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L'ombre d'une amitié
4 octobre 2013 23:48
As-Sâlamu `alaîkum

Elle était fabuleuse, fantastique... Elle était Fatima.

Nouvelle arrivée dans ma classe. Une jeune enfant aux cheveux châtains et au visage doux. Son nez court et ses grands yeux pétillants lui donnaient un air de chat. Elle s'était timidement assise et étalait soigneusement ses fournitures au regard de tous. Son cartable tendance et sa trousse au motif dalmatien l'ont aidée à se faire accepter de tous et particulièrement de moi. Du haut de mes huit ans, j'avais senti à son entrée une chose spéciale. J'avais été frappée par sa gentillesse et sa présence était très appréciable. Une sorte d'alchimie avait opérée entre nos cœurs innocents d'enfants.

Rapidement nous nous sommes liées d'une amitié profonde. Les récréations ne nous suffisaient pas ni les heures passées côte à côte en géographie. Les mercredis après-midi représentaient une aubaine de se voir à la bibliothèque. Inséparables nous étions devenues. Une vive jalousie brûlait à l'intérieur de chacune de nous lorsqu'on apercevait l'autre entourée de camarades. Fatima, elle ne se partageait pas.

Les dix années à ses côtés sont le reflet de la première. Une complicité extraordinaire, une confiance absolue et des éclats de rires à longueur de journée. Innombrables sont les moments de bonheur qu'elle m'a offerts. Jamais je n'avais imaginé qu'un simple être humain pouvait aussi bien me comprendre. Elle était mon miroir. Ses conseils, ses paroles réconfortantes et ses encouragements m'ont forgée et m'ont accompagnée jusqu'à mes dix huit ans, âge qui marque la fin d'une ère fabuleuse.

Nos chemins qui jusque là ne faisaient qu'un, se sont brutalement scindés en deux. Aucune querelle ne pouvait expliquer cette terrible tournure, je voyais mon étoile filer sans pouvoir m'y accrocher. L'incompréhension me gagnait au fil des jours. Il me restait d'elle que cette lettre qu'elle m'avait écrite pour mon anniversaire. Irrévocablement j'avais perdu Fatima et je l'ai compris dès lors que lorsque nous nous croisions, nous nous saluions le regard fuyant. Ce n'était pas nous. Le sourire que nous affichions dissimulait le chagrin qui nous consumait.

Pourquoi? C'était l'interrogation qui me hantait. Lui avais-je fait du mal? Peut-être m'en voulait-elle de n'avoir pu décrocher son baccalauréat? Pensait-elle que mon entrée en faculté me changerait?

Quatre longues années de sourires dénués de toute émotion. Un malaise étouffant se glissait dans les saluts que nous nous échangions furtivement. Nous étions devenues deux inconnues. Pourtant les occasions ne se sont suivies de nombreuses fois. Les dîners entres amies où nous étions toutes les deux conviées auraient pu me pousser à lui souffler quelques mots à l'oreille mais nous nous contentions de faire semblant.

J'ai décidé, non sans difficulté, de mettre fin à cette hypocrisie dévorante. Ce soir j'ai demandé à Fatima de quitter la table à laquelle nous mangions. Sur son visage se lisait une forte gêne mais dès l'instant où je l'ai interpellée, elle savait ce que je m'apprêtais à lui dire. Le cœur qui palpite, je me dirige vers la sortie du restaurant. L'usage des mots me paraissait soudain si difficile.

Je me suis alors lancée la voix tremblotante. Je me retenais de verser les larmes que mes yeux gorgés ne pouvaient plus contenir mais j'ai éclaté en sanglots quand j'ai vu les siennes. Elle était aussi blessée que moi. Nous avons tenté de découvrir l'origine de notre séparation mais ni elle ni moi ne savions. Nous nous sommes nourries pendant des années de fausses idées et de non-dits. Croyez moi c'est encore plus douloureux de comprendre qu'absolument rien ne pouvait nous éclairer.

Je me suis sentie libérée. Elle n'était pas en colère contre moi. Je me suis déchargée de ce lourd poids qui pesait sur mes épaules. Quel soulagement de pouvoir me confier à celle qui connaissait tout de moi autrefois.

Un câlin a naturellement clôturé notre conversation. Une seconde plus tôt elle m'avait proposée de noter son numéro de téléphone, ça aurait dû me faire plaisir sauf que ça m'a davantage briser le cœur. Je m'étais aperçue que j'avais l'ancien numéro, symbole d'une ancienne amitié...

A l'instant où je vous écris j'ai conscience de l'avoir définitivement perdue ma Fatima mais je prie Allah pour qu'Il puisse faire fleurir entre nous une nouvelle amitié.

Merci de m'avoir lue.

MissNôrah



Modifié 4 fois. Dernière modification le 05/10/13 00:11 par MissNôrah.
5 octobre 2013 10:44
Salâm MissNôrah,

Le temps passe... Le temps passe...
Le temps passe, certes... Et il t'enseigne, alors apprends ; il te montre, alors regarde.

Ton post fait réfléchir aux rencontres qu'on pouvait faire, combien on pouvait être persuadée que c'était "le bon", "celle qui nous faut"... Regarde autour de toi, nombreuses sont les personnes qui savent de quoi tu parles, parce qu'elles ont déjà ressenti cette espèce de vide, cette impression de gâchis... Et pourtant, elles avancent, bon gré, mal gré !
Il ne reste alors que la nostalgie, les bons souvenirs et quand on y pense, un sourire se dessine... Voilà ce qu'il faut en garder. Rien de plus, rien de moins.

Pourquoi la vie met sur notre chemin une personne, si un jour elle devrait s'en aller, et qu'il nous faudrait alors l'oublier ? Pourquoi faire naître les sentiments si c'est pour avoir à les faire disparaître ?

Vois-tu, rien n'est le fruit du hasard, pas même les petites conversations échangées.
En toute chose se trouve un bien : le destin nous lie parfois à quelqu'un avec qui pendant un temps on se reconnait, on avance, on progresse... On croise des personnes auxquelles on s'attache parce qu'à ce moment là elles nous correspondent, parce qu'elles nous apportent un bien, parce qu'elles nous marquent...
Et puis, il arrive que le destin en décide autrement. Viens alors le temps de continuer seul, chacun de son côté, en évitant de trop regarder dans le rétro...
Partager un bout de chemin ensemble peut te changer pour toute une vie. Certaines expériences ont cette vocation, mais d'autres non. Le tout est de savoir prendre les bienfaits de ces rencontres.

Ce qu'il faut se dire, au fond, c'est : que cette expérience soit courte, longue, pleine d'embûches ou d'agréables surprises, il nous faut en tirer profit, fut-il infime. On en tire toujours une leçon qui nous permet de mieux rebondir. Charge à nous de nous montrer clairvoyant...

Tu manques de recul, je pense. Mais ne t'en fais pas.
Prends le temps de t'écouter, prends le temps de sonder ton coeur, prends le temps de faire le point : s'il faut avoir mal, écoute ta douleur, ne cherche pas à la faire disparaître. S'il faut que tu te la rappelles, fais-le, mais ne ressasses pas...
N'essaie surtout pas de vouloir refaire les choses dans ta tête : et si... et si... et si...

Tes larmes, il ne faut pas les retenir. Tu pleureras une fois, deux fois, trois fois peut-être, mais viendra le temps où tu souriras en y repensant. C'est une attitude passive, c'est vrai. Mais parfois rien ne sert de se battre, car c'est se battre contre du vent. J'aime autant laisser les choses en l'état, et garder mon énergie pour quelque chose de plus bénéfique.
Et puis, si Dieu a ainsi voulu les choses, soit. Je m'en remets à Lui. Ma mère me dit toujours : "donne le temps au temps de faire les choses...".


Je me suis toujours dit que lorsque le destin se voyait prendre une toute autre tournure alors que personne ne s'en serait douté, il n'y a pas de quoi se sentir malheureuse ou déboussolée. Je sais pertinemment qu'on retrouve toujours son chemin, un chemin plus éclairé.

On ne peut forcer les autres à nous aimer, à rester. Respecter le choix de l'autre, combien difficile serait-il, et n'en plus rien attendre.

C'est cyclique. Toute ta vie, tu gagneras et tu perdras selon les circonstances, et pas qu'une amie ou un amoureux : un père qui prend le large et qui ne souhaite plus te voir, deux enfants que tu auras fait grandir comme s'il étaient tiens, une cousine que tu considérais comme ta soeur... Et puis toi aussi parfois tu es amenée à délaisser les autres, à prendre de la distance, à fuir...


Chaque personne, chaque rencontre est un enrichissement : on vit, on découvre, on partage, puis on fait le tour, et on sent qu'il faut s'en détacher, par la force des choses...

Que peut-on faire en pareille situation ? Se remettre en question.
Depuis petite j'entends une phrase qui revient très souvent chez nous les musulmans : "derrière chaque mal, se trouve un bien".
Cette phrase on la connaît tous. Mais quand on creuse un peu afin de voir ce qu'il se cache derrière cette parole, elle en ressort lumineuse. Parce que chaque mal éprouve notre personne, notre âme. On ressent alors à l'intérieur une espèce de chaos, de désordre, de mal-être, qui va plus ou moins durer. Dès lors, je trouve qu'il est important d'écouter cette douleur, et surtout de lui faire de la place. Elle est là pour nous apporter questionnement, réponse, questionnement à nouveau, puis réponse etc. Et au fur et à mesure, on avance, sans même nous en rendre compte, on se relève, on s'ajuste, on se tient droit, et non plus bancal comme on pouvait l'être. On grandit, on est plus mature, on est alors à-même de comprendre nos erreurs, nos échecs, nos bêtises, si tant est qu'à la prochaine expérience on ne les réitérera plus. On en fera d'autres, bien évidemment...
C'est cyclique, je pense. On apprendra toujours... Alors autant se tenir prêt et être bon élève.

Voilà ce qu'il me vient à l'esprit en te lisant...

Je finirai peut-être en soulevant de manière générale l'importance de l'introspection : se connaître soi-même comme disait Socrate, pendant d'un hadîth : من عرف نفسه فقد عرف ربه (man 3arafa nafasahu, faqad 3arafa rabbahu), Qui connaît son âme, connaît son Seigneur.


On est toujours si prompts à déceler les tords et travers de l'autre alors que nous sommes nous-mêmes pleins de vices : faisons un efforts pour polir nos coeurs afin de les rendre plus lisses...
Ainsi, nous oeuvrons pour nous, pour les autres, et pour Dieu...


MissNôrah, qu'Allah apaise ton coeur, et qu'Il te donne la force de dépasser ton chagrin.

Bonne journée.





Modifié 3 fois. Dernière modification le 05/10/13 12:06 par Sarazinement Vôtre.
7 octobre 2013 22:30
Masae al kheîr ya Sarazine

Shûkran lakî !


Tes paroles sont criantes de vérité et je te rejoins.

Nous avons fait Fatima et moi un bout de chemin ensemble. Ma mémoire est inondée de souvenirs aussi inoubliables les uns que les autres et ceux que j'ai cité plus haut n'en sont qu'un infime aperçu.

Elle a partagé un instant de ma vie, m'a donnée de sa personne et je l'en remercie. Elle n'est pas éternelle et m'aurait quittée un jour. J'étais aux antipodes de m'imaginer que ce jour là serait arrivé si tôt mais cela est une preuve supplémentaire pour ceux qui doutent encore que c'est Allâh Seul Subhanuh qui détient notre Destin au creux de Sa Main.

Toutefois, je n'avais pas fait le deuil de ce lien intense qui me liait à elle autrefois. Je ne pouvais plus supporter les regards fugaces que nous nous lancions, glacées par la gêne. Il fallait pour que je puisse continuer à cheminer, me détacher du passé... Ainsi m'entretenir avec elle me paraissait évident.

J'ai longtemps été habitée par la peur qu'elle m'en veuille et à peine l'idée m'effleurait-elle l'esprit que les larmes perlaient à mes yeux. Comment pouvais-je espérer vivre en étant oppressée? Répondre devant Allâh Subhanuh à l'heure dernière me donnait des frissons dans tout le corps. J'ai alors pris mon courage à deux mains, le même qui s'évanouissait à chaque fois que je la frôlais ma Fatima.

L'entretien que j'ai eu avec elle m'a permise de me détacher de ses chaines qui m'étouffaient. Ô combien étais-je apaisée d'apprendre qu'elle ne cultivait aucune colère à mon égard et que de nous, elle ne nourrissait que les meilleurs moments. Allâh Subhanuh m'avait en l'espace de quelques secondes allégée. Les larmes qui coulaient sur mes joues étaient les dernières, emportant avec elles mon chagrin.

Dissipé de la brume qui l'occultait, mon ciel était de nouveau clair. C'est en réalité cette tranquillité d'esprit que je cherchais avant tout. Doucement, je la retrouve.

Enfin lorsque j'évoque la nouvelle amitié à laquelle j'aspire, j'entends par là une sérénité et la paix de sorte que je puisse me délecter de son sourire de lumière qui remplacerait la gêne qui nous a escortées si longtemps.

En te remerciant à nouveau tendre Sarazine,

M`âa Salama.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/10/13 22:33 par MissNôrah.
J
8 octobre 2013 12:51
Salam,

C'est beau comme tu ecris en te lisant j'avais l'impression de lire un livre, un poéme.

C'est triste ton histoir elle a changer son numero de portable et elle te la même pas donner c'est hallucinant elle a oublier ses 18 années passer a tes coter.

L'amitié et l'amour pour moi ce sont deux choses les plus importante dans la vie beaucoup de gens malheureusement prennent pas l'amitié au serieux or ce sont des sentiments aussi semblable qu'a l'amour et ils savent pas tou le mal qui font en coupant du jour au lendemain le pont de l'amitié.

Aurait t'elle rencontré un homme ? aurait t'elle rencontrée une autre amie? Elle n'aimait pas ta façon de réagir avec elle ? Il doit forcement avoir une raison. Mais votre rupture s'est faite comment ? Du jour au lendemain ou tu la sentait de plus en plus distante. Elle repondait plus a tes sms appels elle refuser de te voir pour faire des sortie ?

Appel la et joue carte sur table dit lui clairement les chose et qu'elle te dise enfin la veritable raison pour que tu puisse enfin faire le deuil de cette amitié !
a
8 octobre 2013 20:04
c mignon
t'ecrit super bien
10 octobre 2013 21:38
Citation
Sakura87 a écrit:
Salam,

C'est beau comme tu ecris en te lisant j'avais l'impression de lire un livre, un poéme.

C'est triste ton histoir elle a changer son numero de portable et elle te la même pas donner c'est hallucinant elle a oublier ses 18 années passer a tes coter.

L'amitié et l'amour pour moi ce sont deux choses les plus importante dans la vie beaucoup de gens malheureusement prennent pas l'amitié au serieux or ce sont des sentiments aussi semblable qu'a l'amour et ils savent pas tou le mal qui font en coupant du jour au lendemain le pont de l'amitié.

Aurait t'elle rencontré un homme ? aurait t'elle rencontrée une autre amie? Elle n'aimait pas ta façon de réagir avec elle ? Il doit forcement avoir une raison. Mais votre rupture s'est faite comment ? Du jour au lendemain ou tu la sentait de plus en plus distante. Elle repondait plus a tes sms appels elle refuser de te voir pour faire des sortie ?

Appel la et joue carte sur table dit lui clairement les chose et qu'elle te dise enfin la veritable raison pour que tu puisse enfin faire le deuil de cette amitié !

Wa `alaîki as-Sâlam Sakura

Tes compliments sont touchants, je t'en remercie.

« C'est triste ton histoir elle a changer son numero de portable et elle te la même pas donner c'est hallucinant elle a oublier ses 18 années passer a tes coter. »

J'ignore si tu as lu mon post jusqu'à la fin, le contraire peut tout à fait être compréhensible, la longueur étant décourageante :-), mais j'y 'ai évoqué la discussion que j'ai eue avec elle.

Nous tenions toutes les deux fortement à notre amitié. Nous étions véritablement deux sœurs dès lors l'hypothèse qu'elle ne l'ait pas prise au sérieux pour reprendre tes mots est à effacer. Mais probablement qu'elle s'est estompée au fil du temps sans que je m'en rende compte...

«Aurait t'elle rencontré un homme ? aurait t'elle rencontrée une autre amie? Elle n'aimait pas ta façon de réagir avec elle ? Il doit forcement avoir une raison. Mais votre rupture s'est faite comment ? Du jour au lendemain ou tu la sentait de plus en plus distante. Elle repondait plus a tes sms appels elle refuser de te voir pour faire des sortie ?»

Je n'ai perçu aucun changement d'attitude de sa part. La distance s'est creusée progressivement sans que l'une ou l'autre ne le veuille. Elle n'est pas responsable de l'écart existant, en réalité nous avons toutes deux pensé que c'était la volonté de l'autre. Avec un certain recul, je trouve notre passivité très curieuse mais comme l'a sagement dit Sarazinement Vôtre, c'est la Volonté d'Allâh Subhanuh.

Quant à son numéro de téléphone, je me suis peut-être mal exprimée. Elle en a un nouveau tout comme moi d'ailleurs, elle n'aurait pu me le donner puisque nous étions plus en contact seulement le simple fait d'entendre sa proposition m'a chagrinée, j'étais davantage nostalgique.

Merci encore à toi Sakura,

M`âa Salama
10 octobre 2013 21:39
Citation
aleyl a écrit:
c mignon
t'ecrit super bien

Shûkran Lakî yawning smiley
 
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