Après que les musulmans aient étendu leur contrôle sur Al Andalus, ils ont tenté de continuer leur conquête vers le nord. Ils ont soumis de nombreuses régions de la France actuelle à leur contrôle, avant d'échouer à atteindre Paris, après leur défaite à la bataille du Pavé des Martyrs, appelée aussi bataille de Poitiers, en 732. C’est durant le mois de Ramadan 114 de l’hégire (novembre 732) qu’ils décideront de leur retrait.
Sous le règne du calife omeyyade Hisham bin Abd al-Malik, l'armée islamique, dirigée par le gouverneur d'Andalousie, Abderrahman al-Ghafiqi, s'est approchée de Paris. Après dix jours de combats, les musulmans reviennent sur leur position alors que cette bataille marque la fin de leurs campagnes pour la conquête de l'Europe occidentale.
Le chef de l'armée islamique s'était dirigé vers le nord avec une armée qui était très importante. Il avait ainsi pris le contrôle du sud de la France en quelques mois, ce qui avait obligé les Européens à s'unir entre eux pour faire face aux musulmans.
Les musulmans se retirent après la mort de leur chef
Le commandant des forces européennes, Charles Martel, avait alors rassemblé une armée plus nombreuse que celle des musulmans. Les deux camps s’étaient affrontés entre les villes de Poitiers et de Tours. Dans le livre «Miftah Al Hikayeh», Majdi Badr raconte que «la célèbre bataille du Pavé des Martyrs a eu lieu le deuxième jour du Ramadan de l'an 114 AH». «Cette bataille a éclaté entre les musulmans dirigés par Abderrahman al-Ghafiqi et les Francs dirigés par Charles Martel et a eu lieu dans la région française de Poitiers», ajoute-t-il.
Un grand nombre de l'armée islamique a été tué dans la bataille, y compris son chef. Dans le livre «L'histoire du pays d'Andalousie à l'ère islamique», Muhammad Bashir Hassan al- Amiri explique que «l'une des épopées héroïques de l'histoire andalouse a été la mort héroïque d’Abderrahman al-Ghafiqi, et cela dans le Ramadan 114 AH, 732 AD, et cela a duré 10 jours». Il précise que la bataille, qui s’est déroulée pendant le mois de Ramadan, «a duré 10 jours».
Après la mort de leur chef, les musulmans ont été confus mais ont continué à se battre jusqu'à la tombée de la nuit. Ils ont ensuite décidé de se retirer, laissant derrière eux leur butin et un feu pour tromper l'adversaire. Le lendemain, alors que les Francs se sont préparés à se battre, ils ne trouveront personne. Ils sont allés aux tentes qu’ils trouvent vides à l'exception de quelques blessés incapables de bouger. Ces derniers sont massacrés aussitôt. Martel se contentera du retrait des musulmans et n'osera pas les suivre, de peur d'une autre tromperie planifiée par les conquérants. Il retourne vers le nord d'où il était venu.
Après cette bataille, les musulmans n'ont pas été en mesure de contrôler de nouvelles terres en Europe. Ils ont été divisés et les conflits sont devenus monnaie courante parmi eux, tandis que les chrétiens se sont unifiés. Les "guerres de reconquête" étaient sur le point de commencer.
La fin de la bataille vue par les historiens
Ayman Hawera et Noha Oudeh confirment que «la bataille du Pavé des Martyrs a été un tournant dans l'histoire de l'islam, et même dans le monde dans son ensemble et a annoncé la fin des conquêtes». Selon le magazine «Daaouat Al Haq» publié par le ministère des Habous et des affaires islamiques, «de nombreux historiens ont admis que la bataille de Poitiers était mauvaise pour l'Europe et qu'elle a arrêté la nouvelle civilisation islamique».
La même source a évoqué une citation d’un historien occidental pour qui «s'il n'y avait pas eu la victoire barbare de l'armée (de Charles Martel) sur les progrès des musulmans en Europe, la France ne serait pas tombée dans les ténèbres du Moyen-âge ni n'aurait été affligé de ses atrocités, ni les massacres civils résultant du fanatisme religieux et sectaire n'auraient été complotés. Et sans cette victoire barbare sur les musulmans, l'Espagne aurait échappé à la stigmatisation de l'Inquisition et la ville n'aurait pas été retardée de huit siècles».
Le livre «Palais et jardins de l'Andalousie arabo-islamique» de Muhammad Hisham Al-Naasan, a affirmé que d’autres historiens de l’occident ont «regretté la défaite des musulmans dans la bataille» et l’ont considéré comme un «revers pour la civilisation humaine et un recul». «L'humanité et le monde occidental ont été frappés en l'an 732 par un désastre», estime-t-on.
L'historien anglais Edward Gibbon indique pour sa part, dans «Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain» que «si les musulmans avaient été victorieux à la bataille du Pavé des Martyrs, nous aurions vu aujourd'hui les flottes islamiques naviguer dans la Tamise sans batailles navales, le Coran aurait été enseigné aujourd'hui à Oxford et les universitaires auraient expliqué longuement aux étudiants la révélation qui est venue à Mohammed», Prophète de l’islam.