Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a lancé ce jeudi 31 mars un appel aux plaintes contre les propos de Laurence Rossignol pour «toutes les personnes se sentant visées», indique un communiqué officiel. De passage sur RMC hier, la ministre des Familles, de l’Enfance et du droit des Femmes a comparé les musulmanes voilées aux «nègres» durant l’esclavage. Très vite, sa sortie médiatique choquante a fait le tour de la Toile suscitant de nombreuses critiques.
Pour sa part, le CCIF dénonce une double stigmatisation des minorités noire et musulmane. «Ces propos ne pourraient être interprétés comme une énième maladresse sans conséquences. Quand une ministre s'exprime dans l'exercice de ses fonctions, on ne parle ni de "dérapage" ni de "gaffe", mais de responsabilité politique, pleine et entière», indique l’organisation, regrettant que de tels actes soient posés dans un contexte où les tensions politiques et les sentiments de rejet sont en recrudescence.
Pétition pour la sanction de Rossignol
Le Collectif appelle à une sanction conséquente de Rossignol, sans quoi, il estime qu’«un nouveau pallier serait franchi en matière d'institutionnalisation du racisme et de l'islamophobie». Depuis hier, l’ONG assure recevoir de nombreux messages de personnes choquées et continue d’enregistrer les plaintes.
Et les musulmanes de France elles aussi prennent les choses en main. L’une d’elle a lancé une pétition adressée au chef du gouvernement Manuel Valls, pour que Laurence Rossignol soit sanctionnée. L'auteure juge que c’est une «ironie» qu’une ministre tienne un tel discours après le lancement par le gouvernement de la récente campagne contre le racisme. «Y incluait-il le racisme de ses propres ministres ?», se demande-t-elle. La pétition a déjà recueilli plus de 22 000 signatures au moment où nous publions cet article.
«Le jeu de Daesh» selon l'ONCI
Hier, mercredi, l’Observatoire national contre l’islamophobie (ONCI) a accusé la ministre de «faire le jeu de Daesh». Dans la même soirée, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a dénoncé des déclarations «extrêmement stigmatisant[es]» pour les musulmanes voilées, venant d’une ministre sensée défendre leur «liberté» de porter ou non le voile. L’instance dirigée par le Franco-marocain, Anouar Kbibech, a appelé les responsables politiques à privilégier, «en cette période de troubles, une démarche de rassemblement et d'unité de la communauté nationale».
Si les institutions religieuses restent prudentes dans leurs réactions, sur la Toile, la mobilisation se poursuit pour une sanction contre la ministre. Sur Twitter, le hashtag #RossignolDemission tourne depuis hier.