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Grand Angle  

Retour des marins de la Comarit : Une opération récup’ de Rebbah

Les marins de la Comanav-Comarit sont arrivés vendredi soir au Maroc en provenance de Sète où ils sont bloqués depuis plus de cinq mois. Le ministre de l’Equipement et des Transports, Aziz Rebbah, a fait le déplacement pour accueillir les hommes de mer…dans des conditions qui ont déclenché la colère des syndicalistes. Reportage.

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4 cars CTM ont été mobilisés par le ministère des Transports (Yabiladi.com)
Temps de lecture: 4'

147 marins des 200 environs bloqués dans le port de Sète depuis janvier dernier ont quitté Montpellier avec 300 euros en poches, perçus de la part du ministère français des Transports. «Il  s'agit d'une mesure exceptionnelle, décidée par la France (…) à titre humanitaire», a indiqué à TF1 la préfecture de l'Hérault.

L’arrivée des marins était prévue à 20h30, heure casablancaise. Nous arrivons à l’aéroport Mohammed V cinq minutes plutôt. Constat : les tableaux électroniques affichent l’arrivée à 20h26 sans mentionner le terminal. Un journaliste de 2M est informé qu’il faut se rendre au terminal 3. Mais les membres de l’UMT (Union marocaine des travailleurs) venus accueillir leurs confrères sont convaincus que ça se passe au Terminal 2. Près d’une demi-heure plus tard, on lit sur les tableaux que les hommes d’équipage de la Comarit arrivent au terminal 1. C’est le flou total !

A ce moment commencent les vas et viens entre le premier et le deuxième terminal jusqu’à ce qu’un coup de fil informe que les marins sont bel-et-bien arrivés mais ont été pris en charge au Terminal 3 et qu’ils sont déjà dans les autocars prévus pour l'occasion. Le journaliste de 2M avait donc raison puisqu’il détenait l’information de source ministérielle et ça, personne ne le savait. Bref, à cet instant il faut se dépêcher pour rejoindre les marins.

Belle opération mediatique, coup politique

Quand nous y arrivons, les marins sont entrain d’embarquer dans quatre bus CTM, mis à disposition par le ministère de l’Equipement et des Transports. Dans la grande cours nous trouvons l’ensemble des membres d’équipage ainsi que plusieurs policiers et hommes de sécurité. Quelques syndicalistes commencent à se plaindre, mais ils sont très vite calmés par la sécurité. Les bus sont chargés et s’en vont. C’est alors que les syndicalistes d’enflamment. Avec haut-parleur à la main, très en colère, ils revendiquent une solution pour leur situation déplorable. Le ministre, Aziz Rebbah, se tient à quelques mètres devant sa voiture et regarde la scène. 

Finalement, ils se rapprochent de M. Rebbah qui se montre très réceptif avant de dire: «ce n’est pas une façon de dialoguer. J’ai déjà rencontré les syndicats. Il faudrait que vous parliez à vos responsables syndicaux. Je ne discute pas dans ces conditions». On entend par-ci par-là, «Hchouma, Hchouma, … !». Au bout de quelques instants, le ministre s’en va.

En fait, les syndicalistes, tous salariés de la Comarit, voulaient créer une sorte d’évènement de protestation. Mais, les hommes de mer se sont tout simplement fait mener en bateau. Tout a été mis en place pour qu’ils n’assistent pas à l’arrivée des marins en présence des cameras, puisque lorsqu’ils revendiquaient devant M. Rebbah, 2M n’était plus là. «C’est terrible !», lance un des marins avec désolation pensant au trop plein de dettes qu’il a sur le dos. «Moi je devais normalement être dans le même cas que les marins à Sète. C’est parce qu’il y a eu un quiproquo que je suis resté», confie un officier mécanicien de la Comarit et membre du syndicat. Resté, mais sans salaire depuis décembre 2011.

Prend 2000 balles et casse toi !

L’avion en provenance de Sète a été affrété par le gouvernement marocain, a appris Yabiladi auprès d’une source proche du dossier dans le port de Sète. Les marins du Bni Nsar que nous avons interrogé nous expliquent qu'en réalité, «la France avait prévu de nous payer l'avion en plus des 300€ qu'on nous a donné. Le Maroc ne voulant pas perdre la face a décidé de prendre en charge le billet et de nous donner une petite enveloppe.» En effet, à Casablanca, chaque marin a reçu 2 000 DH des mains de M. Rebbah. Une somme qui n'aura pas fait taire les marins qui reprochent au ministre son mutisme pendant 6 longs mois, et l'inpunité des responsables de la Comarit-Comanav. Certains syndicalistes n'hesitent pas à parler d'une belle opération de récupération politique et médiatique. Mohamed Chniker, ancien commandant à la Comanav et actuellement secrétaire général du syndicat des officiers de la Comarit, ne comprend pas. «Nous étions surpris. Nous avions prévu les autocars, mais nous n’avons pas pu les accueillir comme on voulait.»

Ce n’est pas fini

Cependant si les 145 hommes d'équipage ont retrouvé leurs familles, une trentaine patiente encore à bord du Marrakech et du Biladi. Ils doivent assurer l'entretien des ferries en attendant que le problème de leur armateur soit résolu. Mais «il se peut que d’ici la semaine prochaine, les choses bougent. Parce que tous les marins ne sont pas restés de leur plein gré. Ils peuvent exiger leur retour au Maroc à n’importe quel moment», confie Ahmed El Farkous, président de l’association des usagers dans le port de Sète.

Toutefois, le gouvernement ne peut pour l’instant dormir sur ses lauriers. Près de 192 marins de la Comarit à Algeciras et Almeria qui attendent encore d’être secouru. D’ailleurs fatigués d’attendre, ils ont décidé d'aller en justice avec le soutien de la Fédération international des travailleurs du Transport.

Le 6 juin dernier Samir Abdelmoula, PDG de la Comarit a adressé un courrier à l’ensemble de ses collaborateurs pour leur demander un dernier délai supplémentaire d’une semaine à dix jours maximum, a indiqué à Yabiladi un des syndicalistes. M. Abdelmoula assure qu’au bout de cette période, il se prononcera une fois pour toute sur cette affaire. Cependant, il faudra attendre que ce fameux délai arrive pour voir ce qu’il en sera exactement. En effet, des promesses de ce genre ont été déjà faites par l’armateur à plusieurs reprises et pas plus tard que le 16 mai dernier, il promettait à son équipage bloqué à Algeciras et Almeria d'agir au bout de trois semaines. Mais depuis, les marins sont sans nouvelle et vivent dans des conditions extrêmement précaires. Que fera le gouvernement cette fois ?

marocains de Sète
Auteur : parole de citoyen
Date : le 10 juin 2012 à 12h58
Je vous remercie de votre excellent article et surtout d'avoir été l'un des rares à suivre ce dossier brûlant qui n'honore pas le royaume chérifien. Je trouve regrettable que la blogosphère marocaine n'ait jamais été à la hauteur de l'évènement et le silence coupable de la communauté marocaine de France qui va aujourd'hui sentir sa douleur.
je tenais à dire qu'il existe une page facebook de soutien aux Marins que j'avais créée au vu du manque de médiatisation de l'évènement.
https://www.facebook.com/Marocains.de.Sete
J'en profite pour saluer un des Marins du biladi : Hassen avec qui j'espère garder le contact et aussi saluer Stéphanie la libraire des insolites de Tanger qui a soutenu la famille d'Hassen qui doit être heureux de retrouver sa famille qu'il n'a pas vu depuis plus de 6 mois

signé; un algérien qui aime le Maroc et son peuple..
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