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Adil Douiri: «Profitons de l'excédent budgétaire pour notre croissance»

Après s’être élevé contre la privatisation de RAM qui donnerait le pouvoir à l’étranger, voilà que l’Alliance des économistes istiqlaliens lance d’autres idées iconoclastes. Adil Douiri, son président, était l’invité, jeudi 12 février, de l’émission économique Le Club sur Radio Atlantic. Premier cheval de bataille de l’Alliance: l’excédent budgétaire de 2008. «Un excédent en temps de crise est un paradoxe» selon lui.

Il est important d’avoir une marge de manœuvre reconnaît-il, mais il faut l’employer à «accompagner les secteurs en difficulté, soutenir la croissance et la création d’emplois».

Le Maroc se désendette chaque année, rappelle-t-il. «A un moment donné, nous devons nous poser la question: jusqu’où doit-on baisser sa dette? Ne doit-on pas plutôt utiliser notre capacité d’endettement pour développer son économie et créer des emplois», se demande Adil Douiri.

Il y a 15 ans, le Maroc était très endetté. La priorité était donc de se désendetter. «Bien!» dit-il. Mais, aujourd’hui, «ce n’est plus le cas». L’endettement du Trésor représente 45% du PIB à fin 2008, ce qui est largement au-dessous des critères de Maastricht, qui fixe un plafond de 60%. «Nous allons devenir le meilleur élève du critère de Maastricht si nous continuons comme ça», plaisante-t-il.

«Mais nous ne sommes ni la France, ni la Belgique ou les USA. Nous sommes un pays en voie de développement et notre urgence c’est la création d’emplois». L’Alliance préférerait la stabilisation de la dette entre 50 et 60% du PIB. Ce qui donnerait une marge de manœuvre additionnelle de 15 à 30 milliards de DH, calcule l’ancien ministre du Tourisme. Autant d’argent pour fabriquer des emplois productifs et préserver ceux qui sont menacés par la crise.

Selon l’Alliance, dans la conjoncture actuelle, le foncier de l’Etat doit servir d’accélérateur, pour le logement, « dont on connaît les effets induits sur la croissance en entier».

«Mettre plus d’argent pour la mobilisation du foncier public à des prix modiques et construire des logements pour la classe moyenne et la classe défavorisée», telles sont ses priorités. Les capacités de production de logements sont faibles à cause de la gestion trop timide du foncier: «on n’en donne pas assez aux opérateurs».

Les efforts financiers de l’Etat qui sont accomplis pour la production de logements sociaux et en même temps rendre ces quartiers vivables sont insuffisants. L’Etat doit mettre la main à la poche. Cette production de logements et des grands travaux d’infrastructures sont des activités disposant d’effets d’entraînement sur d’autres secteurs comme la santé ou l’éducation. «Ces secteurs très budgétivores ont besoin d’investissements complémentaires, mais il ne faut pas inverser les priorités», ajoute Douiri. Le détail des nouvelles propositions de l’Alliance sera arrêté à l’issue du conseil national qui se réunit ce samedi 14 février.

Source : L'Economiste

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