Yabiladi : Quel projet souhaitez-vous lancer au Maroc ?
Khadija Himmi : Ces dernières années, le tourisme médical s’est beaucoup développé au Maroc. Il y a eu également un réel essor des établissements hospitaliers privés un peu partout au royaume qui font travailler des compétences professionnelles médicales assez pointues mais qui font aussi appel à toute une panoplie de personnel qui n’a pas forcément de formation à la base. Je parle notamment des métiers se plaçant au dessous de celui d’infirmière. Mon objectif est donc de lancer une école de formations pour créer de nouveaux diplômes, en collaboration avec le ministère de la Santé et le ministère du Développement social, et en fusionnant le métier d’aide-soignant à celui d’aide-médico psychologique. Il s’agit d’une formation qui durerait 2 ans avec des stages en entreprise.
Que vous apporte votre participation à l’atelier organisé par l’Acim ?
KH : L’Acim et la Fédération de la création d’entreprise de la Banque Populaire me rassurent énormément. Cela fait maintenant un an que je réfléchis à mon projet. Aujourd’hui, je me dis que je peux foncer parce que je sais qu’il y a des gens derrière moi qui vont m’accompagner. Plus besoin de taper à toutes les portes pour avoir des informations inaccessibles. Et puis ça m’apporte surtout un réseau. Difficile, quand on ne connait personne, de créer son propre réseau et d’avoir des gens compétents pour vous transmettre l’information en temps et en heure. Les sites internet des ministères aujourd’hui sont bien fournis mais souvent les informations présentées, datent d’il y a deux ans. Les personnes citées dans ces sites ne sont plus toujours en fonction.
Parlez-vous l’arabe ?
KH : Je maîtrise la darija mais je n’écris pas l’arabe. Pour des Marocains qui sont partis faire leurs études en Europe et qui reviennent au Maroc pour lancer leur projet, c’est plus facile, mais pour moi c’est plus compliqué. C’est comme si je devais aller en Chine et tout réapprendre. Je me suis donc associée avec un jeune marocain qui a fait des études de fiscalité et je pense qu’à nous deux on peut porter ce projet. Il maitrise la langue arabe, le droit marocain et le côté financier. Ce qui n’est pas du tout dans mes compétences. J’essaie de m’entourer de gens qui peuvent pallier à mon incompétence ! (rires)
Malgré ce soutien que vous recevez pour la création de votre entreprise, avez-vous néanmoins des craintes ?
KH : Je suis mère de famille. J’ai 2 filles âgées de 15 et 10 ans que j’élève seule. J’ai déjà préparé mes filles à l’idée de venir s’installer au Maroc et elles me soutiennent dans mon projet. Elles sont positives à l’idée de s’installer au Maroc parce qu’elles ont un lien très fort avec leur grands-parents. Mais ce qui m’effraie le plus c'est le côté financier. Je me demande comment je vais réussir à subvenir aux besoins de ma famille et aux besoins de mon entreprise en même temps. Il va falloir que je sois très prudente là-dessus.
Avez-vous déjà un pied à terre au Maroc, pour installer votre famille ?
KH : J’ai la maison de mes parents à Rabat. Heureusement c’est déjà une structure de base qui va nous empêcher à mes filles et à moi de débarquer en terre inconnue.
Quelle est la prochaine étape de votre projet ?
KH : La prochaine étape est de rentrer en contact avec l’Association des Femmes Chefs d’entreprise (l’AFEM) pour pouvoir bénéficier d’un dispositif d’incubation. L’association propose un bureau mais aussi toute une logistique pendant 18 mois pour développer mon activité. Ensuite, je compte lancer des projets de formation en tant que consultante et petit à petit, trouver des locaux pour ensuite monter l’école.