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Quand la Chine consommera
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29 septembre 2009 10:25
par Martin Wolf

La crise a réussi à la Chine. C'était évident lors du "Davos d'été", le Forum économique mondial qui s'est tenu à Dalian (Chine) début septembre. La confiance des Chinois était palpable. Mais aussi leur anxiété.

Celui qui a le mieux exprimé cette ambivalence est le premier ministre Wen Jiabao. Il a déclaré à son auditoire que "cette crise financière mondiale sans précédent a coûté cher à l'économie chinoise. Pourtant nous avons su relever les défis et surmonter en toute confiance les difficultés". Mais il a également reconnu que "la stabilisation et le redressement de l'économie chinoise ne sont encore ni stables, ni solides, ni équilibrés".

Les données en provenance de Chine laissent à penser qu'en effet un vigoureux redressement est en cours. Au cours de la première moitié de cette année, a souligné le premier ministre, le produit intérieur brut (PICool a augmenté de 7,1 %. Les prévisions consensuelles publiées en septembre indiquent pour l'économie chinoise une croissance de 8,3 % en 2009 et de 9,4 % en 2010. Le géant asiatique devrait devenir la deuxième économie du monde en 2010, même aux prix du marché.

Selon l'Economist Intelligence Unit, la demande intérieure pourrait connaître cette année une augmentation de 11,5 % en termes réels. Une telle hausse était nécessaire. La consommation des ménages chinois devrait également croître de 9,3 %.

Pourtant, comme toujours, la véritable locomotive, c'est l'investissement fixe réel. Or, d'après les prévisions, celui-ci devrait augmenter de 14,8 % cette année, plus vite que le PIB au cours de neuf des dix dernières années.

Or, cette augmentation du taux d'investissement par rapport au PIB, qui était déjà à un niveau élevé, n'est pas une force mais une faiblesse. Il indique une baisse des retours sur investissement et risque d'entraîner une capacité excédentaire toujours plus grande. De surcroît, lorsque les taux de croissance finiront par retomber, l'effondrement de l'investissement creusera un énorme trou dans la demande.

La forte dépendance à l'égard de l'investissement n'est pas le seul écueil en vue. La hausse prononcée du crédit et de la masse monétaire en est un autre. Beaucoup estiment que cela va fatalement entraîner une nouvelle vague de dettes pourries et de bulles d'actifs déstabilisantes.

Si la Chine semble s'être, pour l'instant, tirée d'affaire, a-t-elle aussi sauvé le monde ?

Le développement le plus encourageant est la contraction des excédents de la balance commerciale et de la balance des opérations courantes chinoises. Les exportations comme les importations ont subi une baisse brutale, les premières chutant de manière plus importante que les secondes.

Mais les échanges commerciaux de la Chine ont fait preuve d'une telle volatilité (comme ceux de tous les pays) qu'il est difficile d'être sûr que cela marquera un tournant définitif. Beaucoup dépendra de la nature et du rythme du redressement mondial. Par ailleurs, la Chine continuera à présenter un excédent substantiel de sa balance des opérations courantes et à accroître ses réserves de devises, lesquelles sont déjà largement supérieures à ce dont elle a besoin pour se mettre à l'abri des mauvaises surprises. En juin, ces réserves atteignaient en effet 2 132 milliards de dollars [1 443 milliards d'euros], soit plus de 40 % du PIB !
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29 septembre 2009 10:26
suite et fin

Il n'est guère étonnant que cette gigantesque exposition suscite la nervosité à Pékin. Mais personne n'a demandé aux Chinois d'accumuler de telles réserves, au contraire : les responsables américains n'ont cessé, avec raison, de conseiller aux Chinois de faire exactement l'inverse. Ayant commis ce qui m'apparaît comme une énorme erreur, le gouvernement chinois ne peut aujourd'hui compter que sur lui seul pour en assumer les conséquences.

Une appréciation de la monnaie chinoise est inévitable et souhaitable au cours des prochaines années. Plus longtemps les autorités chinoises s'y opposeront, plus grandes seront leurs pertes (et plus grandes seront les douleurs de l'ajustement). Ils doivent réduire ces pertes en cessant d'accumuler des réserves.

Comme le soulignent Morris Goldstein et Nicholas Lardy, du Peterson Institute for International Economics, dans une excellente étude publiée en juillet (The Future of China's Exchange Rate Policy), les politiques nécessaires pour y parvenir sont aussi celles qui permettront de rééquilibrer l'économie sur le long terme.

Il est en effet important de comprendre à quel point l'économie chinoise est aujourd'hui déséquilibrée : en 2007, la consommation individuelle représentait tout juste 35 % du PIB. Dans le même temps, grâce à son excédent des opérations courantes, la Chine investissait 11 % du PIB dans des avoirs étrangers à faible rendement. Songez à la pauvreté dans laquelle vivent encore des centaines de millions de Chinois, et que ce transfert net de ressources à l'étranger équivalait à un tiers de la consommation individuelle.

C'est là une situation indéfendable. Il est probable que Wen Jiabao lui-même en conviendrait. A Dalian, il a souligné que les autorités chinoises devraient "s'employer à restructurer l'économie et à accentuer leurs efforts pour améliorer le rôle de la demande intérieure, notamment la consommation finale des ménages, dans la relance de la croissance". Une appréciation du taux de change réel, qui pourrait idéalement se réaliser par une hausse du taux de change nominal, serait utile. L'une des distorsions, et pas la moindre, de la situation actuelle est la nécessité de maintenir les taux d'intérêt à un faible niveau afin de refréner l'afflux de capitaux. Ce qui transforme d'énormes montants provenant des revenus des ménages en profits pour les entreprises.

Les partenaires de la Chine ne soulèvent guère la question de la politique des taux de change. Les Chinois sont sans doute suffisamment puissants pour les en empêcher. Mais le président Hu Jintao ne manque pas de se plaindre du protectionnisme américain. Je suis de son avis. Je le serais encore plus, toutefois, si les interventions de la Chine sur les devises étrangères, combinées à la suppression de leurs effets monétaires naturels, ne constituaient pas une colossale subvention à ses exportations.

Le grand problème de la Chine, que cela lui plaise ou non - et il est évident même aux yeux du visiteur non initié que cela déplaît à de nombreux Chinois -, c'est que la croissance fulgurante des excédents des échanges commerciaux et des opérations courantes du milieu des années 2000 est un phénomène qui ne se reproduira plus.

Le rééquilibrage à court terme intervenu en 2009 grâce à une énorme expansion du crédit et à une hausse de l'investissement fixe ne peut être qu'un expédient temporaire. Il doit déboucher sur un rééquilibrage de l'économie chinoise vers la consommation. C'est dans l'intérêt de la Chine. C'est aussi dans l'intérêt d'une économie mondiale mieux équilibrée. Si l'évolution positive constatée cette année permet d'aller dans cette direction, la crise nous aura procuré un immense bénéfice à long terme.

Cette chronique de Martin Wolf, éditorialiste économique, est publiée en partenariat exclusif avec le Financial Times. © FT.
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29 septembre 2009 10:56
En bon Français.
Il faut que les chinois se mettent a moins investir pour favoriser la consommation interieur de telle sorte à ce que l'occident puisse recuperer (via les export) une partie de l'argent économisé par la Chine.

Mais si les chinois continuent a investir (ce que l'editorialiste appelle les investissements a bas rendement), cela donnerait quoi ?

Une catastrophe selon l'editorialiste, mais il n'est pas impartial quand il désigne la Chine comme seule victime. A mes yeux, la chine a pour ambition des renverser les rapports de force et oeuvre depuis quelques années a ce but, elle y travaille notamment en menant une politique d'acquisition aggressive et tout Azimuts (ils ont meme racheté IBM) et en se posant en preteur universel (comme le Japon par exemple),

Quand l'éditorialiste parle des reserves de change, il oublie d'y rajouter un element, celui des bons du tresor americain que la chine détient, (moins que le Japon mais pas mal quand meme), les bons du tresor americain qui ne sont autres que la dette americaine, celle qui permet a Obama d'aligner des milliers de milliards d'aides a la relance. Il oublie un autre element.

Quand il pointe le montant faramineux des reserves de change Chinoises, il oublie de dire qu'elles sont constituées principalement de Dollar americain....ce mêmem dollar dont on ne sait pas ce qu'il vaut réellement aujourd'hui, tellement il y en a, tellement les americains en produisent, en emettent !

L'editorialiste a raison d'avoir peur, mais n'a pas peur pour les bonnes personnes, il devrait avoir peur pour son camps ....

Il demande en clair que la chine réequilibre ses importations et ses exportations.
Pour lui, la consommation est sysnonyme d'accroissement des exportations occidentales vers la chine.

il oublie juste un autre truc.
Le but de la chine est de lancer une consommation interieur, d'avoir un moteur de croissance independant de la santé des economies occidentales. Si elle arrive a operer cette mutation, elle le fera en interne, c'est a dire en utilisant ce dans quoi elle investi actuellement :
- La chine achete des terrains agricole dans le tiers monde ( afrique principalement),
- La chine délocalise ses usines en Afrique, pour se rapprocher des pays consommateurs,(ils anticipent le rencherissement du petrole et s'installent) et a plus long terme, les pays ou sont delocalisés ses usines peuvent et devienderont des clients.
- La chine achete et accumule les matieres premieres
- La chine investi dans le petrole,

Si la chine lance la consommation en chine...se sera pour consommer chinois.
Et elle n'aura plus aucune raison d'accepter le dollar....puisqu'elle pourra exiger d'etre payée, pour ses exportations en Yuan, sa propre monnaie. Elle n'aura plus besoin d'accumuler de la dette americaine, il suffira pour la chine de sacrifier une partie de ses reserves en mettant massivement en vente les bons du tresor americain pour acculer a la fallite tout le systeme mis en place par les americains, systeme qui se resume en : on vous achete plein de choses, on vous paye rubis sur l'ongle, mais a condition que vous nous fassiez crédit (en achetant des bons du tresor)

Les USA ont réussi a le faire avec le Japon, premier detenteur au monde de la dette americaine, seconde economie dans le monde. Ils y sont arrivés parce que la situation du Japon d'aprés guerre le permettait,
Ils ne peuvent meme pas imaginer le faire avec les chinois, trop puissants, completement independants.

En lisant cette article, on ne peut pas s'empecher de lire l'actualité dans le monde d'une autre maniere. Par exemple, les conflits actuels au moyen orient, ne sont ils pas plutot des conflits prevntifs, c'est à dire des conflits declenché pour des raisons fallacieuses, juste pour permettre a l'occident de mettre une frontiere a la chine, c'est a dire lui signifier qu'elle n'a aucune chance de mettre un pied au moyen orient.... cela coule de source, quel que soit le scenario que choisira la chine économiquement parlant, l'energie reste le denominateur commun...et sans energie...il ne peut y avoir de developpement.

Controler la chine via l'energie est la seule solution qui s'offre actuellement a l'occident pour essayer de maintenir un systeme economique mondial qui lui est largement profitable.
 
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