Ce vendredi, Silvio Berlusconi comparaissait pour la première fois devant les juges de son procès pour relations sexuelles tarifées avec mineure, ouvert à Milan en avril 2011, rapporte le Nouvel Observateur (qui cite l’AFP). L’ex-président du conseil italien a fermement démenti avoir eu des relations intimes avec Karima el Mahroug, alias «Ruby», la jeune Marocaine – âgée de 17 ans à l'époque des faits – qui est à l'origine du scandale du «Rubygate».
«Je n'ai jamais eu de rapports intimes avec elle. Je n'ai jamais exercé de pressions sur les fonctionnaires de la préfecture de police de Milan», a assuré M. Berlusconi, qui vient de fêter ses 76 ans.
«Bunga-bunga» n’était qu’une «boutade»
L'ancien président du Conseil est accusé par la justice italienne d'avoir offert de l'argent liquide et des bijoux à la jeune marocaine en échange de rapports sexuels, alors qu'elle était mineure et donc trop jeune pour exercer le métier de prostituée au regard de la loi. Il est également accusé d'avoir fait pression sur des policiers milanais afin que ces derniers relâchent la jeune femme arrêtée pour le vol d'un bracelet de 3.000 euros en mai 2010.
«Il Cavaliere», dont les soirées «bunga bunga» dans la villa d'Arcore, près de Milan, ont acquis une renommée mondiale, a néanmoins reconnu que des bals masqués avaient eu lieu, tout en assurant qu'ils «n'avaient pas été vulgaires». Il s’agissait de «dîners dans une grande salle à manger au cours desquels j’étais au centre de la table, monopolisant l’attention, chantant, parlant de sport, politique, et racontant des ragots», a-t-il affirmé.
Selon des témoins appelés à la barre, «Bunga Bunga» ne correspondait d’ailleurs pas à des orgies sexuelles, mais à «une boutade» que le milliardaire italien racontait souvent. «Il n'y a jamais eu de scènes de nature sexuelle chez moi», s’est-il défendu.
Ruby, de la même famille qu’Hosni Moubarak ?
Amenée à ces fêtes par un ami, Ruby avait, selon Berlusconi, attiré son attention en se déclarant égyptienne. La jeune marocaine prétendait avoir 24 ans et se faisait passer pour la fille d'une riche famille apparentée à l'ex-président Hosni Moubarak. Elle disait aussi que son père, «très violent », l'avait jetée hors du toit familial «parce qu'elle voulait se convertir au catholicisme». C’est d’ailleurs pour «éviter un incident diplomatique» avec l’Egypte que l’ex-président serait, selon sa version, intervenu auprès de la préfecture de police en mai 2010, persuadé que Ruby était la nièce d’Hosni Moubarak, alors à la tête du pays.
«J'ai téléphoné à la préfecture pour m'informer de ce qui s'était passé, convaincu en toute bonne foi qu'elle était réellement apparentée au président Moubarak. Je n'ai fait aucune pression sur le fonctionnaire de service pour la faire remettre en liberté» a-t-il affirmé.
Ce n’est que plus tard, en apprenant «avec stupeur» l’âge et la véritable nationalité de la jeune fille, que le magnat des médias aurait décidé de couper les ponts avec elle. À partir de ce moment, «j'ai estimé ne plus devoir m'intéresser à elle.»
George Clooney bientôt appelé à la barre
Au cours de l’audience d’aujourd’hui, Silvio Berlusconi n'a pas varié d'un pouce de la version développée lors des audiences précédentes par ses avocats ou dans ses propres déclarations écrites. D’après l’analyse d’Europe 1, l'ex-chef du gouvernement avait par ailleurs «choisi la ‘déclaration spontanée’ devant le tribunal pour éviter un vrai témoignage au cours duquel il aurait eu à répondre aux questions des magistrats sans l’aide de ses avocats».
Ouvert en avril 2011, ce procès-fleuve n’en a pas fini de faire couler de l’encre. De nombreux témoins sont encore attendus à la barre, et pas des moindres d’ailleurs. Ainsi, à la prochaine audience prévue le 26 octobre, c’est l'acteur George Clooney et son ex-compagne, l'Italienne Elisabetta Canalis, qui devraient défiler à la barre. Alors qu’il mêlait déjà habilement argent, sexe et pouvoir, le scandale du «Rubygate» s’agrémente désormais d’un brin de show-business. «What else ?» demande le peuple.