Il existe en Islam des termes fondamentaux comme le monothéisme, la raison, la liberté et la justice. Est-il possible, pour le message islamique d’actualiser ces termes dans le monde d’aujourd’hui ?
Il est certainement possible, pour l’Islam, de transmettre un message important à cet égard, car la conception islamique concernant ces questions et l’engagement des Musulmans à les concrétiser dans la pratique peuvent contribuer à rendre le monde plus heureux.
Le monothéisme, ce concept central dans la doctrine islamique, permet à l’humanité qui croit en un Dieu unique, savant, puissant, sage, clément et miséricordieux de retrouver la quiétude spirituelle, le repos psychique et l’ouverture mentale et, en même temps, d’évacuer hors de sa vie les manifestations du désarroi, de la perplexité et de l’égarement. Il en est ainsi car lorsque l’homme, cette créature exposée à tant de contorsions et assailli par tant de désespoirs dans sa vie, croit en Dieu comme étant la force qui a créé le monde et lui a donné le meilleur des ordres, qui a couvé l’homme dans tout le processus de son existence et qui lui a préparé les meilleurs conditions favorables dans les limites des possibilités de la matière où se rencontrent les avantages avec les inconvénient dans le cadre de la prééminence des premiers…il sent que la vie n’est pas dénuée de sens et que son sens intérieur se diffuse dans toutes les manifestations de l’univers, qu’elles soient universelles, existentielles ou humaines.
Je pense que la croyance en Dieu constitue un vrai besoin pour l'homme du point de vue psychique et pratique et ce abstraction faite de la validité ou de la non-validité de cette croyance du point de vue philosophique. Je pense que cette croyance n’a pas besoin d’être fondée sur beaucoup de réflexion philosophique ; il suffit pour l’homme de partir de sa simplicité et de sa spontanéité pour croire que cette subtile architecture universelle qui a ordonné toute chose et qui a soumis tout phénomène à une loi, ne peut aucunement être une simple et magnifique coïncidence survenue dans le vide, ou une quelconque quantité d’encre qui a pris place sur un mur pour devenir d’elle même un œuvre d’art. La coïncidence ne construit pas un ordre ni n’invente une réalité profonde. Je pense que l’homme a besoin de croire en Dieu et qu’il ne s’agit pas là d’une drogue qu’on consomme pour oublier ses problèmes réels et pour voguer dans le monde de l’imaginaire. Je pense plutôt que la croyance en Dieu nous rapproche davantage du réel du fait que ce réel représente une création de Dieu dont la fonction est en rapport avec l’homme lui-même et avec toutes les autres créatures. Pour cette raison, l’homme qui croit, qui croit que Dieu est le Seigneur des Mondes n’a pas de complexes vis-à-vis des autres mondes : il ne sent pas qu’il mènent contre ces mondes une lutte sans merci, mais qu’il s’y intègrent et sent le besoin de les comprendre et d’en découvrir les mystères et les phénomènes.
Dans ce sens, nous n’acceptons pas les formules qui parlent d’une lutte de l’homme contre la nature. Nous pensons, aux contraire que l’homme est l’ami de la nature et que la nature est l’amie de l’homme. La question est dans la nécessité, pour l’homme, d’échanger avec son amie tout en cherchant à mieux la comprendre, à mieux la découvrir et à mieux le supporter en échange de ce qu’il en reçoit et de ce qu’il en recevra. Je pense que le message que porte l’Islam au monde est celui du monothéisme.
En posant le monothéisme, l’Islam ne le pose pas en tant que terme religieux sans rapport avec la raison et le réel, mais il le fait avec toute la force de celui qui considère le monothéisme comme un objet de foi qui passe par la rationalisation de l’idée et non à travers la sensibilité toute seule. Cette idée a aussi une grande influence sur le réel dans la mesure où, au lieu d’introduire une rupture entre l’homme et le réel, l’y attache davantage à travers ses responsabilités envers lui.
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