouvement et qu’elle veut valoriser la majorité des personnes et des acteurs qui y vivent.


- Faisant partie de sa «garde rapprochée», ce constat vous alarme-t-il ?
- Ce constat ne m’alarme pas, au contraire il me réconforte dans le sens où les habitants des quartiers populaires ont comprit que Sarkozy n’était pas la solution pour résoudre leurs problèmes et ils font comme moi le bilan de 5 ans d’un gouvernement de droite.
Il y en a assez. Assez de stigmatisation. Assez de provocation. Non, tous les habitants des banlieues ne sont pas des racailles, non la solution n'est pas le Karcher. Assez de renoncement et d'abandon. Car il est bien là le problème. La banlieue a été abandonnée par la droite au pouvoir. Comment vivre sur un territoire où l'on retire les services publics, où l'on laisse partir en lambeau le tissu associatif et économique.


- Peut-on avoir un avant goût sur les pistes de réflexion explorée par la direction de campagne pour convaincre les quartiers?
- Ségolène Royal propose d’utiliser les forces vives des quartiers, cette richesse culturelle et ce lien social. Elle a réaffirmé sa position et ces idées lors du meeting sur la jeunesse à Grenoble le 2 Février dernier. Il faut utiliser nos leaders associatifs, nos jeunes et moins jeunes qui ont envie de bouger dans le bon sens et leur donner un vrai avenir. Voilà la stratégie que nous allons opérer sur ces bassins de vie.


- «Ségo» a annoncé la présentation de son programme le 11 février dernier. Qu’est-ce qui figure au rayon des propositions concrètes pour les jeunes issus de l’immigration ?
- Ségolène Royal ne prône pas la répression pour la répression, elle ne propose pas l’immigration choisie et bien d’autres encore contrairement à M. Sarkozy. Elle propose tout l’inverse, elle dit qu’il faut arrêter de parler de 1ère, 2ème ou de 3ème génération, ils sont tous de France, ils sont simplement français. Elle défend également la diversité comme une force et une richesse pour le territoire. Elle veut faire le combat aux inégalités sociales et aux discriminations de tous genres. Rien n’est plus scandaleux en 2007 que de constater que des jeunes diplômés reviennent dans leurs quartiers sans espoir de travail car ils n’ont pas le prénom qu’il faut. Ils ont fait les mêmes écoles, joué dans les mêmes clubs, eu les mêmes rêves de mômes. Il faut tous ensemble lutter contre toutes ces inégalités et ces discriminations. C’est un combat collectif. Il ne faut plus parler d’intégration car ils sont de France, ils sont simplement français.
N'oublions pas que " la jeunesse black, blanc, beur n'est pas un problème mais une partie de la solution ".


- Dans vos rangs, vous comptez des élus et responsables qui pourrait convaincre les «beurs» à voter PS, je pense à Malek Boutih, ancien président de SOS Racisme, par ailleurs étrangement silencieux….
- Je pense que chacun doit rester à sa place. Moi je connais beaucoup d’élus et des hauts responsables qui font un très gros travail sur le terrain. Ils ne sont certes pas toujours en lumière ou en tête d’affiche du parti, mais ils existent. Ils essaient de faire évoluer les choses dans le bon sens. Vous avez également un bon nombre de candidats aux élections législatives qui sont issus de l’immigration et qui se battent au quotidien pour gagner leurs prochaines échéances. Effectivement vous parlez de Malek Boutih, moi je préfère parler de ces personnes et leur rendrent hommage. Certains ont des parcours exceptionnel et demain, c’est eux qui nous représenterons à l’assemblée nationale.


- Que vous inspire la nomination de Rachida Dati comme porte-parole de Nicolas Sarkozy ?
- Je n’ai pas grand-chose à dire si ce n’est que je suis content pour elle, de plus elle est marocaine. Je pense qu’on a besoin de tout le monde et dans tous les partis même si je trouve dommage qu’une fille de cette qualité et adhéré aux idéaux de Sarkozy.


- Au Maroc, on vit au rythme da la campagne présidentielle française. Si «Sarko» compte des soutiens en haut lieu, il n’en serait pas de même pour «Ségo». Une visite au Royaume est-elle prévue dans son agenda ?
- Avec un groupe d’amis, nous venons de lui faire cette proposition. Elle n’a pas encore répondu favorablement à notre invitation mais nous avons encore de l’espoir pour finaliser ce projet. Ségolène Royal a des soutiens au Maroc, je vous rappelle que le gouvernement actuel est de gauche et à majorité socialiste. J’ai cru comprendre par la presse que les marocains avaient un bon sentiment sur la candidate socialiste. En même temps Sarkozy n’est pas si plébiscité que cela par le peuple marocain, vous me direz au vu de sa volonté d’afficher haut et fort sa politique de l’immigration choisie. Il veut appauvrir ces pays et notamment le Maroc de leurs richesses intellectuelles en choisissant les élites. Et contrairement à Nicolas Sarkozy, le meilleur moyen de lutter contre l’immigration clandestine c’est de donner un vrai avenir aux populations qui vivent dans ces pays. Voila les idées de gauche portées et soutenues par Ségolène Royal et le parti socialiste.


- Pour finir, une question plus personnelle. Quel est le véritable sens de votre engagement politique ?
- Mon engagement politique est basé sur mon histoire, autant sur mes origines que sur mon parcours associatif. Je crois beaucoup à la rencontre et à l’échange qui sont la richesse de notre société. Je privilégie le lien social et le mieux vivre ensemble. Les français ont besoin d’écoute et non qu’on leur fasse peur!
Comme dit Ségolène Royal «la société a changé, le monde a changé, alors la politique doit changer».

Blog de Kamal Chibli : www.kamelchibli.com

Rachid Hallaouy
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