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Mirage TV à Laâyoune
b
21 janvier 2005 13:58
salam,

citer le journal-hebdo devient un risque vu ses methodes de travail (lire [www.yabiladi.com]).
cependant cet article me parait interessant a lire. d'ailleurs le to positif est pro-marocain y est totalement surprenant:

source [www.lejournal-hebdo.com]

Lejournal-Hebdo.com

Mirage TV à Laâyoune
La télévision régionale de Laâyoune émet depuis le 6 novembre dernier. Malgré les moyens quasi inexistants, les Sahraouis y croient.

Les locaux datent de 1979. A l'époque, Laâyoune n'était pas encore connectée au réseau national de la RTM et seule une régie installée sur place retransmettait des programmes que Rabat envoyait 24 heures après leur diffusion. En 1982, le relais était installé, Laâyoune recevait les émissions en temps réel et la régie n'avait plus sa raison d'être. Seulement, comme les programmes n'intéressaient pas grand monde dans les provinces du sud et que les Sahraouis ne se retrouvaient pas dans cette culture qui, disent-ils « nous venait d'ailleurs », la télé selon Rabat n'intéressait pas grand monde et seuls les programmes radio en provenance de Tindouf ou de Nouakchott avaient leurs fidèles. L'Etat a finalement mis plus de vingt ans avant de comprendre quels étaient réellement les besoins de ses citoyens de la zone sud, à savoir une télévision de proximité qui parle le même langage que les Sahraouis, qui pense comme eux et qui partage la même culture qu'eux. Aujourd'hui, et depuis le 6 novembre dernier, Télé Laâyoune existe bel et bien. Elle émet tous les jours à partir de 20h45 sur ArabSat et termine ses programmes vers les 23h30.

A l'entrée, une vieille tente qui abrite 24/24 un policier, un militaire et une table sur laquelle sont posés un registre et un téléphone. Le visiteur doit d'abord s'identifier et expliquer le but de sa visite avant d'être annoncé au secrétariat. Un peu comme cela se passe à TVM à Rabat ou à 2M à Casa sauf qu'ici cela se passe sous une tente et que le service de sécurité est beaucoup plus courtois. Ici, on vous invite même à partager un verre de thé en attendant que la personne avec laquelle vous avez rendez-vous se manifeste. Peut-être que c'est encore tout nouveau, que l'expérience est nouvelle et qu'au fur et à mesure que le temps passera, tout finira par redevenir normal et entrera dans ce qu'on appelle le moule de l'antipathie nationale.

Laâyoune TV a été lancée dans la précipitation. Pendant près de vingt ans, rien, et puis soudain le désir de faire plaisir aux Sahraouis en leur offrant une télévision rien que pour eux et si possible, dans les plus brefs délais. Ici, les plus brefs délais ne signifient pas une année ou six mois, le temps qu'il faut à une nouvelle chaîne pour voir le jour. Mohamed Eddah Larhdef, le tout nouveau directeur de Laâyoune TV a découvert ce que cela signifie vraiment : « Au début, on nous a dit qu'on avait trois mois pour tout préparer et puis ils ont changé d'avis ». Il restait jusqu'au 6 novembre, date de l'anniversaire de la Marche verte, dix jours seulement et c'est le délai qui a été finalement donné pour monter la chaîne.

Bonne volonté et bouts de ficelles
A l'intérieur, un petit hall, un comptoir et une antique caméra en rouge et blanc qui pèse trois tonnes. « Une de celles qui ont filmé la Marche verte en 1975 », dit-on fièrement. A gauche de l'entrée, la salle de rédaction. Quelques tables, deux ordinateurs et les journaux de la veille (Laâyoune est tellement loin que tout ce qui y arrive date en général de la veille). A côté de la rédaction, une pièce minuscule. C'est la salle de montage. A l'intérieur, une seule table de montage que se partagent à tour de rôle tous ceux qui doivent monter un sujet. « Si elle tombe en panne, explique un des formateurs envoyés par Rabat, c'est la catastrophe. Tout devra être monté à la main en régie ». Depuis un peu plus de deux mois, Rabat envoie régulièrement des équipes (réalisateurs, caméramen, régisseurs...) pour former les 70 stagiaires de la chaîne. Chaque équipe assiste les nouveaux recrutés pendant un mois et on peut dire que l'apprentissage se fait d'une manière très renforcée : de 8H00 du matin jusqu'à minuit, sept jours sur sept, sachant que sur les 70 stagiaires présents, seuls 18 postes budgétaires seront disponibles. « Monter une chaîne appelée à couvrir 60% du territoire avec seulement 18 personnes est tout simplement impossible », lance un réalisateur. Sans parler des moyens octroyés par la maison-mère et qui n'atteignent même pas le stade du ridicule. Depuis son lancement, la chaîne vit au jour. Le jour, les stagiaires ne sont pas rémunérés mais la diffusion est assurée quotidiennement. « L'idée, explique Mohamed Larhdef est de faire une télévision de proximité qui s'adresse à toutes les provinces du sud et qui donne la parole à tout le monde. Maintenant, lorsqu'on veut faire un sujet de 45 secondes à Dakhla, nous devons parcourir plus de 1.200 Km. Pour le moment, cela peut encore aller car le militantisme nous pousse à aller au-delà de nos limites mais il arrrivera un moment où cela ne sera plus possible et là, il faudra qu'on nous donne les moyens de pouvoir travailler dans des conditions plus confortables ».

Au fond du hall, la régie. A l'intérieur, on se prépare à enregistrer le journal télévisé qui sera diffusé dans quelques heures. Pour des raisons évidentes, il n'y a toujours pas de direct à Laâyoune TV mais un jour cela finira par se produire et là, comme le dit si bien un stagiare, ce sera une tonne d'adrénaline qui se déversera ici. Pour la première fois depuis deux mois, une jeune fille, Saâdani Malaïnine, va réaliser le JT. C'est elle qui tiendra les manettes et elle dirigera à la fois les caméras, le synthé, les magnétos et le reste. Elle sait qu'elle pourra se tromper autant de fois qu'elle le veut du moment que c'est enregistré. Makgré cela, l'anxiété se lit sur son visage.

Vent de démocratie...
Le réalisateur-formateur est juste derrière mais il compte bien ne pas intervenir. Les sujets du jour : une délégation de pélerins sahraouis reçue par le Wali de Llaâyoune, une manifestation de jeunes diplômés-chômeurs à El Mersa et une intoxication alimentaire survenue à bord d'un bateau de pêche au large de Dakhla et qui a conduit à l'hospitalisation de deux marin pêcheurs. Ce dernier sujet constitue l'événement du jour car à l'hôpital de Dakhla, le médecin était absent et personne ne pouvait donner d'explication à cet incident. Plus tard, bien plus tard, le médecin sera retrouvé, il était parti à bord du véhicule de service pour une petite partie de pêche au bord de l'océan. Le sujet sera repris le lendemain par TVM Rabat mais l'épisode du médecin aura subitement disparu.

Dans le bureau du directeur, Raâboub Abhai, une des journalistes vedettes, se creuse la tête pour pouvoir trouver de quoi alimenter un sujet qu'elle vient à peine de tourner à Las Palmas. Partie là-bas sur les traces d'immigrés clandestins, elle en a rencontré quelques-uns. Elle a pu mettre la main sur un enregistrement exclusif tourné par la Guardia Civil mais elle n'est pas satisfaite. La matière dont elle dispose lui paraît encore faible et elle ne désespère pas de compléter son sujet par un témoignage de la gendarmerie nationale. Avant les auditions de l'IER, Raâboub Abhai avait invité pour sa première émission un ancien détenu sahraoui qui avait passé plusieurs années à Kelâat Mgouna et depuis, elle ne veut plus entendre parler que de sujets « percutants ». Des 70 stagiaires présents à Laâyoune TV, aucun n'a jamais approché de près ou de loin une télévision. « Tous découvrent ce formidable outil qu'est la télévision et tous se démènent pour en faire un produit qui se démarque », confie, avec fierté, son directeur.

D'après les rumeurs qui viennent de Tindouf, chaque soir, peu avant 22h30, les rues se vident et tout le monde se « scotche » devant son poste pour voir les infos de Laâyoune et vérifier s'il est vrai qu'un vent de démocratie souffle enfin sur le Maroc. « C'est vrai, note ce journaliste, que nous recevons plusieurs insultes par téléphone ou par lettres nous traitant de traîtres mais je pense que la station est une sorte de météorite tombée sur Tindouf et ses dirigeants ».

Yassine Zizi
 
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