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Attaques sur le dirham : Vent de panique sur le marché financier

Le marché financier est sous haute tension depuis près de 3 semaines. Les rumeurs sur l’imminence d’une dévaluation n’avaient jamais été aussi fortes. Pour rappel, à la veille de la dernière dévaluation d’avril 2001, la rumeur n’aura pas duré plus de 3 jours!

En l’absence d’un démenti officiel du ministère des Finances, les banques s’étaient jusqu’alors couvertes en achetant massivement des devises. Réaction normale pour éviter de mauvaises surprises en cas de révision de la parité du dirham. Mais se couvrent-elles dans la limite de la réglementation? C’est à cette question que tente actuellement de répondre l’équipe d’inspection de Bank Al-Maghrib dépêchée auprès des banques. Contrôle de routine selon les responsables de la banque centrale, opération unique jamais entreprise depuis la modernisation du marché, selon un responsable de salle des marchés.

Dans tous les cas, une chose est sûre: toutes les institutions de la place ont aujourd’hui une position longue en devises (excédentaire), dans l’attente d’une dévaluation et l’espoir d’engranger des gains. L’on estime à 4 milliards de DH, le montant global détenu par les banques pour leur compte propre et autant pour le compte de leur clientèle. Soit un matelas de 8 milliards de DH en devises. «La rumeur est si forte et persistante qu’il serait hasardeux d’aller à l’encontre de la tendance du marché et de ne pas se couvrir!» reconnaît un intervenant. Les conséquences sur le marché monétaire? Assèchement de la liquidité habituellement abondante et remontée des taux d’intérêt.

Selon la note hebdomadaire de BMCE Capital, les taux jj (au jour le jour) ont plafonné à 5% durant toute la semaine et les interventions de BAM n’ont eu aucun effet sur la régulation du système. Sur plus de 9 milliards demandés au titre de l’avance à 7 jours, la banque centrale a injecté seulement 1 milliard de DH. De quoi conduire le système vers l’impasse. «L’attitude défensive des autorités monétaires conforte les banques dans leurs anticipations et nourrit les tensions sur les différents compartiments», prévient un banquier.

Pour preuve, aucune offre n’a été formulée par les banques lors de la dernière adjudication des bons du Trésor (13 juin). Or, la direction du Trésor vient de porter à la connaissance des investisseurs que le recours au marché des adjudications des valeurs du Trésor au titre du mois de juin 2005 portera sur un montant se situant entre 4,5 et 5 milliards de dirhams. Réussira-t-il à les lever et à quel coût?
Si la tension persiste, elle se traduira par une surchauffe des rendements obligataires à moyen terme et donc un renchérissement de l’endettement du Trésor. Cette fièvre finira par toucher le coût du crédit et freinera le financement de l’économie. C’est exactement l’inverse du but recherché par les autorités monétaires. Sans oublier que les opérateurs devront se couvrir avec des devises de plus en plus chères, un handicap de plus pour leur compétitivité. Le surcoût est à ce jour évalué à 2% (2 pour mille).

Toutefois, la situation actuelle confirme deux aspects: d’une part, l’imbrication des différents compartiments du marché financier et d’autre part, la place prépondérante de la communication dans le comportement des acteurs.
D’ailleurs, le prix des actifs financiers se forme avant tout à partir des nouvelles du marché.


Démenti des Finances

Dans un communiqué diffusé vendredi 10 juin, le ministère des Finances «dément catégoriquement» la rumeur d’une prochaine dévaluation du dirham, soulignant qu’«aucune action sur le taux de change n’est à l’ordre du jour».

Mouna KABLY
Source : L'Economiste

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