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La RAM lance la ligne Casablanca-Turin

Plus besoin de faire un détour pour le trajet Casablanca-Turin. A partir de cette semaine, il est possible d’effectuer ce voyage en moins de 3 heures et sans escale. En effet, la Royal Air Maroc (RAM) vient de lancer (dimanche 28 mai) cette nouvelle ligne au grand bonheur des MRE, présents en force dans la capitale du Piémont (nord de l’Italie). Cette nouvelle desserte, à raison de deux vols par semaine (mercredi et dimanche), sera renforcée à partir d’avril 2007 par deux autres vols, promettent les responsables de la RAM.

Il faut dire que le potentiel de développement de la destination est prometteur. La RAM transporte d’ores et déjà près de 205.000 passagers de et vers l’Italie chaque année. “Pour nous, il s’agit du deuxième plus important marché, après la France, avec 30% de croissance chaque année” a indiqué Driss Benkirane, directeur du Réseau moyen-courrier à la RAM, lors d’une conférence de presse tenue à Turin conjointement avec les responsables de l’aéroport de la ville.

La nouvelle desserte permet une régionalisation du réseau italien, en créant une offre supplémentaire au départ des régions émettrices à fort potentiel et éviter ainsi la saturation et la dépendance aux aéroports de Rome, Milan et Bologne. La RAM mise également sur le marché africain car, avec ce vol direct, les touristes italiens pourront transiter via Casablanca à destination de pays africains.
“On espère atteindre une fréquence quotidienne”, affirme pour sa part Amine El Farissi, directeur Italie à la RAM. C’est un pari tenable sachant que les immigrés marocains en Italie rentrent au pays en moyenne deux fois par an et que la majorité des tour-opérateurs italiens siège à Turin, poursuit-il.

Selon l’un d’eux, Alfredo Pacicco, administrateur de l’agence de voyage italienne “747”, cette ligne permettra de doubler le nombre de touristes italiens qui se rendent au Maroc. “Pour l’instant, près de 10.000 partent chaque année de Turin”, indique-t-il. Alfredo Pacicco fait par ailleurs partie d’une délégation d’Italiens (une trentaine de journalistes, tour-opérateurs, représentants de la ville…) ayant fait le déplacement au Maroc à l’occasion de ce vol inaugural. Au programme, un séjour de trois jour à Marrakech pour découvrir la destination.

A signaler qu’une campagne publicitaire (affiches, spots radio, flyers…) a été lancée le 15 mai à Turin pour faire connaître cette nouvelle ligne. Résultat, dès son lancement, Casablanca-Turin affiche quasiment complet pour les mois à venir. En témoignent les longues files d’attente devant les postes de check-in au départ de l’aéroport de Turin. Interrogés par L’Economiste, des passagers se sont dits satisfaits de ce premier vol, dont le prix de lancement a été fixé autour de 280 euros (plus de 3.000 DH), relevant toutefois l’insuffisance du poids permis pour chaque passager (20 kg uniquement). A noter que les Marocains de la province de Turin (Torino en italien) sont estimés officiellement à 60.000, sans compter les milliers de sans-papiers qui attendent impatiemment le règlement de leur situation. Il s’agirait de la plus grande concentration de Marocains en Italie. La gauche au pouvoir depuis quelques semaines en Italie (grâce notamment au vote d’immigrés) a promis de régulariser près d’un demi-million de clandestins dans les mois à venir. Ce sera pour septembre prochain, à en croire la rumeur qui court parmi les MRE. Mais à eux seuls, les Marocains dépasseront ce quota.

La majorité d’entre eux (en tous cas ceux en situation régulière) exerce dans le commerce et l’industrie. Réputée pour sa tradition industrielle, Turin abrite en effet les sièges de nombreuses compagnies de renommée internationale telles: Fiat, Iveco ou Alpha Roméo.

Le regroupement familial (relativement récent par rapport à d’autres pays comme la France ou la Belgique) a permis ces dernières années d’agrandir la population marocaine, provenant essentiellement des régions de Khouribga, Oued Zem, Fkih Ben Saleh, Beni Mellal…

Pour le constater de visu, il suffit de faire un tour au fameux marché Porto Palazzo, situé au centre-ville. Haut en couleur, ce souk, réputé être le plus grand d’Europe, attire des visiteurs, qui viennent d’Italie et de France. Il s’agit en fait d’un véritable point de rencontre pour la communauté marocaine, qui y exerce tous types de commerces (une sorte de Derb Ghallef à l’italienne).


Le coup de pouce des Olympiades

Autre l’industrie, la vocation touristique de Turin est indéniable. Avec un centre historique qui remonte à des années avant Jésus-Christ, la ville n’a rien à envier aux grandes capitales européennes. L’influence française est d’ailleurs visible notamment au niveau de l’architecture et du tracé des boulevards rappelant ceux de Paris. Rien d’étonnant, puisque Turin a relevé pendant des siècles du Comté de Savoie. A la fin du XVIIIe siècle, la ville tomba sous la domination française lorsque Napoléon envahit le Piémont et en prit le contrôle, avant de devenir au XIXe siècle la capitale de la nouvelle Italie unifiée. Au chapitre des attractions touristiques, la ville compte pas moins de 40 musées dont le deuxième plus grand musée égyptien après celui du Caire. Celui-ci renferme une collection de plus de 5.000 pièces de l’Egypte antique, cédée au XVIIIe siècle par un égyptologue à un prince turinois.

Le sport fait aussi la gloire de Turin. Celle-ci est rendue célèbre grâce à son fameux Juve (Juventus de Turin), véritable emblème de la ville qui détient le record de championnats de foot en Italie.
Bordée par les Alpes et traversée par le fleuve Pô, Turin est également une destination de choix pour les mordus des sports d’hiver. La ville a d’ailleurs reçu un formidable coup de pouce et de pub grâce aux jeux olympiques de l’hiver qui s’y sont déroulés en février dernier. Pour l’occasion, la ville a été totalement relookée afin d’être digne de ce grand événement. Hôtels, routes, aéroport, terrains de sports … ont bénéficié de cette fièvre de construction. L’aéroport de Turin, dont l’aménagement a coûté 85 millions d’euros, a accueilli pour le seul mois de février plus de 330.000 passagers.

Aziza EL AFFAS
Source : L'Economiste

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