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Le Maroc s'apprête à privatiser 100.000 hectares de terres agricoles

L'Etat marocain a lancé vendredi un premier appel d'offres international pour la privatisation de 56.000 ha de son domaine agricole, a-t-on appris de sources gouvernementales. Une seconde vague de privatisation de 40.000 hectares est prévue en 2005.

Les terrains agricoles concernés étaient jusque-là gérés depuis le début des années 70, par deux sociétés publiques, la Sodea (Société de développement agricole) et la Sogeta (Société de gestion des terres agricoles), qui connaissent un déficit chronique. Fin 2003, leur dette est estimée à près de 2,5 milliards dirhams (240 millions d'euros).

Au total, 205 lots, représentant une surface de 56.500 ha, sont proposés à des investisseurs privés marocains mais aussi étrangers. Les terres se situent pour l'essentiel entre Kénitra et Asilah (nord-ouest), dans les régions de Fès-Meknès (centre), de Berkane-Oujda (nord-est) et d'Agadir (sud-ouest).

»Il ne s'agit pas d'un abandon de l'Etat», a affirmé vendredi à l'Associated Press, Mohand Laenser, le ministre marocain de l'Agriculture, «mais l'Etat souhaite se retirer de la production directe, et attirer quelques locomotives pour développer lexploitation de ses terres».

Une fois désignés, les investisseurs se verront remettre une concession d'exploitation pour une durée de 17 à 40 ans, et devront s'acquitter d'un loyer annuel compris dans une fourchette de 135 à 360 euros, en fonction des lots acquis et du type de culture. Les recettes de cette opération devraient atteindre 180 millions d'euros.

Ouvert aux investisseurs étrangers, cet appel d'offres devrait notamment intéresser des opérateurs agricoles français, espagnol et italiens. Dénonçant les réunions préparatoires déjà organisées avec des investisseurs espagnols, le quotidien «Aujourd'hui le Maroc» s'interroge sur un éventuel «délit d'initiés» favorable aux opérateurs étrangers.

La propriété foncière agricole reste un sujet sensible au Maroc après l'épisode manqué de «la marocanisation» du domaine agricole, décidée au début des années 70 pour récupérer les terres annexées par les anciens colons français.

De nombreux experts économiques soulignent pourtant «l'urgence» d'une profonde réforme de l'agriculture marocaine à quelques mois de l'entrée en vigueur d'un accord de libre-échange conclu avec les Etats-Unis.

Le Premier ministre Driss Jettou a annoncé le 7 octobre le lancement d'un vaste plan d'investissement de 100 millions d'euros pour moderniser le secteur agricole marocain, encore largement sous-mécanisé et extensif, pour affronter la «déferlante» américaine, notamment annoncée dans la filière céréalière.

Source : Associated Press

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