Un vent de liberté souffle sur le Maroc Un grand changement de mentalités s'opère dans le royaume
AGADIR Le contraste entre les villes et les villages est encore saisissant, mais on sent que l'entrée en vigueur du code de la famille ne fera qu'accentuer encore le changement des mentalités qui s'opère actuellement au Maroc. «Ce qui m'a frappé, explique Alain Hutchinson*, c'est de voir que dans les villes telles que Marrakech ou Agadir, la liberté des femmes s'exprime de plus en plus et contraste avec toutes ces problématiques que l'on rencontre en Belgique. En ce qui concerne le port du voile, par exemple, on remarque qu'aucune obligation n'est de mise. Celles qui veulent le porter le portent, les autres sont totalement libres. Il n'est d'ailleurs pas rare, et ce fut notamment le cas à l'occasion de la Coupe d'Afrique des Nations, de voir des jeunes femmes fréquenter les bars, et même boire de la bière. Chez nous, la démarche est totalement différente. On ressent parfois une pression, que ce soit de la part du père ou des frères pour que les filles portent le voile. Indépendamment de celles qui optent pour le port du voile parce qu'elles sont en manque de repères et cherchent à s'affirmer. J'ai un peu l'impression que nous allons à contre-courant. Alors qu'au Maroc, la tendance est à l'extrême libéralisation, nous effectuons le chemin inverse».
Alain Hutchinson se dit aussi agréablement surpris de voir les effets de l'entrée ne vigueur du code du logement, même si l'ensemble de la population marocaine ne semble pas encore en avoir perçu toute la portée. »C'est un grand pas en avant pour les femmes marocaines. Elles sont désormais considérées sur un pied d'égalité avec les hommes, peuvent demander le divorce. A l'inverse, la répudiation a été complètement abolie et c'est une merveilleuse chose. Au regard de ces libertés, je trouve encore plus triste le repli identitaire qui se produit chez nous...»
Sur le chemin de la modernité
Avec l'entrée en vigueur du code de la famille, les femmes marocaines ont les mêmes droits que les hommes
MARRAKECH La problématique du port du voile fait rage en Belgique. Faut-il interdire aux jeunes filles d'assister aux cours voilées ? Le débat est ouvert, mais il semble nettement moins susciter la polémique au Maroc. A ce titre, il semble même que l'évolution se fasse en sens inverse. Là où les femmes marocaines se libèrent peu à peu de cette obligation au Maroc, elle revient en force en Belgique. Dans les grandes villes et cités balnéaires telles que Marrakech ou Agadir, on est loin des clichés qui veulent que toutes les femmes portent le voile et n'ont que peu de droits.
Dans les écoles également, aucune obligation n'est de mise. Il n'est pas rare de voir les jeunes et moins jeunes femmes totalement émancipées, voire même fréquenter les cafés. «L'entrée en vigueur du code de la famille est la révolution la plus importante que nous ayons jamais connue, explique le gouverneur de la province. Pour le moment, la population n'a pas encore bien compris toute la portée de ce code qui donne aux femmes les mêmes droits que les hommes. Je pense que beaucoup en prendront conscience le jour où ils iront inscrire leur enfant à l'école et qu'on leur dira qu'il faut impérativement la signature de leur femme également».
On n'en est cependant pas à voir les femmes assises aux terrasses des cafés en compagnie de leur mari, mais l'évolution est en marche. A Mesti également, petit village où est installé une coopérative d'huile d'argan, on ressent les effets d'une mutation. » C'est grâce à un soutien du Québec que le travail s'est réellement organisé en coopérative en 2000. C'est très important pour les femmes car cela leur octroie des libertés. Auparavant, c'était le mari seul qui subvenait aux besoins de la famille. Depuis, nous rapportons aussi de l'argent, ce qui nous permet d'acheter des choses pour nous-mêmes, telles que de l'or pour faire des économies». Des cours d'alphabétisation sont aussi régulièrement dispensés, principalement centrés sur la gestion et autres matières en lien direct avec les activités de la coopérative. Nous projetons aussi de faire venir prochainement une infirmière pour apprendre aux femmes les règles d'hygiène alimentaire...
Le cas de la coopérative de Mesti, sans être une exception, n'est cependant pas le lot de tous les petits villages. A l'écart des grandes villes, comme à Goulimine par exemple, c'est le sort des nombreux enfants des rues qui interpelle. Les petits boulots tels que cireur de chaussures ou vendeur de bricoles sont encore légion.
Une réalité qui n'échappe pas aux yeux du touriste de passage, mais qui est constamment masquée à la vue du Roi. A l'annonce de sa venue, il n'est pas rare de voir des cars sillonner les rues pour embarquer les enfants qui traînent et les emmener loin de la ville pour faire place nette. Mais une fois parti, le train-train habituel reprend de plus belle. En théorie, l'école est obligatoire jusqu'à 14 ans, mais cette obligation paraît illusoire et bien peu respectée...
*Alain HUTCHINSON (PS) est Secrétaire d'Etat chargé du Logement et de l'Energie
non pas nécessairement à la bière. Mais il voulait plutôt dire qu'il y a des couples dans les terasses de café, les fast food,...... rien de plus normal à casa et Rabat
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