Sous la grande tente blanche montée par le Secours islamique de France à Saint-Denis, ils sont environ 250 à attendre, attablés, de pouvoir se servir. Au menu : soupe marocaine, pâtes bolognaises, une petite salade et quelques fruits. Pour la deuxième année, à l’occasion du ramadan, les bénévoles du Secours islamique offrent chaque soir des repas aux habitants de Saint-Denis et d’ailleurs.
Si la majorité des hôtes sont musulmans, chacun peut, quelles que soient sa confession et son origine, venir partager un moment de convivialité et de solidarité gourmande.
« On utilise les valeurs de partage et de solidarité qui sont celles du ramadan pour rassembler les gens. L’essentiel c’est qu’ils se rencontrent et discutent entre eux », souligne Djilali Benaboura, coordinateur des missions sociales France. Avec entrain, les invités du soir se pressent devant les gamelles fumantes, plateaux en main et sourires reconnaissants aux lèvres. Hommes et femmes, jeunes et vieux, ils se dépêchent de rejoindre leurs tablées respectives. Il est bientôt 22 heures, le soleil se couche, c’est la rupture du jeûne. Quelques dattes, un verre de lait et le repas peut commencer. Les conversations à bâtons rompus s’entremêlent en un brouhaha sympathique.
Nabil, 34 ans et Abdel, 40 ans viennent ici depuis l’année dernière pendant tout le ramadan. Loin de leurs familles, restées pour l’un en Algérie, pour l’autre au Maroc, ils retrouvent sous la tente l’ambiance chaleureuse associée à ce mois saint musulman. « La chaleur de ma famille me manque d’autant plus pendant le ramadan. Je viens ici avec mes amis et je rencontre des gens nouveaux. Quand on fait la queue, à table ou en buvant le thé après le repas, on parle beaucoup, de notre vie ici, de notre pays, on échange des idées, c’est très enrichissant lorsque l’on vit seul! » se réjouit Nabil.
Au fond de la tente, des Roms de Saint-Denis — chrétiens — occupent trois tables. Sans vraiment se mélanger, ils échangent regards et sourires timides avec leurs voisins. Les enfants, eux, ne connaissent pas de frontières et jouent ensemble sans retenue dans les allées encombrées.
Parmi les trente bénévoles présents en ce quatrième jour de jeûne, Myriam, 32 ans, observe, le regard bienveillant, le manège des plateaux-repas. « C’est extraordinaire de voir des gens de cultures et d’origines si différentes se retrouver ici, petit à petit certains se dévoilent, voire se révèlent et dépassent leurs préjugés. Ici on a de tout, ceux qui viennent seuls trouvent toujours quelqu’un avec qui discuter, ensuite ils reviennent ensemble. Quoi de mieux comme lien social qu’un repas partagé? »
Pour le dernier jour du ramadan, l’Aïd, les bénévoles du Secours islamique comptent organiser une grande fête ouverte à tous, avec « les valeurs universelles du partage et de la solidarité comme étendard ».
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