«On est en pleine hystérie nationale. Le gouvernement est prêt à déclencher une guerre civile en France pour rester au pouvoir sans rendre des comptes de son bilan», déclare à Yabiladi Yasser Louati, porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Il réagit ainsi à l’actualité de ces dernières semaines autour des musulmans de France, avec notamment les déclarations de la ministre des Familles, de l’Enfance et du droit des Femmes, Laurence Rossignol. Commentant sur RMC la semaine dernière la stratégie des grandes marques de mettre sur le marché des vêtements respectant les codes vestimentaires musulmans, elle a comparé les femmes musulmanes voilées aux «nègres» durant l’esclavage.
L’ordre des priorités du gouvernement en question
Alors que ces propos ont choqué au plus haut point Français musulmans et non musulmans, la polémique n’avait pas eu le temps de s’estomper que des voix sont venues appuyer le discours de la ministre. L’une d’elle, qui a autant outré, est celle de la philosophe et femme d’affaires Elizabeth Badinter. Dans une interview accordée au Monde et publiée le 2 avril, elle affirme que le port du voile s’est rependu chez les «filles des quartiers» en raison de la «montée de la pression islamique». Elle a été très critiquée en raison de ses relations capitalistiques avec Publicis qui gère l'image de l’Arabie Saoudite. En revanche, son entretien a été particulièrement apprécié par le chef du gouvernement, Manuel Valls, qu’il a d’ailleurs relayé sur Twitter.
Lundi, c’est le locataire de Matignon, en personne, qui suscitait la controverse en déclarant que le salafisme est «en train de gagner la bataille idéologique et culturelle dans l’islam de France». «Le pays va mal, le chômage est revenu à son niveau de 1997 et le premier ministre trouve que la priorité c’est les musulmans, l’islam, le voile… la bataille culturelle identitaire !», s’insurge le porte-parole du CCIF.
«Harcèlement psychologique» des musulmans
Cette série de sorties médiatiques «choquantes» -à laquelle il faut rajouter celle de l’homme d’affaires Pierre Bergé au sujet de la mode islamique- ravive les passions au moment où l'on assite à une recrudescence sans précédent d’actes islamophobes en France. «Trop c’est trop», s’insurge Yasser Louati, exprimant un «ras-le-bol généralisé» au sein de la communauté musulmane.
Certes le CCIF se dit «ravi» du rétropédalage du président François Hollande sur la question de la déchéance de la nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, mais estime que le «mal a tout de même été fait». «Ils ont réussi à faire accepter aux gens qu’il y aurait deux types de Français», regrette le porte-parole du Collectif qui dénonce un «harcèlement psychologique» dont sont victimes les musulmans «tous les jours».
Moralement parlant selon l’ONG, la vie est devenue difficile pour les musulmans de France. «On reçoit plein de messages au quotidien, les gens n’en peuvent plus. On craint vraiment pour l’avenir des Français de confession musulmane, car il n'y a aucun signe d’apaisement», alerte M. Louati, réitérant l’appel du CCIF au gouvernement à travailler de concert pour lutter contre l’islamophobie et défendre le vivre ensemble en France. «C’est en cela que la devise de notre pays – Liberté, Egalité, Fraternité- prendra tout son sens», conclut-il.
La radicalisation de Manuel Valls#TousUnisContreLaHaineDuGouvernement
Posté par CCIF (Collectif Contre l'Islamophobie en France) sur jeudi 7 avril 2016