A 13h, dimanche 19 février, ils sont tout au plus un millier à fouler la place Mohamed V de Casablanca, en face de la wilaya. Pendant, un an, ils ont organisé des manifestations chaque dimanche. Aujourd'hui, le premier anniversaire a un goût amer pour les membres du Mouvement du 20 février. «Il y a beaucoup moins de monde, la mobilisation a faibli», reconnait Saïda Metlaoui. Directrice d'une école maternelle à Casablanca, elle soutient le M20 et reste optimiste : «tous les mouvements connaissent ce genre de passage, c'est une étape à franchir.»
Parmi les gens rassemblés, Tahar Mahfoudi distribue des tracts pour appeler à participer à une réunion d'une association d'anciens détenus politiques. Lui-même affirme en être un. «Je suis déçu, c'est sur. Beaucoup de partis de gauche et de syndicats sont absents», remarque-t-il. L'absence de la force de rassemblement qu'était Al Adl Wal Ihssane ? «Tant mieux si les laïcs sont les plus présents, cela évite la confusion des genres», estime-t-il. «Une confusion des genres» entretenue une année durant jusqu'à la sortie des membres de Al Adl Wal Ihssane du M20, le 18 décembre. «Je crois que l'on devrait réfléchir à autre chose, à une autre façon d'agir, de mobiliser», analyse-t-il.
La coordination casablancaise a tenté d'innover un peu aujourd'hui. Plutôt qu'une marche, elle a organisé un sitting sur la place : une dizaine de tentes ont été installées, hier, en fin d'après midi et plusieurs membres du M20 y ont passé la nuit. «Nous avons pu rester sans problème. Il y a simplement eu une petit accrochage, cette nuit, avec un policier lorsque nous avons voulu taguer les blocs en béton qui séparent la route de la voie de tramway», explique Hussni, membre du comité media de la coordination casablancaise.
Aujourd'hui, en début d'après midi, les manifestants ont commencé à former des cercles où chacun d'eux peut venir exprimer son analyse de la situation, ses revendications, sa colère ... «Je suis venue d'Oujda et j'ai entammé la discussion dans ce cercle, explique Amine Mohamed El Mabtar, nous essayons d'expliquer ce qu'est vraiment le Mouvement aux citoyens et nous nommons ces visages familiers qui nous volent nos richesses.»
Après un discours plus formel vers 16h, tous les manifestants ont prévu de quitter la place à 18h, «sauf si nous sommes très nombreux», lance Amine Mohamed. La coordination espère continuer à rassembler cette après-midi car «les Marocains sortent après manger», plaisante Hussni. Toutefois, l'absence de tout policier positionné de façon visible autour de la place est révélatrice : ils ne croient pas que le Mouvement puisse encore rassembler.