***************************** **************************** Réalisé par Elia Suleiman Scénario de Elia Suleiman Image : Marc-André Batigne Montage : Véronique Lange Musique : Mohamed Abdel Wahab, Amon Tobin, Natacha Atlas Coproduction : Ognon Pictures, ARTE France Cinéma, Gimages Films, Soread 2M, Lichtblick Filmstiftung NRW (Palestine - France, 2002, 89mn) ARTE FRANCE Prix du jury et Prix de la critique internationale, Cannes 2002 Avec : Elia Suleiman (E. S.), Manal Khader (la femme), Nayef Fahoum Daher (le père)
Une histoire d'amour sur le parking d'un check point, d'incessantes mesquineries entre voisins palestiniens à Nazareth... Elia Suleiman évoque la violence quotidienne en Israël dans un film surprenant, détonnant, à mi-chemin entre poésie et politique.
En Israël, à Nazareth, sous un calme apparent, une folie rampante fait des ravages parmi la population palestinienne. Un homme jette tous les jours ses poubelles dans le jardin de sa voisine, un autre détruit systématiquement les réparations d'une route, un gosse se fait crever son ballon... Le père de E. S. tente de vivre au milieu de toutes ces mesquineries et de sauver son entreprise. Mais il tombe malade. E. S., Palestinien vivant à Jérusalem, se partage entre son père, à qui il rend visite à l'hôpital, et la femme qu'il aime, une Palestinienne de Ramallah. Du fait de la situation politique, celle-ci ne peut entrer en Israël. C'est dans une voiture sur un parking désert, près du check point entre Ramallah et Jérusalem, que le couple trouve un peu d'intimité...
LES PETITS PLUS
Douleurs chroniques Pour dépeindre le désespoir, Elia Suleiman a pris le parti de l'humour. Il orchestre brillamment une chorégraphie de l'absurde : les gestes mécaniques de trois soldats décrottant leurs chaussures, les voitures menacées par un soldat pris de délire rebroussant chemin à un check point... Intervention divine est le cri, plus poétique que politique, d'un Palestinien chrétien qui a vécu l'occupation israélienne et dont le père résistant a été torturé à mort par des soldats israéliens. Les frustrations de E. S. et de sa compagne, dans l'impossibilité de vivre leur amour, trouvent un exutoire dans des rêves étourdissants. Les métaphores sont volontairement énormes : le sourire incongru de Yasser Arafat sur un ballon rose survolant Jérusalem ; ou la surprenante scène de combat pendant laquelle la femme, transformée en guerrière ninja, extermine une troupe de soldats israéliens. "Mon cinéma est par-dessus tout antidéclaratif... Je veux faire des films qui communiquent du plaisir, suggèrent qu'il est possible de créer un monde meilleur et plus beau", rappelle Elia Suleiman. Ainsi, le film se construit sur une succession de séquences où les fantasmes succèdent aux saynètes burlesques. Les mains des fiancés se font longuement l'amour dans le secret de la voiture. Et, par la grâce du cinéma, un noyau d'abricot fait exploser un tank.