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Cinéma: Entretien avec Jilali Ferhati, réalisateur de Mémoire en détention

3 questions à Jilali Ferhati (Réalisateur de Mémoire en détention)

Votre dernier film parle des années de plomb à travers un personnage amnésique. Est-ce une invitation à tout oublier ?

L’idée me hante depuis 7 ans. Je voulais faire un film sur un personnage qui ne se souvient de rien, mais je ne savais pas encore ce qu’il devait oublier. Puis m’est venue de mettre en scène l’idée d’une ex-victime qui veut tourner la page. J’ai voulu faire passer le poids du passé par l’émotion, sans discours. C’est plus la mémoire du corps que celle des mots qui prime là dedans.


Ne vous reconnaissez-vous pas dans les films réalistes effectués sur cette période sombre ?

A chacun sa démarche, sa façon de réécrire le passé. Personnellement, j’avais peur de la confrontation. N’ayant pas vécu cette souffrance dans ma chair, j’aurais du mal à la restituer. Et puis, par pudeur, je ne voulais pas trop rappeler les choses à ceux qui en ont souffert. En plus, la suggestion peut avoir un effet émotionnellement plus fort sur le spectateur.


Quels souvenirs personnels gardez-vous de ces années là ?

J’étais à Paris entre 68 et 78. Je venais au Maroc et j’avais bien sûr des amis qui en avaient pâti. Ce que j’en garde comme souvenir est incarné par ce jeune, dans le film, qui représente une deuxième génération sacrifiée. Il est, comme le vieux amnésique, à la recherche de son passé parce qu’il en a été privé.

Source : TelQuel

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