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Du nord de la France au Sud marocain : Limpide simplicité

Du nord de la France au Sud marocain, Nordine (Roschdy Zem), accomplit seul le voyage pour conduire la dépouille de son père jusqu'à sa dernière demeure, le cimetière de son village natal, où il voulait reposer. Geste de piété filiale qui donne à Tenja sa ligne mélodique, grave et pure, enrichie au fil des séquences d'harmoniques multiples et secrètes.


Si pour le père défunt, ancien mineur émigré dans les années 50 ou 60, ce dernier voyage est un retour auquel il n'avait jamais cessé d'aspirer, pour le fils, qui ne connaît que la France, c'est un aller vers des horizons étrangers et des souvenirs plus anciens que lui-même. Son arrivée à Tanger, avec les formalités administratives, son usage d'un arabe francisé, souligne le décalage de Nordine avec la réalité marocaine. Mais au fur et à mesure qu'il va s'enfoncer vers le Sud, à bord d'une petite camionnette de location, on le voit s'apprivoiser avec le pays de son père, entrer dans son histoire. Entre le vivant et le mort s'instaure un dialogue mystérieux nourri par l'air, la nature, le thé à la menthe, les musiques, les rencontres. A Tanger, Nordine croise d'abord Mimoun, employé des pompes funèbres un peu fou, dont la poésie adoucit le rude premier contact avec le Maroc. Sur la route, il recueille une jeune femme, Nora (Aure Attika), qui vient d'être violemment larguée par un homme. Elle l'accompagne vers l'Atlas, et sa présence fait le lien entre la société marocaine d'aujourd'hui et celle d'autrefois, qu'ils atteignent dans le hameau berbère déserté où vit encore une poignée de bergers.


Avec des sensations légères, une poésie allusive pleine de douceur et de pudeur, Hassan Legzouli, dans ce beau premier film, conjugue le présent et le passé, et surtout, insensiblement, dépouille et purifie Nordine. Il ne remonte pas seulement vers ses origines. Il entre dans l'essentiel, si parfaitement gardé et transmis dans les gestes des bergers, dispensant aux vivants et au mort leur hospitalité religieuse, avec une tranquille simplicité.

Source: Le Figaro

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