Café-théatre : Jamel ouvre son Comedy Club à Paris

Depuis deux ans, la troupe fondée par l'humoriste et comédien se produisait sur Canal+. Le spectacle au Casino de Paris, en 2007 (édité en DVD par TF1 vidéo), après une tournée en France, avait été un succès.

La joyeuse bande qui semble un Petit Théâtre de Bouvard aux couleurs de la France métissée (black, beur, asiatique) de 2008, mais en beaucoup plus irrévérencieux, a donc un terrain de jeu tout neuf. Décor élégant, mi-Philippe Starck, mi-Jacques Garcia, mi-lounge, mi-bistrot, le lieu est promis à être un terrain d'expérimentation pour jeunes "comiques", comme il est dit très généralement de ce rôle d'amuseur public au talent plus ou moins grinçant, vocable que réfute Guy Bedos, préférant celui de "satiriste" ou, tout simplement, de "comédien".

LE VERDICT DU RIRE

Mais la bande à Debbouze revendique le patronage américain du rôle de "comedian". Ces langues bien pendues ne font pas des "sketchs" - comme il est dit dans les pays francophones et non dans les contrées anglo-saxonnes -, mais des monologues faussement (ou en partie) improvisés en relation avec l'actualité, la politique et les grands thèmes de société. Les plus connus, chez les "Blancs" américains, sont John Stewart (l'un des meilleurs présentateurs de la cérémonie des Oscars) ou la très explosive Kathy Griffin, inconnue en France.

Pour la bande colorée de Jamel, les modèles sont plutôt à chercher du côté des Africains-Américains Richard Pryor (mort en 2005) ou Chris Rock (qui présentait les Oscars en 2005), adeptes du grinçant et du "limite". La référence au trop mal-pensant Dieudonné est évitée même si aucun d'entre eux ne se prive de vannes interethniques qui, sorties du cercle multicommunautaire, seraient probablement irrecevables.

Des "stars" se sont vite distinguées, notamment Thomas Ngijol, d'origine africaine, et Fabrice Eboué, Antillais. Vite repérés par le public et la télévision (le premier intervient sur le plateau de Michel Denisot, sur Canal+ ; l'autre est modérateur-pertubateur chez Marc-Olivier Fogiel sur M6), ils sont souvent vifs, drôles (Ngijol l'est davantage sur scène que chez Denisot) et ravageurs. Ce sont d'ailleurs eux deux que le Comedy Club promeut d'abord.

Le club sera aussi un terrain d'expérimentation pour une nouvelle génération de jeunes gens qui viendront essayer leurs numéros et affiner leur tchatche au cours de "sessions ouvertes". Le verdict du rire des spectateurs est l'un des plus redoutables qui soient. Des têtes sortiront du lot, d'autres tomberont sous le couperet d'un lourd silence...