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Grand Angle

Aziza Lamrani : Une femme au service des autres

Aziza Lamrani est conseillère municipale à Lespinasse, en région toulousaine. Franco-marocaine, elle est aussi active u Maroc par le biais de son association grandir Grandir à Ait Ihya Ou Alla.

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Aziza Lamrani a une façon très simple, presque naïve de présenter les choses «le social, c’est dans les gènes !» A l’image de ses actes. Lorsqu’elle va visiter, avec le consul du Maroc à Toulouse, le foyer EHPAD de personnes âgées, qui compte un grand nombre de retraités anciens immigrés, elle propose son aide. «Oh simplement ! Rien d’extraordinaire ; je les ai amenés faire leurs courses en voiture».

Esprit pratique, avant tout, actif, engagé. Présidente de l’association grandir à Aït Ihya Ou Alla, Aziza Lamrani, conseillère municipale de Castelnau d’Estrefonds, près de Toulouse, est franco-marocaine. A 41 ans, elle est une belle femme au sourire sincère. Brune aux yeux verts - héritées de sa grand-mère et grande fierté familiale - et des pommettes saillantes, son physique la laisse naviguer entre ses deux pays, sans l’assigner à résidence. En France et au Maroc, elle multiplie, depuis un peu plus de 5 ans, les engagements politiques et sociaux, «pour les sourires», dit-elle. Cette année, elle a reçu les honneurs du Maroc : invitée à la fête du trône, ce n’est pas rien !

Le 20 octobre elle a programmé son prochain voyage à Aït Ihya Ou Alla, petit village proche d’Azrou, dans les montagnes de l’Atlas marocain. C’est le troisième depuis 2005, et la création de son association. Elle même n’y a as grandi très longtemps. «Je suis partie en 1975 avec ma mère pour rejoindre mon père qui était déjà installé dans la région toulousaine, à Castelnau d’Estrefonds. J’avais 5 ans», raconte Aziza. Elle grandira donc dans ce petit village français au milieu de 4 soeurs et 4 frères. Son père est manoeuvre il travaille sur les chantiers, comme maçon et dans les espaces verts, notamment. Sa mère, aide soignante, abandonne son métier en arrivant en France pour s’occuper de cette grande famille. «Elle a trimé. Ma plus jeune soeur avait 5 ans quand mon père est mort», se rappelle Aziza.

La suite ? Un parcours sans originalité, selon elle. Adulte, elle devient hôtesse dans l’évènementiel avant d’être conseillère en vente pour un laboratoire cosmétique allemand. Elle l’indique rapidement, comme si c’était accessoire. Un mariage, des enfants, et puis, il y a 20 ans, le décès de son père la fait revenir à ses racines. « J’ai rencontré les gens de mon village j’ai parlé avec eux. Ce fut le début d’un engagement qui se concrétise peu à peu, entre la France et le Maroc.

La création de l’association de solidarité avec les habitants de son village, en 2005, marque un tournant. Fauteuils roulants, matériels scolaires, livres ... Elle apporte autant que possible en fonction des besoins sur place. Par exemple, cette fois, «nous allons amener des radiateurs pour l’école. En hiver, il fait très froid et elle compte seulement un petit poêle à bois», détaille la président de l’association. Elle mesure, un peu surprise, à quel point les gens qu’elle rencontre en France font preuve de solidarité. «Non seulement ils donnent volontiers, mais ils m’appellent d’eux-mêmes pour me donner des affaires», insiste Aziza.

«En dehors de mon association, je faisais pas mal de choses dans la commune», souligne Aziza, pour expliquer qu’un beau jour de 2008, Bernard Sancé, «enfant du village», l’a contacté. «Il voulait que je sois sur sa liste pour l’élection municipale. Au début j’ai demandé si c’était parce que j’étais maghrébine», avoue-t-elle. A la première assemblée, elle rencontre les autres membres et ses craintes sont balayées. Elle se décide, «les gens étaient sympas, alors je me suis dit : je me lance !», raconte Aziza avec un immense sourire; comme si tout était aussi simple.

Si elle n’a, depuis, jamais eu le sentiment d’être considérée comme «la maghrébine de service», son origine a ussi eu son utilité : grâce à son élection, les familles maghrébines de Lespinasse approchent la mairie avec moins d’hésitation. «Elles ont tendance à me contacter plus facilement que d’autres élus, mais le fait que nous soyons directement voisines est une raison supplémentaire», insiste Aziza Lamrani.

Son action, locale d’abord, prend de l’ampleur. Là encore, son origine, loin de la desservir, lui donne sinon une légitimité à aborder certains problèmes, du moins une connaissance dépourvue d’idées préconçues. Elle travaille de plus en plus avec le consul général du Maroc à Toulouse, Abdellah Bidoud : visite du foyer de personnes âgées avec le consul, mais aussi actions culturelles. «J’ai organisé un défilé de caftan, l’an dernier, dans le cadre du festival du Maroc à Toulouse », détaille Aziza. Dernièrement, le consul l’a mandatée à Bruxelles pour visiter le centre culturel marocain. «A Toulouse, nous voudrions en faire un aussi», annonce Aziza.

Citoyenne et élue active en France, elle a été remarquée au Maroc. «J’ai participé au raid des Marocains du monde, en 2010, au sud, dans le Sahara», raconte-t-elle. La septième édition du Raid des Marocains du monde s’est déroulée du 14 au 21 juillet 2010. Aziza Lamrani était l’une des 60 élus d’origine marocaine invités pour l’occasion à découvrir la région. Volonté de mobiliser les portes voix du Maroc que peuvent être les MRE pour la cause de l’intégrité territoriale du Maroc ? «Non, je pense qu’il s’agissait plus de nous mobiliser sur la cause sociale pour le développement de ces régions», estime Aziza.

Elle prévoit de poursuivre son action au Maroc, à Aït Ihya Ou Alla par le biais de l’association, «j’ai été choquée de voir qu’il y avait des enfants presque abandonnés qui vivaient dans les rues. Lors du prochain voyage, en octobre, c’est une question que j’ai l’intention de soulever», prévoit-elle. Pour autant, si le Maroc empreint nombre de ses actions, y compris en France, elle reste «Française avant tout» ; pas question de venir vivre au Maroc, même si elle s’y rend de plus en plus fréquemment.

En France, elle s’est faite une belle place et souhaite faire plus encore. La politique ne lui fait pas peur. «Un ami m’a demandé pourquoi je ne rendrais pas ma carte au Parti socialiste. Pour lui, ce que je fais à Lespinasse c’est bien de la politique. Alors, oui, je vais la prendre», explique-telle, très simplement. Encartée, elle est prête, sans vouloir s’imposer, à saisir toutes les opportunités qui se présenteront. «Conseillère ou adjointe à la mairie de Toulouse ? Ce serait bien ! Toulouse est plus grande, il y a des cités, il y aurait plus de travail dans le secteur social que dans une petite ville.» A bon entendeur ...

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