Hier, jeudi 15 mars, un sit-in a été organisé devant le tribunal de Larache. 300 personnes y ont pris part notamment des membres de la famille d’Amina pour dénoncer la mort de la jeune fille. Demain, samedi 16 mars, un autre sit-in est organisé devant le siège du parlement à Rabat avec la participation de plusieurs associations de protection des femmes. Un sit-in qui promet de rassembler beaucoup plus de monde. «Plus de 200 personnes ont déjà confirmé leur présence au rassemblement via notre page Facebook. Des personnalités comme l’actrice Latéfa Ahrare et la chanteuse Oum devraient également se joindre au sit-in», explique Majdouline Yazidi, fondatrice du mouvement Woman Shoufouch qui a lancé l’idée de ce sit-in. Mais cette dernière se dit en colère. «Je ne comprends pas pourquoi on ne réagit que maintenant. Pourtant les associations parlent de cette loi depuis des années. Il a fallu attendre la mort de cette jeune fille pour que tout le monde se réveille», lance-t-elle d’un ton ferme.
Incompréhension
Ce drame a révolté les lecteurs de Yabiladi qui n’ont pas hésité à manifester leur stupeur et incompréhension sur le site.
«C'est affreux ! Les responsables de ce drame sont non seulement la famille qui a accepté et arranger ce mariage et la justice qui l’a autorisé et qui a permis à un criminel d’échapper à la prison», «Ce type [le violeur] mérite la mort !», «Je crois savoir que cette loi existe aussi en Afghanistan. Cela me met hors de moi.» «C'est malheureux ! C’est ça notre Maroc et il faut agir pour changer les choses et rendre la dignité à la femme marocaine.» «Je ne savais même pas qu'une loi comme ça pouvait exister je suis sous le choc, c'est scandaleux ! Etre victime ne suffisait pas. Etre abusée et en plus s'unir a son bourreau.» «Si ma fille se fait violer, je massacre le violeur et toute sa famille, je les découpe et j'offre leur corps à des chiens enragés.», déclarent certains lecteurs de Yabiladi.
Le gouvernement marocain a également condamné ce drame. D’ailleurs, il a largement consacré sa réunion hebdomadaire d’hier à l'examen de ce dossier, souligne l’AFP.
«Cette fille a été violée deux fois, la dernière quand elle a été mariée (…) Il faut étudier d'une manière approfondie cette situation avec la possibilité d'aggraver les peines dans le cadre d'une réforme de l'article (475 du code pénal, NDLR). Nous ne pouvons pas ignorer ce drame», a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication Mustapha El Khalfi.
Des commentaires... islamophobes
A l’étranger, les médias français, espagnols, américains, canadiens, chrétiens ou people évoquent tous cette affaire sur leur site, suscitant ainsi l’émotion chez les lecteurs. Le Figaro par exemple a publié ce vendredi un article revenant sur le drame et plus de 370 réactions ont été postées sur le site du quotidien français, des commentaires qui n’hésitent pas à critiquer fermement la loi marocaine et l’Islam.
«Encore un bel exemple de ce qui se fait de mieux dans les pays islamiques... bravo bel exemple, et on trouvera encore des internautes pour expliquer que ce n'est pas tout à fait ça, que cela n'a rien à voir avec le Coran....et blablabla...», «Le maroc choqué. Tu parles! Ils ne sont pas choqués! Sils étaient choqués, ils auraient déjà changé la loi ! Ils la découvrent par cette loi immonde. Ils l'ont ecrite et combien l'ont approuvée et défendue? «Que de progrès encore à faire dans le monde musulman.». L’article a été également relayé sur Yahoo Actualité. Les commentaires flirtent avec l’islamophobie, de quoi réjouir Claude Guéant ou Marine Le Pen en pleine campagne présidentielle.
«Je me demande ce qu’ont les musulmans dans la tête. Comment peut-on se comporter ainsi avec une enfant de 16 ans. Je suis vraiment navrée pour elle.», «Toutes les civilisations ne se valent pas, c'est évident», «Arrêtez avec vos " dans le coran, c'est dit ce n’est pas dit". On s'en fiche ! Soyez humains! On ne vit pas selon les règles de livres désuets mais selon des règles de vie en société. Si la loi du Maroc oblige les filles violées á épouser leurs agresseurs, et bien le Maroc est un pays sous développé», «Quel joli pays que le Maroc ! Et ensuite, on vient recevoir des lecons de morale des musulmans de France, sur notre prétendue "intolérance" De qui se fichent-ils ? Que tous ces gens aillent balayer devant leur porte avant de venir cracher dans la soupe !»