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que pensons nous de la psychanalyse ?
m
2 juin 2006 16:58
salam à tous ,


Je propose ce poste car j'aimerais savoir quel est votre opinion sur la psychanalyse.
merci pour votre partage.
s
2 juin 2006 17:06
pourquoi ce post??tu dois en faire une bientot?
m
3 juin 2006 10:57
je ne "dois" pas en faire une bientôt...
par contre pourquoi pas en faire une... oui
alors ton avis?
s
3 juin 2006 17:25
personnellement je ne suis pas trés convaincu des resultats de cette methodes:il te faudra faire plusieurs sceances(rapport coût -efficacité fulgurant),remonter parfois à ton enfance (te perdre dans ton MOI...) et de toute façon ce sera TOI qui devra TE guerrir.
j'ai eu l'occasion de discuter avec un psychanalyste qui venait à peine de se convertir à l'Islam:je lui ai demandé:"comment faire-vous pour ne pas devenir fou avec tout ce que les patients vous racontent?"
il me dit que pendant la sceance,il dessine(et oui,pour se liberer l'esprit...)et c'est que plustard qu'il reécoute l'enregistrement et emet des avis.
dans tout le cas,c'est par la parole et le sentiment d'être ecouté que le patient croit guerrir.
je connais une soeur qui avait consulté un psychanaliste car elle sentait qu'elle avait terriblement envie de sortir avec qqun et que cette idée en tant que musulmane la terrifie (elle est devenue reellement trés anxieuse):le psychanaliste lui demande de faire plusieurs sceances pour remonter à son enfance et aux tensions du SURMOI sur le MOI qui sont à l'origine de ce conflit...
en clair,il voulait la liberer de l'Islam et de l'Obeissance à ses parents.
la psychanalise est non conforme à l'Islam,elle se base sur des theories athées mais qui peuvent sembler logiques...
ainsi,il se peut qu'un psychanaliste ne te comprenne pas si tu es musulmane.dans ce cas,ton SURMOI (les lois musulmanes) ne sont pas à combattre pour faire jair ton MOI et ses desirs (chaytan wa a3oudou billahi mina chaytan errajim).

si tu as un souci particulier,tu peux preciser (contactes moi par MP) et je t'aiderai inchallah en fonction de mes moyens.
m
3 juin 2006 21:09
je cite "la psychanalyse est non conforme à l'Islam,elle se base sur des theories athées mais qui peuvent sembler logiques... "

si on ne devait utiliser ou ne s'interesser qu'à des theories "islamique"je crois qu'aucunes sciences ne serait conforme à l'islam, tu crois pas??

toutes les "blessures psychiques" ne sont pas forcément des conflits entre moi et surmoi, quant au surmoi il existe chez tout un chacun, musulman ou pas, et on ne peut pas le reduire simplement à sa religion, on peut y ajouter de nombreuses variantes comme la culture,l'education etc...

Il existe des psychanalyste musulmans qui ont donc forcément suivi une analyse eux-même.

Quant aux désirs ils sont bel et bien de nature humaine et non demoniaque, tout est une question de gestion et d'utilisation des désirs je ne crois pas qu'il faille en avoir peur.

Nous avons vraiment une religion merveilleuse qui prone la libre pensée et la réflexion sur les choses aussi bien du "dehors" que du "dedans". Il ne faut pas sen privée je crois.


merci pour ton poste siriusa ça me fait plaisir que tu es donné un avis.
j'espère qu'il y en aura d'autre...
A
3 juin 2006 21:42
"si on ne devait utiliser ou ne s'interesser qu'à des theories "islamique"je crois qu'aucunes sciences ne serait conforme à l'islam, tu crois pas?? "

Maoi, niet, je ny crois pas. PASTEUR disait "Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène". Comme quoi la religion, c'est du "scientifique".
m
3 juin 2006 21:57
attends tu peux être plus claire s'il te plait?

je ne comprends pas ton point de vu?tu ne croit pas à quoi?
s
4 juin 2006 09:12
salut mari80
je n'ai jamais dit que le SURMOI etait seulement la religion...bien sûr l'education,les interdits locaux du pays y contribuent egalement.
pour la psychanalise:si tu as un "petit" probléme existentiel (ex:"je n'ai pas confiance en moi,j'ai peur du regrd des autres..."winking smileyalors tu peux y avoir recour pour chercher la source du probléme (dans l'enfance oû je ne sais quoi)au risque de t'y perdre...

cependant,si tu as un pb plus grave ou plus urgent (anxieté recente d'origine inconnue,dedoublement de personnalité...),il ya des remedes plus efficaces et plus rapides.
encore une fois,le psy ne t'ecoute pas pendant la sceance et c'est toi qui va raconter toute ta vie pour t'y perdre et essayer de trouver l'origine du pourquoi tu es comme ça...
ce n'etait qu'un avi...mais cet avi m'a sauvé une partie de ma vie.
m
4 juin 2006 09:38
bonjour siriusa,

je crois que tu as quelques apriori ou une mauvaise expérience de la psychanalyse.
il faut savoir qu'il existe plusieurs courants qui se declame "descendant" de Freud, aussi il faut être très mefiant et bien choisir avec qui tu va suivre une analyse.

lorsque tu parles de "remedes plus efficaces et plus rapides" fais tu reference au medicaments? parce que pour ma part les medicaments doivent vraiment être une solutions de dernier recours..
et puis on peut également faire une analyse à des fin purement intellectuel, et dans le but d'ameliorer ou d'analyser son rapport à soi ET aux autres sans pour autant présenter des sympthomes alarmants...

bisous siriusa
s
4 juin 2006 15:53
salut mari

c'est bien ce que je disais:si on veut faire de la psychanalise juste pour se "connaitre"un peu alors pourquoi pas.ça suppose avoir dutemps,(de l'argent),et d'aimer "s'analyser".dans ce cas,ce ne serait pas une maladie grave (syndrome depressif majeur,anxiété inconnue...)qui te pousseraient à faire de la psychanalise:ça te prendrait trop de temps et puis sans resultat...

je ne parle pas de medocs loin de là!il sont loin d'être efficace à la source du probléme.et en plus,ils peuvent aggraver le cas.
prenons un exemple:une personne d'habitude dynamique se plaind de depression et de ralentissement intelectuel:le medecin pourra prescrire du Prozac(anti depresseur).or le prozac peut "ralentir" l'individu comme un sedatif.la personne en question verra son etat s'agraver car elle n'arrive pas à retrouver son dynamisme habituel.

bon,tu me rassures,je vois que la psy pour toi peut être un moyen de se decouvrir et d'ameliorer ses rapports avec les autres.ce serait dans ce cas un moyen d'ameliorer sa vie sans pour autant chercher à guerrir une pathologie particuliére.

je n'ai jamais fait de psychanalise car vu le côut,je pense que ça doit être reservé aux cas trés graves..et non pas à une recherche de soi.dans ce derniers cas,il n'y a pas de maladie,ça arrive à tout le monde de se chercher.on peut se "retrouver" en s'investissant dans la vie associative,faire du sport...
r
4 juin 2006 16:30
il faut lire " Lettres à Nathanaël. Une invitation à la psychanalyse." c'est un livre écrit par Liliane Fainsilber il a été édité dans les editions harmattan , c'est le livre parfait pour les initiés.
A
4 juin 2006 16:54
Citation
Abdi2 a écrit:
"si on ne devait utiliser ou ne s'interesser qu'à des theories "islamique"je crois qu'aucunes sciences ne serait conforme à l'islam, tu crois pas?? "

Maoi, niet, je ny crois pas. PASTEUR disait "Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène". Comme quoi la religion, c'est du "scientifique".

Je crois pas qu'on puisse envisager le rapport entre science et religion comme étant un rapport antinomique. Ce que hélas! laisse supposer : "je crois qu'aucunes sciences ne serait conforme à l'islam" -à moins que je n'ai pas bien saisi le sens de cette formulationsmiling smiley
m
4 juin 2006 21:39
abdi2 oui tu as mal saisi, ma phrase est ironique et en réponse à une phrase de siriusa je cite:
"la psychanalise est non conforme à l'Islam,elle se base sur des theories athées mais qui peuvent sembler logiques... "

je crois qu'on est sur la même longueur d'onde en fait...winking smiley
s
4 juin 2006 21:59
Les musulmans sur le divan
[www.psy-desir.com]

par Fethi Benslama, Hamid Barrada, Renaud de Rochebrune

interview paru le 14 août 2005 dans Jeune Afrique l’Intelligent propos recueillis par ILLIS PAR HAMID BARRADA ET RENAUD DE ROCHEBRUNE

un document exceptionnel, long mais oh combien instructif et enrichisant

Citation
a écrit:

Introduction : Pourquoi la psychanalyse n’a-t-elle jamais vraiment réussi à s’implanter en terre d’islam ? Pourquoi, en retour, Freud et Lacan ne se sont-ils jamais intéressés au monothéisme musulman ? À ces questions - qui ne sont pas seulement théoriques -, le psychanalyste tunisien Fethi Benslama s’efforce d’apporter des réponses dans un passionnant entretien dont la seconde partie, plus spécialement consacrée au phénomène islamiste, paraîtra dans notre prochain numéro.
Le Tunisien Fethi Benslama (54 ans) exerce la psychanalyse depuis de nombreuses années. Il est également directeur du Relais social de la Cité universitaire internationale de Paris et professeur de psychopathologie à l’université Paris-VII. Il compte parmi les rares personnalités de l’univers « psy » à s’être toujours efforcé de jouer un rôle dans la cité en interrogeant, sans relâche et de toutes les façons possibles, les rapports entre psychanalyse et islam.
Nul n’est donc mieux placé que cet homme tout en rondeurs mais à la pensée tranchante pour évoquer les rapports entre psychanalyse et islam, mais aussi, à travers le regard d’un intellectuel qui est en même temps un praticien de la santé mentale, l’évolution tourmentée de la société musulmane et du monde arabe. En particulier la montée de l’islamisme et de sa composante terroriste.

nomenclature:

Jeune afrique/l’Intelligent :J.A.I

FETHI BENSLAMA : F.B


Jeune afrique/l’Intelligent : Très présente dans l’aire d’influence des deux autres monothéismes, la psychanalyse a très peu pénétré en terre d’islam et dans le monde arabe...

FETHI BENSLAMA : Détrompez-vous : elle n’est absente ni dans le monde arabe ni dans les pays musulmans en général. Il existe une société psychanalytique au Maroc, une autre au Liban. Même s’ils ne sont pas organisés, on trouve des psychanalystes dans beaucoup d’autres pays, de l’Algérie à l’Égypte et de la Tunisie à la Turquie. Ce dernier pays a été le premier dans la région à traduire La Psychanalyse à l’épreuve de l’islam. On estime qu’il y a aujourd’hui dans le monde musulman environ deux cents véritables praticiens. Sans compter ceux qui travaillent ou sont en formation en Occident, en France notamment. Il est vrai pourtant qu’on peut s’étonner de la faible pénétration de l’analyse dans cette partie du monde. Alors que toutes les autres disciplines liées aux sciences humaines y sont beaucoup plus présentes.

J.A.I. : Jacques Lacan disait, un peu en forme de boutade, que, leur rapport à la dimension symbolique étant ce qu’il est, « les Japonais ne sont pas analysables ». Diriez-vous, de la même façon, que les musulmans ne sont pas analysables ?

F.B. : Non. Lacan voulait dire qu’il y existe certaines limites au champ d’expansion potentiel de la psychanalyse, qu’elle ne peut pas partir sans retenue à la conquête de la planète. Dans ce cas précis, il évoquait surtout le fait que la langue japonaise ne comporte pas de lettres. Or, sans entrer dans les détails, on sait que le rapport à la lettre est essentiel dans la théorie lacanienne, car celle-ci est l’un des « marqueurs » de l’inconscient. Du moins, bien sûr, dans les langues qui comportent des lettres !

J.A.I. : Le cas de l’islam est-il si différent ?

F.B. : Pour l’islam, la question ne se pose pas en ces termes. D’une manière générale, le développement de la psychanalyse est étroitement lié à la fois au monothéisme et à l’émergence d’un monde fondé sur la science. Pour qu’elle ait droit de cité dans un pays, il faut qu’un certain nombre de conditions soient remplies. La première, fondamentale, est qu’il faut que l’approche de la folie devienne scientifique, grâce à la mise en place dans le système de santé d’un secteur psychiatrique sur lequel viendra se greffer la psychanalyse. Or, si l’on regarde le monde musulman, on s’aperçoit que, sauf dans quelques pays très modernisés, le traitement de la folie et de la souffrance psychique reste soumis à des théories et à des pratiques fondées sur la démonologie, l’animisme...

J.A.I. :... et la religion ?

F.B. : Oui, mais ce n’est peut-être pas le plus important dans la mesure où la religion elle-même peut subir l’influence de la science. En France, par exemple, l’attrait pour la psychanalyse, au début du siècle dernier, n’a pas été limité par le fait que les sujets étaient encore marqués par l’empreinte religieuse.
La deuxième condition a trait à l’existence d’un État de droit et d’un environnement démocratique. Car l’exercice de la psychanalyse suppose qu’on accepte un certain type de parole, de liberté avec la parole. Il faut que ce que quelqu’un va dire dans le lieu où se déroule une analyse, suivant le principe de l’association libre, ne puisse en aucun cas être utilisé contre lui à des fins policières, dans le cadre d’un quelconque système de répression. Il faut que l’État de droit sauvegarde et garantisse tant soit peu la possibilité pour un patient de tout dire, mais aussi, pour des institutions psychanalytiques, de travailler. Or on voit qu’un État comme la Tunisie, pourtant résolument moderne, refuse de reconnaître, sans qu’on n’arrive à comprendre vraiment pourquoi, une société psychanalytique qui y a été créée. Finalement, cette société a dû s’allier avec une consœur française pour obtenir, à l’extérieur, un début de reconnaissance...
Un troisième facteur limite l’essor de la psychanalyse en terre d’islam : le discours très répandu tendant à présenter la psychanalyse comme une « science juive ». Il faut dire que la psychanalyse est l’une des rares disciplines, peut-être la seule, à avoir été inventée par un seul homme. Mais Sigmund Freud, même s’il ne reniait pas ses liens avec le judaïsme, n’était pas du tout religieux et se proclamait même athée. Dès les années 1920, il a pris des positions extrêmement courageuses. À un groupe de juifs qui lui demandait de soutenir le sionisme, il a répondu que ceux qui allaient s’installer en Palestine allaient immanquablement provoquer des troubles avec les Arabes, qu’ils n’avaient aucune raison d’aller là-bas.
On reproche encore à la psychanalyse son athéisme. Mais Freud, en tant que psychanalyste, cultivait ce que l’on pourrait appeler un athéisme suppositionnel : pour travailler, pour penser, on suppose que Dieu ne se mêle pas de tout. Ce qui était d’ailleurs, à l’époque, la position de nombreux savants, y compris musulmans, qui ne faisaient pas intervenir Dieu dans leur recherche.
Enfin, l’Université, pourtant ouverte à l’enseignement et à la diffusion de beaucoup d’autres sciences humaines, n’a pas aidé à faire évoluer les choses dans les pays musulmans.

J.A.I. : Cette difficulté de la psychanalyse à pénétrer en terre d’islam n’a-t-elle pas aussi des raisons plus théoriques ? Ne dit-on pas que le complexe d’Œdipe, qui est au cœur de la théorie freudienne, n’est pas universel...

F.B. : L’inanité de ce genre d’affirmation a été démontrée. Nous avons eu suffisamment de musulmans sur nos divans pour constater qu’ils ne sont pas différents des autres patients, qu’ils n’affrontent pas une problématique œdipienne différente. Il n’y a donc pas d’obstacle théorique, ou même simplement technique, à l’analyse de musulmans. Sauf peut-être dans le cas de sujets très religieux, très croyants...

J.A.I. : Justement, comment un patient très croyant peut-il admettre le surgissement de phénomènes inconscients, quand tout, à commencer par ses propres symptômes, se ramène pour lui à la volonté divine, au « Inch’Allah » ?

F.B. : Par expérience, je peux vous dire que lorsque des gens viennent vous voir avec une demande sincère, avec une vraie souffrance psychique, il y a souvent au début, notamment avec les jeunes, des interrogations sur la question religieuse. Mais, en général, celle-ci est très vite laissée de côté. C’est le travail de l’analyste, d’ailleurs, de tout faire pour éviter qu’on aborde frontalement ce qui risque de créer de la résistance à l’analyse, d’enfermer le patient dans une voie sans issue. Quand celui-ci a pu faire un pas de côté, il se préoccupe vite d’autre chose. Ce n’est qu’ensuite que la question reviendra, mais sous une autre forme : ayant acquis une certaine liberté ou une certaine mobilité psychique, le sujet pourra l’aborder avec un sens critique. Il s’apercevra, par exemple, que le fondement de la religion, et ce n’est pas seulement vrai pour l’islam, c’est la culpabilité. Et que cette culpabilité est, dans sa vie, une entrave considérable. Quand on l’amène à réexaminer la situation au niveau de sa propre histoire, de ses symptômes, les choses se déplacent et on arrive à travailler sans blocage.

J.A.I. : On dit parfois que les chrétiens et les juifs ont beaucoup plus tendance à culpabiliser que les musulmans, lesquels préféreraient plutôt culpabiliser... leur prochain. Et les islamistes plus encore que les autres !

F.B. : Je ne suis pas d’accord du tout. Si l’on s’intéresse aux islamistes, on voit bien à quel point ils sont concernés par la culpabilité. Afin d’attirer des jeunes, ils jouent de ce ressort. Sous toutes ses formes. Car la culpabilité, ce n’est pas seulement ce sentiment que l’on peut ressentir quand on a fait quelque chose. Comme la psychanalyse l’a montré, on peut n’être coupable de rien et éprouver un sentiment de culpabilité. La culpabilité peut même précéder l’acte qui sera supposé la justifier. C’est souvent très clair chez les délinquants : le sujet exerce une violence pour tenter de trouver une cause à cette culpabilité qui le mine ! La pire des culpabilités, en effet, est celle qui est inconsciente, on ne peut pas immédiatement y associer une raison évidente.

J.A.I. : Face à la psychanalyse, il n’y a donc aucune spécificité des musulmans ?

F.B. : Il faudrait d’abord s’entendre sur le terme. De quels musulmans parle-t-on ? Je prétends que le musulman en général n’existe pas. Il y a des musulmans, très différents les uns des autres. Ne serait-ce que parce qu’ils appartiennent à des temps historiques différents. Il y a le musulman qui appartient au monde traditionnel, qui n’a pas perdu ses repères et entend les conserver. Il y a le musulman pour lequel la tradition ne suffit pas et qui veut en revenir à quelque chose de plus fondamental, selon la voie des salafistes. Il y a le musulman qui accepte la modernité sans rejeter la tradition et adopte une position de compromis. Et il y a ceux, enfin, qui continuent à se dire musulmans mais n’ont plus que des traces de foi...

J.A.I. : Du point de vue psychique, existe-t-il des différences ou des ressemblances entre les différentes régions du monde arabe ?

F.B. : Oui, il y a sans doute une spécificité du Maghreb par rapport au Moyen-Orient, qui fait que, par exemple, un Tunisien a peu de points communs avec un Saoudien. Il est sans doute plus proche d’un Italien du Sud...

J.A.I. : Tous les Arabes se réfèrent pourtant à la même langue. Or l’on sait que la psychanalyse accorde une importance majeure au rapport du sujet à la langue...

F.B. : La grande différence réside en effet dans les langues, et même dans les idiomes, l’arabe de l’Égyptien n’étant pas, bien sûr, celui qu’on parle au Maroc. Car c’est par la langue maternelle que passent tous les processus de traduction consciente et inconsciente des événements de la vie psychique. Pour la psychanalyse, l’important est cependant moins la langue qu’on parle que celle au travers de laquelle « on a été parlé ». C’est-à-dire la langue dans laquelle on a été élevé dans son jeune âge, dans laquelle on a reçu les premiers soins, dans laquelle, avant même notre naissance, nous avons existé en étant déjà nommés. Le sujet humain est « parlé » avant même de parler lui-même. Et quand il se met à le faire, c’est à partir de cet immense discours déjà tenu à son propos. Et d’une langue qui structure son univers psychique. Personnellement, j’ai été élevé en Tunisie et, même si je parle bien le français, ma parole sera toujours connectée en priorité avec la langue de mon enfance. Les signifiants d’une langue ont des articulations, des cohérences, et c’est cela l’essentiel dans la formation du psychisme.

J.A.I. : Avez-vous besoin de passer par la langue arabe pour travailler avec certains patients, pour pouvoir interpréter certains de leurs propos, même quand la cure est menée en français ?

F.B. : Bien entendu. Mais ma clientèle étant internationale, cela ne joue pas que pour l’arabe. Quand je ne connais pas la langue maternelle d’un patient, il me paraît parfois important qu’il m’explique l’étymologie d’un mot ou le sens d’une expression. Il se passe parfois dans une cure des choses très étranges qui donnent l’impression d’une sorte de traduction d’inconscient à inconscient. Un jour, une patiente algérienne qui n’avait pas l’arabe pour langue maternelle, mais le berbère, que je ne comprends pas, me parle en français d’un rêve ou plutôt d’un cauchemar. Sans entrer dans le détail, elle voyait, en sortant de chez elle, un lapin dans le jardin. Moi, faisant mon travail d’analyste, je fais une association, et ce lapin, je ne sais pourquoi, m’évoque un fœtus. Je lui demande alors comment on dit lapin en berbère. Elle répond. Je lui demande alors si le mot qu’elle vient de prononcer a un autre sens et elle me dit qu’il signifie aussi... fœtus.

J.A.I. : Certains Maghrébins soutiennent qu’ils ne peuvent dire « je t’aime » dans leur langue d’origine et ne peuvent le faire qu’en français...

F.B. : Là, on a affaire à des gens qui maîtrisent deux langues et ont le choix de celle dans laquelle ils vont s’exprimer. Car l’Arabe qui ne maîtrise pas le français trouve bien une façon d’exprimer un tel sentiment. D’autant que l’arabe est la langue de l’amour par excellence et qu’il possède des milliers de mots pour dire, au moins métaphoriquement, « je t’aime ». Mais quelqu’un peut estimer que dans une autre langue il est plus facile de pratiquer l’exogamie, la recherche de l’altérité, qui peut être une dimension de l’amour. On sait bien que, pour cette raison, certains recherchent leur objet d’amour dans une autre culture que la leur.

J.A.I. : Un musulman sur un divan, dites-vous, cela n’a rien de spécifique. Mais un émigré ?

F.B. : Un émigré, certainement. Même quand cette émigration est ancienne ou n’a pas été vécue directement. On est là dans une problématique de la rupture avec sa langue, les siens, son pays d’origine. Et cette rupture, cette confrontation avec la dimension de l’exil, a des conséquences. Pour certains, elle produit un effet traumatique : ils passeront alors une partie de leur vie à réagir en fonction de ce traumatisme, à l’« élaborer », comme disent les psychanalystes. Pour d’autres, ce n’est pas si grave, même si cela reste important. Certains vont vouloir à tout prix agir, entreprendre. Ils éprouveront un désir extraordinaire de trouver une place dans la société où ils vivent. D’autres, en revanche, vivront l’exil comme un obstacle qui les empêche de faire quoi que ce soit. Souvent, si cela se passe mal, c’est parce que cette rupture vécue directement par les parents n’a pas été « élaborée » par la génération précédente, voire celle d’avant : on a fait comme si elle n’avait pas eu lieu. Il arrive que des enfants de migrants se trouvent devant des parents qui ne leur ont jamais parlé de leur pays d’origine, qui sont restés muets sur les raisons et la souffrance de l’exil. D’autant que cet exil peut avoir été vécu à la fois comme la réalisation d’une sorte de rêve - celui de partir ailleurs - et comme un acte accompagné d’une immense culpabilité, comme s’il s’agissait d’une transgression, voire d’une trahison. Or ces sentiments sont transmis aux enfants à leur insu.

J.A.I. : Ce qui est grave, c’est donc de refouler tout ce qui concerne l’exil ?

F.B. : Dans ces cas difficiles, il n’est pas seulement question de refoulement mais, je l’ai dit, de traumatisme, ce qui est plus grave. Selon la théorie de Freud, on ne se dit jamais qu’on a subi un traumatisme au moment où il a lieu. Ce n’est qu’après coup, quand quelque chose vient rappeler l’événement traumatique, qu’on s’aperçoit qu’on l’a subi. Apparaît alors ce qu’on appelle le « retour du refoulé » : on s’aperçoit que le fait traumatique lui-même avait été refoulé. À partir de ce moment-là, il devient possible de réélaborer son histoire. Mais il y a une autre théorie du traumatisme, celle d’un disciple de Freud, Sandor Ferenczi. Elle évoque le rejet d’une partie de soi-même qui accompagnerait le traumatisme. Et ce qu’on remarque chez les migrants qui souffrent le plus semble corroborer cette seconde théorie.
Il y a dans Mémoires d’immigrés, le célèbre documentaire de Yasmina Benguigui, une scène qui illustre ce phénomène. Un Maghrébin quitte son pays en bateau et, au moment où celui-ci prend le large, il jette sa chechia dans la mer. Un geste fréquent, avec des variantes, quand on part loin de son lieu d’origine et qui semble traduire une propension au rejet d’une partie de soi-même. Le plus souvent, ceux qui ont vécu cette sorte d’automutilation ne s’en souviennent pas. Ils se sentent diminués, mais ne savent pas pourquoi. Ils ignorent ce qu’ils ont rejeté d’eux-mêmes et vont donc le rechercher en vain.
À la demande d’un juge, j’ai reçu un jour un Tunisien et son fils, Ali, qui avait agressé une femme dans la rue. Le père, qui travaillait en France depuis trente ans, m’a expliqué que l’adolescent avait été gravement et durablement perturbé par un événement survenu alors qu’il avait 7 ou 8 ans, en Tunisie : un jour qu’il revenait de l’école, d’autres garçons avaient déchiré ses cahiers. N’ayant pas réussi à le faire soigner là-bas, le père avait décidé de ramener son fils en France, avec sa mère, en laissant au pays ses autres enfants, qui, majeurs, n’avaient pas droit au regroupement familial. Le fils ayant confirmé les dires de son père, je me suis dit que je reparlerai de cela avec lui au cours d’un prochain entretien. Et puis, au moment de partir, le père me dit : « Vous voyez, Ali a déchiré notre famille. » Ce retour du thème du déchirement m’a évidemment frappé. « Mais Monsieur, lui ai-je répondu, c’est vous qui avez décidé de partir, c’est vous qui avez déchiré votre famille. » Le père voyait dans son fils l’agent du déchirement familial, alors qu’il en était seul responsable. Et voilà pourquoi Ali allait si mal : il portait cette souffrance familiale à la place de son père, sans pouvoir le reconnaître, dans le silence et le mutisme. Du coup, après cette intervention, c’est le père qui s’est effondré et qui a commencé un traitement avec moi...

J.A.I. : La situation est-elle semblable pour tous les exilés, qu’ils viennent, par exemple, du nord ou du sud du Sahara ?

F.B. : Quand on travaille sur la clinique de l’exil, on s’aperçoit que les différences culturelles ne jouent aucun rôle. Ce qui est important, c’est la façon dont un homme vit son déplacement, la façon dont il parvient, avec ses ressources psychiques, à surmonter les effets de la rupture, le déchirement dont nous venons de parler. Je m’inscris donc en faux contre les théories de ceux qui, comme Tobie Nathan, s’imaginent pouvoir soigner les gens avec leur culture. À tant faire, pourquoi ne pas aller chez les guérisseurs ?

J.A.I. : La psychanalyse, disiez-vous, est inséparable du monothéisme...

F.B. : La psychanalyse, je le répète, est née avec le monde moderne, avec l’apparition du sujet moderne, du sujet de la science. Un sujet, autrement dit, qui se met à penser son existence à partir de la rationalité scientifique. Ce qui est très particulier puisque la science, en même temps, élimine la question du sujet : lorsqu’on est dans un univers scientifique, on ne prend pas en compte a priori la subjectivité. Mais Freud a replacé la question de la subjectivité au centre de ses préoccupations, en la traitant selon une démarche scientifique. Alors, pourquoi ce rapport au monothéisme ? Justement, parce que là où la science apparaît et devient dominante, l’ancien sujet, qui était un sujet religieux, a été chassé, éliminé. La religion n’est plus désormais qu’un élément privé. Dieu ne gouverne plus le monde, il est, si l’on peut dire, désactivé. Il y a donc une sorte de déconnexion avec ce qui était à la base même de la subjectivité. Tout ce qui concerne la religion va être, d’une certaine manière, rejeté. Même si cela reste actif de façon inconsciente.
Que tout cela se passe dans l’univers des religions monothéistes n’est cependant pas un hasard. De manière quelque peu paradoxale, on pourrait soutenir que les monothéismes sont naturellement ouverts à la science, voire que la science y est déjà potentiellement présente. Le Dieu unique, en effet, est à la fois présent et absent : il n’appartient pas à la nature, il est inaccessible. Chez les musulmans et les juifs, on ne peut même pas le nommer. Sa présence est immatérielle, abstraite. Et c’est cela qui pourrait avoir servi de modèle à ce fondement de la science qu’est l’abstraction, qui aurait permis l’avènement de la science, l’émergence d’un univers scientifique. De fait, c’est bien dans l’aire des trois religions monothéistes que, dans les temps modernes, on a le plus développé des savoirs et des discours scientifiques. Lesquels, pour exister, impliquent un athéisme suppositionnel.
Dans la Bible, il apparaît que Dieu a dû s’écarter pour créer le monde, créer un espace pour que le monde soit possible. Il apparaît qu’il a inventé les créatures et le monde pour être reconnu par eux, qu’il lui a fallu en passer par le monde et les hommes pour se faire connaître. Et s’il a dû avoir recours à l’altérité, c’est qu’il n’était pas suffisant à lui-même. Ce passage des textes sacrés a constitué pour les grands mystiques musulmans, à commencer par Hallaj, au Xe siècle, ou Ibn Arabî, au XIIIe, une source d’inspiration. Ibn Arabî disait que « la créature est créatrice de son créateur ». Une phrase qui suppose, pourrait-on dire, un certain athéisme, même si Ibn Arabî n’était évidemment pas athée, puisqu’il soutient que le sujet de Dieu est en même temps créateur de Dieu.

J.A.I. : Freud et Lacan ne se sont pourtant pas intéressés de la même façon aux trois monothéismes : ils ne se réfèrent que très rarement à l’islam. Cela explique-t-il le relatif désintérêt du monde musulman pour la psychanalyse ?

F.B. : Je ne le crois pas. Certes, l’Occident européen ne s’est jusqu’à récemment pas beaucoup intéressé à l’islam. Depuis les Croisades, au moins, celui-ci appartient à un autre monde. Tout naturellement, le monothéisme n’y a été pensé qu’à partir du judaïsme et du christianisme. Et Freud ne fait pas exception à la règle. Mais la principale raison du désintérêt que vous signalez est ailleurs. Le sujet de la science n’a pas encore vraiment émergé dans le monde musulman, qui reste très attaché à la tradition. Lorsque, à partir de la moitié du XIXe siècle, il a hérité des acquis de la science, il n’a pas remis en question ses fondements et a considéré ces acquis comme des choses venues d’ailleurs, fascinantes, sans doute, mais à introduire très progressivement. Ce n’est que depuis trente ou quarante ans que la question de l’introduction du sujet de la science est devenue essentielle.
Par ailleurs, il est vrai que la faible participation des musulmans aux productions intellectuelles du monde contemporain n’a pas favorisé leur rencontre avec la psychanalyse. À quelques rares exceptions près, très récentes du reste, les penseurs musulmans ne se sont pas d’eux-mêmes positionnés comme des interlocuteurs des psychanalystes.

J.A.I. : Le titre de votre dernier livre (La Psychanalyse à l’épreuve de l’islam) semble indiquer que vous-même hésitez à mettre l’islam à l’épreuve de la psychanalyse, préférant la démarche inverse...

F.B. : J’ai choisi ce titre surtout pour indiquer ce que je n’ai pas voulu faire. J’examine un problème qui concerne la psychanalyse, et pas seulement les musulmans. Je ne voulais pas que ce livre s’inscrive dans une démarche orientaliste, mais qu’il s’adresse d’abord aux psychanalystes et à ceux qui s’intéressent à cette discipline, pour les amener à se dire : l’islam est une question qui nous concerne. Ma priorité, c’était d’apporter à la psychanalyse un savoir dont elle ne disposait pas, même si, bien sûr, j’ai aussi traité les autres aspects du rapport islam-psychanalyse, mettant souvent l’islam à l’épreuve de la psychanalyse.

J.A.I. : Quel est donc ce savoir que vous souhaitez apporter ?


F.B. : Il concerne deux domaines. D’abord, je voulais, et c’est l’objet de la première partie du livre, examiner la manière dont émergent sous nos yeux, comme dans un laboratoire, un sujet et des sociétés modernes dans le fracas et la violence dont le monde musulman est le théâtre. Un fracas, une violence, des affrontements, parfois une psychose de masse, que l’Europe a d’ailleurs connus quand elle était confrontée au même problème et qu’elle a oubliés depuis. Aujourd’hui, ce n’est pas l’islam, comme on le croit trop souvent, qui pose problème, c’est sa rencontre avec le monde de la science. L’islamisme, à cet égard, apparaît comme un symptôme : celui de l’éclatement du monde de la tradition.


La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam

Fethi Benslama Editions Aubier (2002) ISBN : 2-7007-2426-7. (21€) 334 pages
A
4 juin 2006 22:40
Citation
mari80 a écrit:
abdi2 oui tu as mal saisi, ma phrase est ironique et en réponse à une phrase de siriusa je cite:
"la psychanalise est non conforme à l'Islam,elle se base sur des theories athées mais qui peuvent sembler logiques... "

je crois qu'on est sur la même longueur d'onde en fait...winking smiley

Ok, message reçu. A part ça, je n'y connais rien en psychanalyse. Mais une remarque tt de même: ici, au Maroc, peu de gens semblent attirés par la psychanalyse. Difficile de nier que cette attitude tient, entre autres, au fait que les gens n'ont pas beacoup de moyen, ne croient pas trop à ces magiciens que sont les psychanalistes, psychologues et autres psychiatres. Cela tient également, et c'est là l'intérêt de la chose, que comparés aux français (ou, de façon générale, les personnes habitant la France) gros consommateurs des tranquillisants, les marocains, de manière générale, n'en consomment que peu. Et pour cause : les thérapies de groupe fonctionnenet à merveille ici. t'as un problème? Ok, t'as 10 dirhams? Ok, Qu'à cela ne tienne. Invite un de tes copains, un ami, qq'un habitant le même palier, ou même, en cas de pénurie des conaissances, un passant. Mets-le en confiance. demade de ses nouvelles. Et puis assomme-le en déballant tous tes problèmes d'avant la naissance jusqu'au jour que tu l'as rencontré- jour qu'il n'est pas prêt d'oublier. voilà. et ce sera vite fait bien fait. Tu verras qu'est-ce qu'on se sent mieux après. Tant pis c'est lui (ou elle), malheureuse poire, se sent moins bien. Pourquoi aller donc se faire bassiner chez un psychiatre (ou psychanalyste)? c'est une perte de temps et d'argent. Le remède c'est celui que je viens de décrire -j'allais dire prescrire.Oksmiling smiley
s
5 juin 2006 00:10
Citation
Abdi2 a écrit:
Mais une remarque tt de même: ici, au Maroc, peu de gens semblent attirés par la psychanalyse.


La psychanalyse au maroc: symbole de changement ou changement de symboles ?
Le Maroc entre inter-dit et transgression:

Réponse avec un spécialiste.


Le prix international Sigmund Freud, considéré comme le " Prix Nobel de psychothérapie ", a été décerné au Dr Jalil Bennani. Ses travaux et ses publications font de ce chercheur un des pionniers de la psychanalyse au Maroc. Interview d’un praticien de l’inconscient.


Afrik : Quand vous avez ouvert votre cabinet à Rabat, quel a été votre premier contact avec vos patients ?


Jalil Bennani : C’est une bonne question. Quand je suis arrivé, il n’y avait pas toutes ces associations, ni d’écoles ou d’institutions comme en Europe. Je me suis d’abord installé comme psychiatre, et c’est en tant que psychiatre que j’ai rencontré des gens qui avaient besoin d’être écouté. Quand vous voyez un patient, soit vous vous limitez au niveau de son histoire et de ses troubles, soit vous approfondissez. Cela dépend aussi du patient : il y a des gens qui veulent se limiter à leurs symptômes et qui attendent simplement une prescription...


Afrik : Vous avez beaucoup travaillé sur le choc des cultures. Pensez-vous que la pratique de la psychanalyse soit différente au Maroc et en Europe ?


Jalil Bennani : Pour moi, ça ne doit pas être différent. L’inconscient est universel. Mais ses manifestations peuvent se décliner de façons différentes selon les cultures. Ce qui est différent, c’est le mode d’approche. La première demande... l’expression des manifestations. Des comportements trop hystériques ou trop obsessionnels peuvent ne pas être significatifs ici et être des névroses ailleurs. Mais il n’y a pas trente-six inconscients, il n’y en a qu’un seul. Chaque langue a son registre de représentations métaphoriques, il y a des mondes symboliques et différentes façons d’approcher l’humain, mais le fond est universel. Et je suis heureux que ce soit une théorie qui trouve aujourd’hui des échos.


Afrik : Malaise dans la civilisation... Est-ce que vous pensez que l’introduction de la psychanalyse dans la société marocaine mette cette société en question ? Est-ce que vous diriez que la psychanalyse est un élément subversif ?


Jalil Bennani : Je ne la poserais pas en tant que subversive mais en tant que pratique de la modernité. La société marocaine est pleinement engagée dans un processus de modernité par la remise en question des structures traditionnelles, la remise en question de l’autorité patriarcale et de tabous anciens concernant le mariage, la virginité... Et la psychanalyse accompagne ces mutations. Elle est possible aussi parce qu’il y a ces changements au Maroc.

Afrik : Pensez-vous que la psychanalyse est un luxe ?


Jalil Bennani : Dans tous les pays du monde, la psychanalyse en tant que pur type s’adresse à une minorité. Cela dit, si vous prenez un pays comme la France, la psychanalyse a largement imprégné l’éducation, la pédagogie, les institutions, etc. C’est un luxe au niveau individuel pour beaucoup de gens qui n’en ont pas forcément besoin, mais au niveau de son versant public, de sa théorisation et de son imprégnation des différents champs sociaux, elle est un facteur d’ouverture essentiel. Elle apporte une autre grille de lecture et ouvre les frontières de la liberté.

[www.afrik.com]
A
5 juin 2006 07:10
Au fait, face à des difficultés "existentielles" ou même concrétes, on peut avoir recours à d'autres formes de psychothérapie, dont certaines inspirées de la psychanalyse et d'autres pas.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/06/06 08:37 par Abdeslam.
c
6 juin 2006 17:02
La psychanalyse est encore un sujet très tabou dans l'esprit du maghrébain. Peur de paraître fou. Peur d'être manipulé. Ce peut être une chance pour beaucoup de gens de se soigner des maux de l'âme. En France, les séances sont remboursées à 100% si vous êtes mutualistes ou si vous bénéficié de la CMU (soins gratuits pour revenus très bas). C'est trop la "hchouma" de parler de ses problèmes, alors ça fait que des milliers de gens se terrent dans leur silence, leur douleur, leur névrose et certains , très souvent dans les familles maghrébines, utilisent leurs enfants comme bouc-émissaires de leur souffrance et perpétuent ainsi la tradition des névroses. Parents névrosés, enfants névrosés devenant adultes parents névrosés. C'est sur le système de l'éducation qu'il faut vraiment commencer à travailler sinon, il y aura toujours des êtres- pour aller à l'extrême- prêts à se jeter dans des tours à New York ou ailleurs, premières victimes de leurs souffrances. On pourrait approfondir mais le temps m'est compté. ciao
s
6 juin 2006 20:31
Citation
a écrit:
Parents névrosés, enfants névrosés devenant adultes parents névrosés. C'est sur le système de l'éducation qu'il faut vraiment commencer à travailler sinon,

je crois que tu touches la vérité.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/06/06 20:34 par souheil.
s
11 juin 2006 02:45
Citation
mari80 a écrit:
je ne "dois" pas en faire une bientôt...
par contre pourquoi pas en faire une... oui
alors ton avis?

salam j voudrai repondre à celle ou celui qui dit que c est non conforme à lislam: je ne suis pas d accord avec vous!

le fait que la seour qui avait envie de sortir avec quelqu un ait compris les origines de cette envies et le conflit entre MOI ET SURMOI l aiderait mieux-je trouve- à se controler et à savoir mieux ecouter son SURMOI ! la psychanalyse ne cherche pas à nous faire suivre nos impulsions les plus primitives,celles de l inconscient, tout ce qui a été refoulé tout au fond: elle nous fait prendre consciences de ces envies, elle nous dit: voilà ca existe au fond de vous! ca nous aprend donc à mieux connaitre nos envies et donc à mieux les gerer! tout en restant bien evidemment dans le cadre sacré des principes de lislam. cette fille là aurait du cherchr un mari voilà tout!
comme ca elle aurait satisfait son besoin tout à fait naturel de se retrouver avec un homme à ces cotés. et la psychanalyse lui en aurait fait prendre conscience!
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