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Miraculé de la route, il développe des solutions pour la gestion de la circulation

Souvent dans la communauté marocaine à l’étranger, on trouve des cadres, des profils et des scientifiques de haut vol. Bouchaïb Hoummady, qui en fait justement partie, est un personnage déroutant. De prime abord, on croit avoir affaire à un de ces chercheurs excentriques.

Sans doute le côté «inventeur» qui domine chez lui. La démarche quelque peu hésitante, l’homme est toujours à la recherche du mot juste, de l’image forte et du geste adapté, une manière de s’assurer qu’il va transmettre la bonne information et de la meilleure manière qui soit. Du coup, on est loin d’imaginer que, derrière cet homme en apparence installé sur un petit nuage, se cache un redoutable polémiste et un homme d’affaires au flair aiguisé.

Et ce n’est pas un hasard si Bouchaïb Hoummady est à la tête d’une entreprise sollicitée un peu partout dans le monde, de l’Europe à l’Asie en passant par le Maghreb. Son credo est l’ingénierie de trafic ou, plus simplement, les solutions de gestion de circulation automobile dans les villes.

Bouchaïb Hoummady ne sait pas comment il est entré dans ce monde, mais, de toute évidence, le terrible accident de la circulation dont il a été victime en 1977, à Dijon, n’est pas étranger à son choix de faire de la recherche dans le domaine de l’accidentologie, de la sécurité et de l’utilisation des systèmes intelligents dans l’organisation de la circulation routière.

Un coma de 10 jours et une amnésie totale pendant un an
Mais commençons par le commencement. Bouchaïb Hoummady est né en 1956 à Mohammédia. Il est le troisième enfant d’une famille de dix. Son parcours d’écolier et, plus tard, de lycéen, montre qu’il est doué pour les mathématiques. Et c’est tout naturellement qu’après un bac sciences mathématiques, il part pour Dijon, en France, en vue d’y pour poursuivre ses études universitaires.

En 1976, alors qu’il est en deuxième année à la faculté des sciences, sa vie bascule. Bouchaïb Hoummady est victime d’un terrible accident de la circulation. Il sombre dans un coma de dix jours, suivi d’une amnésie totale pendant une année. Après deux années de soins, il retrouve progressivement ses facultés physiques et mentales.
Seul son tempérament coriace et batailleur explique son retour à la fac en 1979. Plutôt qu’à Dijon, il préfère continuer à Besançon et opte pour l’informatique. Il obtient son Deug en 1980 et passe avec succès sa maîtrise deux ans plus tard.

Il entre donc dans la vie active en 1983. Il travaillera successivement dans le secteur du bois puis dans l’automobile. Mais, insatisfait, il décide de concourir pour l’école des Mines de Saint-Etienne. Bouchaïb en sortira ingénieur en 1985.

Pourtant, ce perfectionniste ne s’arrêtera pas en si bon chemin et, après l’intelligence artificielle à laquelle il s’est intéressé de près comme ingénieur, il choisit de travailler sur le traitement d’image et la gestion du trafic routier. Comme pour prendre sa revanche sur le sort. Une belle occasion va s’offrir à lui de mettre en application le savoir académique qu’il a accumulé : parallèlement à la préparation de son doctorat, on lui offre un poste de chargé de recherche au ministère français du transport.

12 brevets déposés en Europe
En 1988, il rejoint une filiale de Sagem qui développe justement des solutions en matière de gestion de flux de circulation, de feux... Il sera responsable d’un département, percevant un salaire mensuel de 5 000 euros. Mais ce n’est pas pour cette raison qu’il restera fidèle au poste pendant 8 ans.

En fait, il développe et mûrit une expertise qui se traduit par la création de sa première entreprise, avec un capital de 40 000 euros, en 1996. Dès 1986, Bouchaïb Hoummady avait d’ailleurs commencé à déposer des brevets. Au total, il en est à 12 brevets protégés à travers l’Europe, dont certains ont été primés.

Dénommée Haute technologie, capteurs, images, systèmes (HCIS), l’entreprise est spécialisée dans la fluidification des flux automobiles dans les agglomérations et le développement des logiciels qui vont avec. «Il s’agit d’offrir des solutions grâce à un concentré d’applications scientifiques pour permettre aux usagers de la voie publique de se mouvoir avec moins de stress.

Mais cela va au-delà car il y a aussi des données économiques et environnementales. Savez-vous que les bouchons de trafic coûtent des milliards de dirhams dans les seules villes de Casablanca et Rabat ? Je travaille sur des produits qui vont non seulement baisser les coûts des bouchons en réduisant la consommation de carburant mais rendre les villes plus propres», explique-t-il.

Notre homme d’affaires est si dynamique qu’il va créer trois autres sociétés, en revendre une, et finira par fusionner les trois restantes pour se recentrer sur sa spécialité de base, en une seule entité qu’il appellera Hoummady Company et qu’il va domicilier à Londres. Pourquoi ce choix ? «La plupart des marchés à prendre sont anglophones et, pour bien travailler, il faut être au bon carrefour», confie-t-il.

Bouchaïb Hoummady ne tarit pas d’éloges sur les solutions qu’il développe. Mais on sent qu’il est convaincu de travailler pour la bonne cause : réduire le gaspillage de carburant, mais aussi le stress des conducteurs et les accidents qui en sont les terribles conséquences.

Il travaille d’ailleurs avec le ministère de l’équipement et du transport sur des solutions qui vont réduire de moitié le nombre d’accident dans les villes marocaines. Des expériences seront d’ailleurs menées dans certaines villes pilotes avant la généralisation des dispositifs .


Mohamed El Maâroufi
Source: La Vie Eco

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