"Regardez!" clame t-il en silence, de toutes ses dents, de tous ses cheveux, de sa démarche suffisante. Et de fait, comme sous hypnose, le public en otage le regarde de tous ses yeux, leur cœur battant à l'unisson d'admiration et de jalousie. Il s'avance et son regard blasé, son nez tutoyant le ciel, suffisent comme passe-droit. Quelle confiance étrange dans cette voix de fausset! Quelle magie vulgaire dans le ploiement de principes de ces honorables dames et messieurs!
"Regardez-moi!" quémande encore le roi, esclave de son orgueil, tandis que seules des coquilles blêmes lui répondent. Car il se heurte, le pauvre hère, à quelque regard haineux, à quelque indifférence, à son propre reflet vide de sens qui le foudroie dans sa chair musculeuse.
"Regarde-moi!" supplie t-il presque à présent que le temps a coulé sur son visage triste, comme il se déversa sur la foule haineuse qui ricane après l'avoir adulé. Mais même son reflet détourne les yeux et seuls les souvenirs de ses frasques révolues, magnifiées dans son esprit brumeux, parviennent encore à le faire sortir.
"Ne me regardez pas!" hurle l'indigent surpris dans une détestable posture. Il doit rendre des comptes à présent, à la foule cruelle venue arracher son honneur et son sang. "Ne me regarde-pas!" soupire t-il au regard accusateur de celles qui peuplent ses rêves, abandonnées à leurs désillusions, qui attendent une cuisante revanche de l'autre côté...