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22 mai 2005 02:18
Libération en otage

17 reporters ont été enlevés en Irak en 2004. Japonais, Tchèques, Britannique, Américain, Irakien, Turc ou Canadien : ils ont tous été libérés rapidement, dans les jours qui ont suivi, une semaine au plus tard. C’est l’espoir que l’on garde pour Florence Aubenas, l’envoyée spéciale de Libération disparue le 5 janvier.

Mais au fil des heures, la France redoute de revivre la longue angoisse qui a entouré la détention de Georges Malbrunot et de Christian Chesnot gardés plus de quatre mois au secret par leurs ravisseurs avant d’être délivrés. Les conditions de cette libération restent obscures et pèsent peut-être sur le sort de leur consœur.

Tous libérés, sauf Enzo Baldoni. Sa mort atroce, filmée et diffusée sur Internet a fait connaître l’Armée Islamique d’Irak et prouvé aux rédactions du monde entier que les journalistes étaient désormais en Irak sous une menace permanente qui n’a rien à voir avec les risques du métier. Baldoni, pacifiste, militant alter mondialiste, opposant déclaré à l’intervention américaine, a été sacrifié comme n’importe quel collaborateur de l’armée américaine. Sa notoriété, ses engagements passés et son métier public ont offert aux terroristes l’arme qu’ils cherchaient pour terroriser les opinions publiques et s’imposer sur la scène irakienne.

Désormais, ce ne sont pas seulement les journalistes mais l’information elle-même qui se trouve prise en otage à Bagdad. Les derniers envoyés spéciaux vivent en résidence surveillée, claquemurés à l’hôtel. Ils y côtoient davantage les mercenaires anglo-saxons qu’ils ne partagent la vie du peuple irakien. Cela tient du travail de bureau plus que du reportage de terrain. Les journalistes irakiens seront bientôt les seuls à échapper à cet enfermement avec les reporters incorporés dans les unités américaines. C’est une caricature du métier où le correspondant de guerre serait cantonné au bar de l’hôtel ou enrôlés dans l’un des camps.

Mais l’Irak est une caricature de guerre sans lignes de front, sans aucune loi, sans victoire possible. Triomphe la stratégie du chaos, celle du terrorisme. Les égorgeurs ont atteint chacun de leurs objectifs. La multiplication des attentats a dynamité tout espoir de reconstruction sous occupation américaine. Les enlèvements à répétition ont fait fuir les entreprises étrangères qui devaient relever les infrastructures. Dans leur sillage, la classe moyenne irakienne a pris le chemin de l’exil. Les premiers à abandonner le pays étaient les plus éduqués, ceux dont le pays a justement besoin pour se reconstruire : ils sont des dizaines de milliers à attendre à Amman, Damas ou dans le Golfe des lendemains qui chantent et pas seulement des élections générales.

Les Américains peinent désormais à maintenir la coalition qu’ils ont rassemblée. L’arme terroriste a montré là aussi son efficacité. Premiers à faire faux bond, les Espagnols qui ont replié leurs troupes… après le massacre de la gare d’Atocha. La prise d’otage d’un seul Philippin a suffi à Manille pour sonner le rappel de son petit contingent. Et bien que pro-occidental, l’une des premières décisions du nouveau pouvoir ukrainien est d’annoncer le retrait de ses 1560 soldats après la mort de sept d’entre eux dimanche. La France qui n’a aucune troupes et plus guère d’intérêts économiques à défendre en Irak n’échappe pas au chantage. Pour que chacun sache que tôt ou tard tous les occidentaux devront abandonner l'Irak. Que la guerre terroriste n’admet aucune neutralité.

sourcre [www.bladi.net]
 
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