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Pourquoi le trafic aérien interne ne décolle pas au Maroc ?

Le trafic aérien interne aura bientôt droit à une stratégie de développement propre. En attendant, il ne représente que 15% du trafic global et les compagnies sont loin d'en faire une priorité.

Les Marocains ne sont pas très fans des voyages en avion dirait-on. À chaque fois qu'ils peuvent les éviter, ils n'hésitent pas. Autoroute, bateau, train et autocar, tous les moyens sont bons. Seul le transport aérien est boudé. D'ailleurs, l'activité des vols internes a du mal à réaliser son envol, malgré la hausse du nombre de touristes et les nombreux plans de promotion du tourisme interne qui favorisent les déplacements par avion. En 2007, le trafic domestique a enregistré un peu plus de 1,9 million de passagers seulement, soit une faible progression de 2,4% par rapport à 2006. Cela représente un peu plus de 15% du trafic global (en France par exemple, sa part est d'environ 40%). Le trafic international est en plein développement avec 10,2 millions de passagers et une progression de près de 20% en 2007 par rapport à 2006. Ce sont des données qui inquiètent le gouvernement. Karim Ghellab avait même annoncé, il y a quelques semaines, le lancement d'une réflexion sur une stratégie propre au trafic domestique. Ce segment est le parent pauvre du transport aérien. Pas de flotte propre, des vols irréguliers ou annulés à la dernière minute. «Ce sont en général des vols de mise en place», indique un spécialiste. En termes moins savants, il s'agit en quelque sorte de vols de transit, un avion termine ses vols de la journée sur Paris, par exemple, et rentre à Laâyoune pour révision et approvisionnement. Le lendemain, très tôt le matin, il embarque des passagers vers Casablanca avant de reprendre sa navette Casa/ Paris. Souvent, les vols internes sont considérés comme une activité secondaire. Si un avion, en partance vers la France, tombe en panne, l'opérateur n'hésite pas à déprogrammer un vol interne sur Nador pour transporter les voyageurs internationaux. Pour les compagnies aériennes, une telle réaction est logique et consacrée. Mais pour la fiabilité des vols internes, c'est un sacré coup ! Surtout quand le voyageur est obligé de se présenter à 5 h du matin à l'aéroport et qu'il ne trouve pas d'avion pour le conduire à destination. A quoi est dû ce traitement négligent?

Outre l'instabilité du mouvement des vols internes, l'élément prix revient avec insistance. Les tarifs proposés sont encore inaccessibles au Marocain moyen. De plus, l'absence de moyens de transport entre les aéroports et le centre des villes constitue un handicap majeur. Il n'y a que l'aéroport Mohammed-V à Casablanca qui est lié au centre par une ligne ferroviaire. Pour toutes ces raisons, la demande auprès des compagnies aériennes n'est pas encore forte. Deux compagnies opèrent dans le secteur au Maroc, il s'agit de Royal Air Maroc et Régional Airlines. La première a transporté près de 800.000 passagers à bord de vols internes en 2007. Cela représente quelque 16% du trafic annuel de la compagnie nationale qui a transporté en tout près de 5 millions de passagers. Il faut dire que pour le moment, ce petit ratio est tout bénéf pour RAM puisqu'elle n'utilise pas de dispositif spécial pour ces vols. Et si l'on veut voir le verre à moitié plein, on remarquera que cette situation offre un avantage pour le client : tous les vols sont opérés à bord de Boeings et non de petits avions qui effraient beau-coup de clients. Ceci dit, hautes orientations obligent, la compagnie a initié un programme de développement de desserte des provinces du sud et même une tarification réduite de 50% qui se situe, selon les destinations et les périodes, entre 600 et 2.500 DH. Le reste des passagers transportés en 2007 (1,1 million) est réparti entre Régional Airlines et autres vols charters et ponctuels. Les tarifs du concurrent de RAM sont souvent plus bas grâce à sa flotte spéciale composée de Beechcraft 1900 D, d'ATR 42 et de King Air. Ce sont des petits aéronefs à 40 et 70 places dont la gestion est moins lourde.

Ichrak Moubsit
Source: Le Soir Echos

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