Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy Par Hani Ramadan mercredi 3 décembre 2003
Monsieur,
Je ne reviendrai pas sur les détails du débat, proposé par France 2, qui vous a opposé à mon frère. Ce dernier, je le pense, vous a clairement montré qu'il était un homme de dialogue avant tout. Mais puisque vous avez cru bon de consacrer une partie de cet échange à la question de la lapidation et de la condition des femmes maltraitées - en faisant ironiquement allusion à ma modeste personne- permettez-moi de vous reprendre sur ce thème et sur d'autres.
Premièrement, jamais en effet je n'ai parlé de la « lapidation des femmes adultères ». L'article publié dans Le Monde en septembre 2002 donne au contraire l'exemple d'un homme, Mâ'iz, qui était venu se livrer au Prophète de l'islam et! qui avait volontairement subi cette peine. J'ai précisé dans le même article le caractère « dissuasif » et « pratiquement irréalisable » de ce châtiment. Soit donc vous n'avez pas lu mes propos, et dans ce cas il eût été préférable de vous taire, soit vous les avez lus, et dans ce cas votre diatribe réductrice qui consiste à focaliser la question sur la maltraitance des femmes relève de la diffamation et de l'hypocrisie. J'ajoute que je me suis toujours exprimé contre la lapidation d'Amina et de Safiya au Nigeria.
Deuxièmement, vous osez réclamer des excuses à un homme qui a composé un texte dans lequel il ne se trouve pas la moindre trace d'antisémitisme. La vérité, c'est qu'il devient aujourd'hui de plus en plus difficile de critiquer ouvertement Israël, et de remarquer qu'un certain nombre d'intellectuels à la fois sionistes et laïques tiennent un double langage : le soutien implicite à un Etat qui méprise les droits hum! ains, et qui s'est donné une légitimation religieuse, et l'exigence du strict respect d'une laïcité forcenée pour toutes celles et tous ceux qui veulent en Europe vivre selon les préceptes de leur religion. Monsieur Sarkozy, je vous demande solennellement de condamner la politique d'Ariel Sharon et d'affirmer la légitimité de la résistance palestinienne. Si vous ne le faites pas, alors vous êtes indigne des responsabilités politiques qui sont les vôtres, dans un pays -la France- qui fut celui de la résistance contre toutes les formes d'occupations et d'ingérences.
Troisièmement, la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Constitution française prévoient la liberté de croyance et de culte pour l'ensemble des citoyens. Obliger une musulmane à ôter son voile, Monsieur Sarkozy, est une infamie. Le viol même de la conscience d'autrui. Chacun doit être libre de vivre selon ses convictions, sans contrainte et sans exclusi! on. La laïcité n'est pas un concept fermé à l'origine, même s'il tend à le devenir hélas depuis le 11 septembre. Votre discours qui veut assimiler toutes celles qui portent le voile à des intégristes ou à des femmes manipulées, révèle votre profonde ignorance des valeurs de l'islam. Cette seule perspective, et vous en avez conscience, risque de vous faire perdre aux yeux des musulmans tout le bénéfice des efforts que vous avez consentis. Un bon musulman français, Monsieur le Ministre, n'est pas un musulman assimilé, mais un musulman intégré. On s'étonne de voir que la subtilité de cette distinction ait échappé à un esprit aussi perspicace que le vôtre, quand il le veut bien... En clair, votre devoir le plus élémentaire vous impose de ne pas confondre ce qui relève de la pratique pure et simple de la religion islamique, et ce qui relève de l'extrémisme et du terrorisme. Ce n'est pas le même champ de bataille, Monsieur Sarkozy, et nos ! drapeaux ne sont pas tachés du sang des enfants de Palestine.
Bien dit Monsieur Hani, y en a rat le bol de cette islamophobie qui ne fait que s'accroitre dans les medias, les journaux et chez les gens!!! la conscience triomphera incha â allah!
Innama Al oumamou Al Akhla3ou ma ba3iat
Fa In Houmou Dahabat Akhla3ouhoum DAHABOU