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Séduire ou réduire ( le monde )
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21 mai 2007 00:40
La formation de son premier gouvernement
en apporte la démonstration spectaculaire :
Nicolas Sarkozy est bien décidé à rompre, en
tout, avec son prédécesseur. Méfiant, Jacques
Chirac ne s’appuyait que sur ses proches,
ses fidèles, son « clan ». Sûr de lui, le nouveau
président de la République a choisi la démarche exactement
inverse, sans craindre de bousculer les habitudes
et les frontières politiques.
Il voulait un gouvernement resserré et compact : le
pari est presque tenu avec – autour de François Fillon
– quinze ministres de plein exercice, auxquels il a tout
de même fallu, dès à présent, ajouter quatre secrétaires
d’Etat et un haut-commissaire pour résoudre l’équation
trop complexe des compétences, des ambitions et
des fidélités. Il avait annoncé un gouvernement paritaire.
Nous y sommes, ou presque, avec sept femmes
ministres, y compris à l’intérieur ou à la justice. Lionel
Jospin avait ouvert la voie en 1997 ; il est significatif
que la droite, aujourd’hui, parachève cette évolution.
Il voulait enfin une équipe qui incarne rénovation et
réforme. L’émergence d’une nouvelle génération est
indéniable, symbolisée par la nouvelle garde des
sceaux, Rachida Dati, ou par la quasi-disparition des
énarques (deux seulement). Quant à la volonté de
repenser l’organisation de l’Etat, elle n’a pas été jusqu’au
bout du « big bang » annoncé pendant la campagne,
mais elle a néanmoins permis plusieurs
« fusions », la création d’un grand ministère de l’écologie
et le découpage en deux de la « forteresse » du
ministère des finances, dont il faudra soigneusement
vérifier la mise en oeuvre dans les prochains jours.
Mais, au-delà de ces caractéristiques, le gouvernement
Fillon est d’abord une redoutable machine de
guerre politique, à moins d’un mois des élections législatives.
Loin de se contenter de rallier Hervé Morin,
hier lieutenant de François Bayrou, il a séduit quatre
personnalités de gauche : Bernard Kouchner (french
doctor plébiscité par les sondages), Jean-Pierre Jouyet
(ami personnel du couple Hollande-Royal), Martin
Hirsch (le conseiller d’Etat des pauvres) et Eric Besson,
à qui est donc versé le denier de Judas.
François Bayrou prônait un grand rassemblement.
Nicolas Sarkozy l’esquisse. Les socialistes enragent
devant ces débauchages « lamentables ». Ils n’en sont
pas moins déstabilisés par cette offensive : que certains,
dans leurs rangs, aient préféré changer de camp
dit assez à quel point ils ont intériorisé la défaite. Ayant
séduit les uns, le chef de l’Etat entend, à l’évidence,
réduire les autres. Nul doute en effet qu’il va s’employer
désormais à pousser cette dynamique à son
avantage pour tenter d’obtenir la majorité la plus large
au Parlement. Il lui restera, alors, à passer aux actes. Ce
sera une autre paire de manches.
 
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