La communauté internationale n'agit pas assez vite pour stopper les crimes épouvantables perpétrés au Darfour, a déclaré le secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, le 7 mars, après avoir convoqué les 15 membres du Conseil de sécurité dans son bureau.
« Sur le plan humanitaire et de la sécurité, l'Union africaine a déployé de nombreux efforts qui vont dans la bonne direction. Mais ils ne suffisent pas. Nous continuons de recevoir des informations qui montrent que les tueries, les viols et les pillages se poursuivent », a déclaré le secrétaire général dans un communiqué lu par le porte-parole de l'ONU, M. Stéphane Dujarric, à l'issue de cette réunion à huis clos.
« J'ai demandé aux membres du Conseil de venir me voir parce que je m'inquiétais du fait que nous n'allions pas assez vite dans la normalisation de la situation épouvantable au Darfour. »
M. Annan a discuté d'une nouvelle résolution sur le Soudan proposée par les membres du Conseil. Ce projet de résolution autoriserait le déploiement d'une force de maintien de la paix de 10.000 hommes, imposerait des sanctions, et déterminerait quelle institution serait chargée de juger les affaires de violations de droits de l'homme.
Le Conseil de sécurité s'est réuni pour la dernière fois au sujet du Soudan au début de février et travaille à la rédaction de ce projet de résolution depuis.
Les membres du Conseil ont dit au secrétaire général qu'ils espéraient achever ce projet de résolution d'ici à la fin de la semaine.
M. Annan s'est félicité des progrès réalisés sur le plan de la rédaction du projet de résolution. « Nous devons envoyer un message clair et dire que le monde ne tolérera pas » ces crimes.
« Chacun convient qu'une présence internationale plus forte sur le terrain est cruciale. Les choses vont mieux là où les troupes de l'Union africaine sont déployées. Mais elles sont trop peu nombreuses. »
« Il est clair qu'à priori, tout le monde préfère que l'Union africaine continue de diriger les choses au Darfour et que nous l'aidions de manière plus efficace, tout en laissant la voie ouverte à d'autres options.
« Nous ne pensons pas que cannibaliser la mission de maintien de la paix des Nations unies dans le Sud du pays, au nom du Darfour, serait une bonne idée. »
« (...) Les Nations unies, aux côtés de l'Union européenne et des États-Unis, vont se joindre à une mission d'évaluation sur le terrain qui sera conduite par l'Union africaine à partir de la fin de la semaine. »
M. Annan a ensuite exhorté les donateurs à tenir leurs promesses d'aider le Sud du Soudan, le gouvernement de Khartoum et le Mouvement de libération des peuples du Soudan ayant signé un accord de paix en janvier dernier qui met fin à la guerre civile qui dure depuis vingt ans. « Nous sommes tous convenus qu'il est essentiel de préserver le processus de paix entre le Nord et le Sud et de traiter les problèmes du Soudan dans leur ensemble. »
Le coordonnateur de l'aide humanitaire de l'ONU, M. Jan Egeland, qui se trouve actuellement au Soudan, a réclamé 10.000 casques bleus au Darfour. Si le programme d'aide de l'ONU dans la région est important et bien financé, la sécurité laisse à désirer, a-t-il déclaré.
Dans un entretien accordé au « New York Times » le 7 mars, M. Egeland a affirmé que dans le Sud, la situation était inversée. Il a critiqué les donateurs qui ne respectaient pas leurs engagements à l'égard du Soudan méridional dans la foulée de l'accord de paix, affirmant que seulement 25 des 500 millions de dollars promis avaient été reçus. « Seuls les États-Unis, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Norvège tiennent leurs promesses. » signé :acharif moulay abdellah bouskraoui.