La proposition accordant le droit de vote aux étrangers est adoptée par 41 voix pour et 29 contre
MARTINE VANDEMEULEBROUCKE
Tous les partis francophones (à l'exception du FN), les socialistes flamands et les deux libéraux flamands Patrick Vankrunkelsven et Annemie Van de Casteele ont voté jeudi pour la proposition de loi accordant le droit de vote aux étrangers non européens installés depuis cinq ans en Belgique pour les prochaines élections communales.
Jusqu'au bout, le VLD aura fait de la résistance. Le Conseil d'Etat n'avait pas rendu d'avis sur un de ses amendements (celui relatif à la réciprocité). Hugo Coveliers y a vu un délit de fuite juridique et a tenté, jeudi matin, de faire reporter une nouvelle fois le vote. Philippe Mahoux (PS) s'est fâché et a menacé de faire un incident.
La menace a dû être efficace puisque, vers 18 h, les sénateurs votaient comme prévu. Non sans un ultime tour de piste sur les justifications de vote. Les derniers propos des opposants au droit de vote furent particulièrement agressifs. Ne vous plaignez pas le 14 juin (le lendemain des élections régionales, NDLR), a lancé Hugo Coveliers. Le dimanche noir, c'est vous qui le créez.
Le Vlaams Blok n'a pas hésité à parler d'un génocide politique à Bruxelles et d'un crime contre le peuple flamand tandis que Marc Van Peel (CD&V) s'en prenait vivement aux journalistes « bien-pensants », jugés trop favorables au droit de vote des étrangers.
Christine Defraigne (MR) a dénoncé ces propos violents et ceux qui surfent sur la peur. René Thyssen (CDH) a appelé Victor Hugo à la rescousse pour comparer la situation faite aux femmes au siècle dernier et celle des étrangers installés légalement chez nous. Il est temps que cela cesse, a-t-il dit.
Les socialistes francophones et Ecolo ont tous deux regretté l'abandon du droit d'éligibilité. Mais il n'y avait pas de majorité pour cela, a regretté Philippe Mahoux. Pour le chef de groupe PS, cette loi est malgré tout une avancée forte en termes de tolérance.
C'est une loi courageuse qui fait le pari de l'intelligence et de la tolérance, a déclaré Isabelle Durant (Ecolo), qui s'est dite particulièrement émue par l'aboutissement de ce long combat. Mais c'est sans aucun doute la sénatrice SP.A flamande Fatma Pehlivan qui a eu les mots les plus sobres et les plus forts : Merci pour les miens.·
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