2M se dit visée par une «véritable attaque». C’est dans un communiqué très explicite et précis que la chaîne a répondu, jeudi matin, aux critiques des députés PJD lors de la séance des questions orales du lundi 13 mai dernier au Parlement. En effet, ils ont interpellé le ministre de la Communication sur, ce qu’il qualifie, d’absence de «pluralité», d’«irrégularités» soulevées dans certains reportages et de «flagrant viol des clauses du cahier de charges» de la part de la direction de la chaine de Aïn Sebaâ.
Ces interventions faisaient allusion à l’émission «Moubachara Maakoum» dont l’édition du mercredi 17 avril 2013 était dédiée à la décision gouvernementale de geler de 15 milliards de dirhams sur l’enveloppe des investissements cette année. Pour en parler, la chaine avait reçu le Ministre de l’économie et des finances, Nizar Baraka, un député PJD et deux députés d’opposition, «soit un respect total de l’équilibre des opinions et du pluralisme», précise 2M. Au cours de l’émission, un reportage de 3 minutes illustrant les inquiétudes des entrepreneurs quant aux répercussions de cette orientation, de sorte à susciter le débat et permettre à M. Baraka représentant le gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane «d’expliquer sa décision et de dissiper les inquiétudes».
Journalistes et responsables de 2M traités de «démons»
Dans son communiqué, la chaine de Ain Sebaâ rapportent quelques propos tenus par le député PJDiste M. A. Elhaykar. En pleine séance parlementaire, il aurait déclaré que ce reportage relève de «l’acte criminel» et que «2M est un outil de déstabilisation pour le pays». Indiquant également que «l’émission a présenté des reportages aux scénarii étudiés», il aurait demandé «de faire tomber les démons de la chaîne» parlant des journalistes. S’adressant à M. Khalfi, il aurait demandé au ministère de «diligenter une enquête pour faire tomber les démons responsables dans la chaîne».
Pour la direction de 2M, il s’agit d’«accusations graves et infondées, des insultes envers les journalistes de la chaîne, une atteinte à la liberté de s’exprimer et de débattre et une rhétorique incitant à la haine». «Nous nous indignons contre l’utilisation de tout langage haineux et appelons à un climat de responsabilité, de liberté d’expression et de débat serein dépourvu de violence et de stigmatisation des personnes».
La chaine estime que ses journalistes «sont visés depuis quelques mois par une campagne de dénigrement violente et systématique loin de l’atmosphère de liberté, de dignité et de sécurité qui doit prévaloir». Elle se dit prête à accorder un «soutien inconditionnel» à ses équipes «qui font preuve de professionnalisme et de neutralité depuis 25 ans».
La deuxième chaine nationale et le parti au pouvoir entretiennent des relations tendues depuis quelques temps, surtout depuis la polémique autour de la première version du cahier des charges de 2M. Les nouvelles questions soulevées par les députés de la Lampe ne participent pas à améliorer les choses.