Mosquée de Lyon : vertus de la parole et de l'échange
Un grand moment de partage a rassemblé autour de la rupture du jeûne d'une journée de Ramadan une vingtaine de personnalités. Parmi elles Gérard Collomb, Dominique Perben et le cardinal Barbarin, mais aussi Dalil Boubakeur Recteur de la mosquée de Paris
Le Ramadan est un mois propice à la convivialité et à l'échange. Kamel Kabtane le Recteur de la mosquée de Lyon n'a pas failli lundi soir à cette coutume.
En invitant autour d'une table de rupture du jeûne quotidien (Iftar) une vingtaine de convives, représentants des pouvoirs publics, des collectivités locales, et des autorités religieuses, judiciaires et militaires de la ville, il n'a pas dérogé à ce rite maintenant bien établi.
Le maire de Lyon, fidèle à ce rendez-vous, a trempé « trois dates dans un peu lait » pour signifier la rupture du jeune. De nombreuses autres personnalités parmi lesquelles Dominique Perben, Jean-Pierre Lacroix, Michel Mercier, Jean-Michel Dubernard, ou André Gérin ont aussi partagé la chorba et le tagine de mouton. « Ce sont les citoyens de la cité que nous recevons à travers vous » a ajouté Kamel Kabtane. Dans le cadre feutré de la bibliothèque de la mosquée, Gérard Collomb et Dominique Perben, face à face tout au long de la soirée, ont respecté « la tradition républicaine de l'enrichissement dans la parole de l'autre. » « Tout ce qui divise, sert à accroître les tensions, est préjudiciable à la nation, qui est aussi un plébiscite de tous les jours.
« Situation d'ouverture » pour le lycée musulman La nation est aussi le fondement de chacun, quellles que soient ses racines spirituelles » a commenté le maire de Lyon. « Faisons tout pour éviter l'affrontement des cultures du monde. Nous sommes dans une période de tension particulière. Les responsables doivent défendre l'idée du dialogue. » a répondu le ministre des Transports.
Dalil Boubakeur Recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM) avait fait aussi le déplacement à Lyon. « L'islam est un facteur de plus de la cohésion nationale et de la fraternité nécessaire, qui est comme chacun sait, un des piliers de notre République. » a-t-il insisté.
Dans cet unanimisme républicain ambiant, le projet de lycée musulman Al Kindi n'a pas été éludé. « Le blocage nous parait relever plus de difficultés administratives que d'une méfiance. Nous pensons que le nouveau dossier, suivi de près des conseillers de Nicolas Sarkozy, va trouver une situation d'ouverture et nous l'attendons avec impatience » a déclaré Dalil Boubakeur.
Le cardinal Barbarin présent à ce repas a plaidé une nouvelle fois pour le dialogue interreligieux. « Oui pour un lycée musulman, mais pour accueillir aussi des non musulmans » a-t-il, par ailleurs déclaré.
Dans un autre registre Kamel Kabtane a insisté pour que le dossier de l'Institut français de civilisation musulmane de Lyon avance. « On nous reproche souvent de ne pas faire entendre la voix de l'islam modéré, mais pour cela il faut mettre des moyens ».
Dominique Perben lui a assuré « que le ministre de la Culture était particulièrement favorable au projet. » Yves Picard [email protected]
-------------------------------------------------------------------------------- Plus de 400 repas servis aux plus démunis Durant le mois du Ramadan entre 400 à 500 repas sont servis chaque soir aux plus démunis par la Mosquée de Lyon. Ils permettent aux personnes isolées et aux plus pauvres de pratiquer l'islam dans les meilleurs conditions. « Chacun donne quelques euros » explique un fidèle « Ce mois où l'on redouble de générosité rapproche de ceux qui souffrent. Les fidèles amènent aussi des victuailles pour faire des dons » constate Kamel Kabtane. Dans la pratique de la religion musulmane, l'aumône, à la fois acte de charité et de solidarité envers les plus pauvres, purifie le donateur. On distingue le don individuel à des plus démunis et une sorte d'impôt religieux sur les biens qui peut être perçu, pour le reverser à des oeuvres de bienfaisance. Y. P.
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