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Textile: Les donneurs d’ordre européens reviennent

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le système de quotas imposé aux produits textiles chinois par l’Union européenne bénéficie à l’industrie marocaine.

«Nous avons constaté un retour en force de grands donneurs d’ordre vers les unités de textile locales et ce, depuis la signature de l’accord de Shangaï le 10 juin entre la Chine et l’UE pour limiter de 8 à 12,5% par an d’ici à 2007 les exportations de textile vers l’Europe», déclare Karim Tazi, directeur général de l’Association marocaine des industries de textile et de l’habillement.

Devant la progression vertigineuse des importations et sous la pression des fabricants européens, l’UE et la Chine ont contingenté 10 catégories de produits.

Ce système, tant décrié par la Foreign trade association (FTA), groupe de pression qui représente les importateurs et les distributeurs européens, «fonctionne bien et permet aux industriels marocains de se positionner à nouveau sur le carnet des commandes européennes», souligne Karim Tazi.

Depuis une semaine, des dizaines de millions d’articles chinois sont bloqués aux portes de l’Europe, car dépassant leur quota. Ce qui provoque la colère des importateurs et distributeurs européens. La tension est à son comble et l’Union européen était en négociation avec la Chine depuis jeudi 25 août pour dénouer la crise.

De ce côté de la Méditerranée, le blocage des produits chinois fait actuellement le bonheur des textiliens marocains.

Mais toutes choses égales par ailleurs, il «ne constitue pas une solution structurelle aux fluctuations de régime du secteur national», note le directeur général de l’Amith.

Ce dernier précise que même si l’Europe ne lâche pas prise devant les pressions de ses opérateurs et maintient le système des quotas, le textile marocain est contraint au changement.

«Il faut accélérer la reconversion du secteur pour se maintenir dans la course», répète à l’envi Karim Tazi. C’est une mise à niveau qui se base, selon lui, sur trois piliers: créativité, réactivité et produits finis. Il n’y a plus d’alternative, si le secteur veut éviter la crise cardiaque.

Cela appelle nécessairement les textiliens au lancement de marques nationales, comme ce fut le cas de l’industrie tunisienne à partir du début des années 90, pour s’imposer sur leurs marchés traditionnels en Europe.

L’Amith encourage dans ce sens la création de plates-formes locales de sous-traitance. Il est des textiliens qui n’ont pas la capacité de reconversion exigée par les changements de tendance. Ils peuvent ainsi travailler pour des donneurs d’ordres locaux aux reins solides.
Karim Tazi donne ainsi l’exemple de Décathlon qui regroupe autour de lui plus de 70 entreprises. La profession a longuement débattu de cette nouvelle stratégie dès le mois de janvier 2005, lorsque les accords multifibres ont été démantelés.

Le marché européen du textile s’était alors totalement ouvert aux produits chinois et la majorité des donneurs d’ordres ont déserté. Les pays les plus touchés par cette hausse vertigineuse des importations chinoises sont les autres fournisseurs de l’Europe, comme le Maroc, la Tunisie, la Turquie ainsi que le Bangladesh.

Le temps est également propice pour maintenir les donneurs d’ordre. La bataille sur les quotas oppose en effet les Etats membres partisans d’un relèvement des plafonds (Allemagne, Pays-Bas, pays nordiques) et ceux qui, comme la France ou l’Italie, veulent freiner les appétits chinois et protéger leurs producteurs.

Autre facteur en faveur du Maroc: la flambée du pétrole presse les tarifs du fret à la hausse, ce qui rend coûteux le transport des marchandises sur les longues distances. «Une nouvelle donne qui rétablit l’avantage proximité», soutient Karim Tazi. Il est convaincu que cette tendance encouragera les importateurs européens à se tourner de nouveau vers leurs voisins méditerranéens. Mais jusqu’à quand?

Source : L'Economiste

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