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Des produits de contrebande en provenance d’Algérie déferlent sur nos

Anarchique libre-échange !

Entre le Maroc et l’Algérie, un marché unique, toutefois anarchique, est déjà instauré. Si les gouvernements des deux pays tardent à s’entendre, les relations bilatérales laissant encore énormément à désirer, les trafiquants des produits de contrebande ont pris les devants. Un fructueux commerce informel (prémices du libre-échange prévu par le traité de l’Union du Maghreb Arabe ?) vient rappeler aux dirigeants des deux pays qu’en l’absence d’un cadre juridique pour réglementer ces échanges, les trafiquants arrivent très bien à s’en passer.

Récemment, la presse nationale s’est fait l’écho d’un constat de déferlement de produits de contrebande en provenance d’Algérie allant de biens alimentaires aux cigarettes. Il va de soi que les producteurs marocains déloyalement concurrencés sur leur propre marché n’apprécient pas du tout, outre le manque à gagner pour le Trésor public qui ne perçoit aucune taxe sur ces importations illégales. Le pire concerne toutefois la qualité douteuse des produits alimentaires ainsi introduits sur le marché marocain, les éventuels effets néfastes qu’ils peuvent avoir sur la santé des consommateurs et l’absence de recours possible puisqu’il s’agit d’un commerce non-autorisé. Croire que les autorités marocaines peuvent juguler ce trafic est illusoire.

La réputation de passoire des frontières maroco-algériennes, qui longent sur des milliers de kilomètres des zones désertiques, n’est plus à faire. Il n’a pas déjà été possible d’enrayer le flux des migrants clandestins subsahariens qui franchissent ces frontières à pied.

Il est encore moins vraisemblable d’empêcher des autochtones frontaliers de se livrer au juteux trafic de contrebande.

De toute manière, le marché marocain est destiné à une ouverture tous azimuts et les producteurs locaux affrontent depuis des décennies la concurrence déloyale des produits de contrebande provenant des présides occupés de Sebta et Mellilia, produits autrement plus compétitifs que ceux d’Algérie. La véritable menace est de voir le marché marocain envahi de mauvais produits fabriqués en Asie et en Europe l’Est transitant par l’Algérie.

L’économie informelle en Algérie, c’est 15% de la production de ce pays.

A Alger, Oran et Sétif, les commerçants de produits de contrebande ont pignon sur rue. Il faut chercher de longs mois, payer quelque 80.000 dinars (7360 dh) de loyer et verser près de deux ans d’avance pour avoir la chance d’ouvrir boutique au marché « Dubaï » ou « Hamiz », hauts lieux du « trabendo » dans la banlieue de la capitale algérienne. Des islamistes, entre autres, reconvertis après la guerre civile dans ce genre de commerce écoulent toutes sortes de produits en provenance de Chine, de Corée, de Turquie, de Syrie et d’Europe de l’Est et transitant par Dubaï et Marseille. Vaisselles, jouets, produits électro-ménagers, couvertures... toute une camelote bon marché trouve preneurs aux quatre coins d’Algérie, pays dont l’économie est livrée aux forces obscures d’un libéralisme mal compris et mal entamé.

Le Maroc et l’Algérie, n’en déplaise aux contempteurs de l’UMA, sont condamnés à s’entendre. Il y va de la stabilité politique de la région, mais aussi et surtout de sa survie économique. Le terme survie est utilisé à escient, car c’est essentiellement de cela qu’il s’agit désormais. La mondialisation accélérée des marchés et l’insignifiance du poids économique et commercial des pays de l’ensemble maghrébin à l’échelle planétaire font que seuls quelques politiques attardés continuent de clamer (dans le vide) que l’unité du Maghreb fera la prospérité des peuples. Si ces derniers arrivent à s’en sortir décemment, et ce, à condition que leurs dirigeants s’y mettent d’urgence et sérieusement, ils pourront s’estimer heureux. Sinon, les pays du Maghreb serviront de décharge aux (mauvais) produits fabriqués ailleurs pendant que leurs peuples végètent dans la misère.

Le Maroc a fait un grand pas dans le bon sens en décidant d’ouvrir ses frontières aux voisins algériens.

Les trafiquants de contrebande seraient-ils de meilleurs maghrébins que certains dirigeants politiques de la région plus soucieux de leurs prestige et intérêts personnels que du bien-être de leur peuple ?

Ahmed NAJI
Source: L'Opinion

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