Slm w,Citation
Edelweiss8 a écrit:
Selem Aalikoum !
J'aimerai avoir quelques avis au sujet du Mektoub et du libre arbitre.
La notion entre les 2 est très abstraite sachant que si notre destin est déjà tout tracé, quel est le bien fondé du libre arbitre ?
La notion de Destin est en contradiction avec celle du libre arbitre.
Notre existence est prédeterminée mais pourtant Allah Azawajel nous "teste" dans diverses épreuves de la vie. Mais pourquoi ? Puisqu'Il sait d'avance comment nous réagirons selon gré, de choisir la voie du Bien ou du Mal, selon ce qui nous semble le plus judicieux.
En fait, cela amènerait à penser que nous ne disposons d'aucune volonté propre et que nous sommes pas tout à fait libre de nos agissements. Ce qui est dans un sens vrai vu qu'en tant que Musulman nous sommes soumis à Allah.
C'est ce qui m'amène à me poser cette question. En vous remerciant pas avance pour les éventuelles pistes de réponses que vous donnerez.
Barak'Allahou Fikoum.
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faqir a écrit:
Assalam alaikoum
Le libre-arbitre lui-même faisant partie de notre maktub, de notre prédestiné. On peut dire qu'il y a une Volonté dépassant notre volonté, et en même temps ne la niant pas. Au contraire, c'est par rapport à Elle, c'est en Elle, que notre volonté trouve tout son sens, toute sa réalité.
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CHN-W a écrit:
Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullah.
Si je dis que votre destin de demain matin est de vous lever, est-ce que je vous ai enlevé votre libre-arbitre ?
Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullah.
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Bayazide a écrit:
Slm w,
Il faut pour cela comprendre ce qu'est le temps, c'est qu'es l'espace.
Nous sommes dans le temps, nous sommes de la matière et nous évoluons dans ce contexte on ayant une responsabilité pour certains choix que nous faisons.
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Edelweiss8 a écrit:
Alors à ce moment ce ne serait plus 2 notions contradictoires mais complémentaires puisque l'une ne va pas sans l'autre.
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faqir a écrit:
Assalam alaikoum
Effectivement, il n'y a point de contradiction. La contradiction est en nous, en notre vision limitée, et non dans le fait des choses.
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riyado a écrit:
Salam alikoum
Je vous fait un parrallèle concrète :Les créateurs de jeux vidéo.
Ils ont crée un jeux de A à Z, avec pour le joueur plusieurs possibilité de scénario.
Le joueur 1 n' aura pas forcément le même scenario que le joueur 2. Alors qu'ils ont éxactement le même jeux vidéo d'aventure.
Ces deux joueurs en fonction de leur choix, leur niveau verront la destiné de leur personnage dans un chemin différent, alors que leur prédestiné était commune, puisque c'est le meme jeux meme programme.
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Sarazinement Vôtre a écrit:
La question du destin/libre-arbitre est l'une des plus casse-tête à méditer... Pour tout le monde... Même pour les plus grands philosophes, les plus grands penseurs.
Et ce certainement parce qu'on les oppose systématiquement, créant ainsi une impasse dans les raisonnements.
C'est dû, je pense, à la pensée philosophique occidentale qui depuis je ne sais plus quel philosophe ne peut appréhender le monde qu'en opposant des alternatives (qu'ils présentent comme contradictoires).
Si on revenait simplement à la pensée traditionnelle, on n'aurait plus trop de problème pour comprendre... Mais bon. C'est une autre histoire.
La métaphysique occidentale se croit donc toujours OBLIGÉE d'opposer puis de choisir l'un des termes d'une équation, en l’occurrence destin/libre-arbitre, un seul au détriment de l'autre.
C'est donc soit l'un. Soit l'autre. Jamais l'un et l'autre.
Or... Le monde n'est pas ainsi fait. Il n'est pas soit chaos, soit désordre. Il n'est pas soit un, soit multiple. Il est chaos ET désordre. Il est un ET multiple, par exemple.
Plutôt que d'user du "ou" et d'opposer systématiquement des notions et des concpets, la pensée islamique, et religieuse en générale, semble très bien intégrer le "et".
Preuve :
Allah n'est-Il pas "le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché" ?(Coran 57 ; 3)
Dieu n'est-Il pas "l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier" ? (Apocalypse 22 ; 11)
Il ne s'agit nullement d'une contradiction. Mais d'un paradoxe.
C'est ce que Nicolas de Cues appelait la coincidentia oppositorum. Dieu est la coïncidences des opposés, et en Lui Il réunit et fait rejoindre les paradoxes.
Rien de bien surprenant donc à ce que les religions et l'Islam tout particulièrement conçoivent qu'en Allah se rencontrent le destin ET le libre-arbitre.
Les deux co-existent ensemble et ne se contredisent pas l'un l'autre, comme le Ciel ne contredit pas la Terre, l'Homme ne contredit pas la Femme, le Bien ne contredit pas le Mal.
Sur la question du destin et de la liberté, il est donc possible de résoudre le problème si on parvient à comprendre qu'il ne s'agit nullement d'avoir à choisir entre les deux, soit l'un ou l'autre. Mais justement d'intégrer les deux.
Et pour se faire, il nous faut d'abord comprendre ce qu'est le destin, ce qu'est le libre-arbitre et ce qu'est la liberté.
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Edelweiss8 a écrit:
Selem Aalikoum !
J'aimerai avoir quelques avis au sujet du Mektoub et du libre arbitre.
La notion entre les 2 est très abstraite sachant que si notre destin est déjà tout tracé, quel est le bien fondé du libre arbitre ?
La notion de Destin est en contradiction avec celle du libre arbitre.
Notre existence est prédeterminée mais pourtant Allah Azawajel nous "teste" dans diverses épreuves de la vie. Mais pourquoi ? Puisqu'Il sait d'avance comment nous réagirons selon gré, de choisir la voie du Bien ou du Mal, selon ce qui nous semble le plus judicieux.
En fait, cela amènerait à penser que nous ne disposons d'aucune volonté propre et que nous sommes pas tout à fait libre de nos agissements. Ce qui est dans un sens vrai vu qu'en tant que Musulman nous sommes soumis à Allah.
C'est ce qui m'amène à me poser cette question. En vous remerciant pas avance pour les éventuelles pistes de réponses que vous donnerez.
Barak'Allahou Fikoum.
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Sarazinement Vôtre a écrit:
Spirituellement, métaphysiquement...
Qu'est-ce que le destin ?
Le destin ce n'est pas tant ce qui est écrit "al-maktoub", comme on tend à le penser et tel qu'on la définit au fil des siècles, et tel qu'on le comprend aujourd'hui.
Maktoub dans son acception première ne signifie pas "écrit" mais "décrété".
De même que, dans le Coran, al-Kitâb n'est pas le Livre tel que nous le connaissons mais le "Décret" divin.
Petite parenthèse : le Coran, du temps du Prophète, n'a jamais été un livre, un objet, et ce n'était encore moins le Coran imprimé, classé en sourates, tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Au moment de la Révélation et tout au long de le Révélation au Prophète, qui a duré près de 23 ans, il n'était pas écrit sur support et lu, mais imprimé dans les esprits et récité. D'où son nom Al-Qur'ân : la Récitation.
Le Coran, c'était la Parole. Al-Kitâb, c'était le Décret.
Il n'y avait pas de matériel "Coran". Donc pas de livre à proprement parlé.
Le premier Coran écrit posé sur support date des recensions menées sous 'Ûthmân, soit 15 ans après la mort du Prophète. C'est là qu'il y a eu rassemblement, fixation du corpus coranique définitif.
Et pourtant, le Coran en tant que parole existait, et contenait la mention "Al-Kitâb" sans même que le livre ne soit créé, déjà fixé, ni le corpus arrêté.
Il est faux de croire que le Coran que nous connaissons aujourd'hui est tombé tel quel du Ciel et que le livre est divin.
Le contenu du Coran, la Parole, est Divin. Le contenant du Coran (l'écriture, al-harf, le livre etc) est le fruit de l'humain.
Ces deux termes de la racine k-t-b en arabe, n'ont pas pour premier sens le rapport à l'écriture matérielle (graphie) telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Mais, naturellement, l'homme appose les conceptions de son temps, or pour mieux comprendre, il faut revenir aux réalités linguistiques de l'instant de la Révélation (les termes avaient des acceptions différentes pour décrire une seule et même réalité, ils étaient contextuels. Les réalités métaphysiques décrites sont elles intemporelles).
Al-maktoub, ce n'est pas tant ce qui est écrit, mais ce qui est décrété par Allah. C'est plutôt ce pour quoi nous sommes faits, ce pour quoi nous avons été créés par Allah.
En arabe, on appelle le destin : al-qadar... C'est à dire, ce que Dieu a déterminé (qaddara) pour chaque être, ce que Dieu a donné d'être à chaque être.
Pour donner un image céleste...
Voyons le monde comme un Cosmos. Chaque élément de ce Cosmos a un rôle à y jouer, chacun de ces éléments a une place qui lui est spécialement réservée, chacun de ces élément a son propre lieu de réalisation... Ce lieu, cette place... C'est le destin... Ce qu'Allah a choisi, déterminée, qaddara, pour lui d'être dans ce Cosmos, la place qu'Il lui a réservée.
Mon destin, ce n'est pas ce que je suis, c'est ce que je dois être, ce vers quoi je chemine, ce vers quoi je tends... C'est la place que je dois occuper dans ce Cosmos, dans ce monde harmonieux choisi par Allah.
Le destin, à mon sens, ce n'est donc pas le pré-destiné (début) mais le destiné (le but). Non plus que le pré-déterminé mais le déterminé. Le destin, c'est le point à horizon au loin que Dieu a choisi pour moi et qu'Il veut que j’atteigne.
La destinée, c'est tout le cheminement (le moyen) qui me fera atteindre le destin, le but.
Qu'est-ce que le libre-arbitre ?
Le libre-arbitre, c'est le choix qu'Allah nous laisse à nous dans Son décret. Lui détermine "qaddara". Et nous choisissons.Le libre-arbitre, c'est cette liberté de choix seulement.
Si Allah a déterminé pour moi un destin, un point à l'horizon à atteindre, ma propre place dans le Cosmos :
Libre à moi d'accepter ce destin ou pas, quel qu'il soit.
Libre à moi de tendre vers ce qu'Allah m'aura destiné, ou pas.
Libre à moi d'avancer vers cet horizon, ou pas.
Libre à moi d'y revenir lorsque j'aurais dévié, ou pas.
Libre à moi de me conformer au décret divin, ou pas.
Voilà le libre-arbitre : faire ou ne pas faire... Être ou ne pas être... Accepter ou ne pas accepter. Se soumettre ou ne pas se soumettre. Se conformer ou ne pas se conformer. Etc.
Et la liberté ?
La liberté, c'est le meilleur choix.
On admet assez souvent que le libre-arbitre est le plus haut degré de la liberté. Or ce postulat ne va pas de soi. Liberté et libre-arbitre, ce sont encore deux choses différentes et distinctes pour moi.
Le libre-arbitre c'est avoir la possibilité de choisir entre deux termes d'une équation strictement équivalents mais opposés. La liberté, elle, c'est choisir le meilleur terme de l'équation, ce qui doit être choisi et de le faire parce que c'est le meilleur.
Par exemple, mon libre-arbitre me permet tout aussi bien de me jeter sous les rames d'un métro que de ne pas le faire. Une équation (se jeter sous le métro), deux choix (le faire ou ne pas le faire). Je peux choisir l'un ou l'autre. Soit me jeter. Soit ne pas me jeter.
Ma liberté, elle, consiste à ne pas le faire parce que c'est MIEUX pour moi.
Liberté et libre-arbitre s'opposent quelque part. Le libre-arbitre nous pose le bien et le mal d'une situation comme strictement équivalent, tandis que la liberté nous pousse toujours vers le meilleur des deux.
En gros, il y a le bien et le mal. Mon libre-arbitre me permet de faire soit l'un soit l'autre. Ma liberté est de faire le bien. Parce que le bien est mieux que le mal.
Ptite remarque : en arabe, on se demande sur la question du libre-arbitre et du destin : hal al-insân mukhayyar âm mussayar ? هل الإنسان مسير أم مخير
Le terme arabe pour désigner la liberté de choix de l'humain est mukhayyar. Celui qui choisit, qui opère un choix. Et ce n'est pas un hasard si ce terme a pour racine kh-y-r, soit tout ce qui recouvre l'idée de bien de bon (al-kheir) ou la notion de meilleur (kheir man).
De même que le choix se dit al-ikhtiyâr, masdar de 8ème forme. C'est un schème linguistique qui recouvre l'idée d'un retour vers soi, d'une action pour soi-même. Ici, c'est choisir le bien (al-kheir) pour soi-même.
Conclusion :
Allah a décrété pour moi un destin qui m'est propre. J'ai le libre-arbitre de l'accomplir ou de ne pas l'accomplir. Ma liberté consiste à l'accomplir de la meilleure manière et de cheminer vers cet horizon, sur la Voie du Bien.
En simplifiant quelque peu quelques exemples :
- Si Allah m'a destinée à être une jeune fille musulmane qui se respecte, j'ai le libre-arbitre de l'être ou de ne pas l'être. Ma liberté, c'est d'accepter d'être ce qu'il a voulu que je sois, et d'être une jeune fille musulmane qui se respecte parce que c'est MIEUX POUR MOI.
- Si Allah a décidé que je sois atteinte d'une maladie qui ne soit pas incurable, j'ai le libre-arbitre de me soigner ou de ne pas me soigner. Ma liberté consiste à me soigner, parce que c'est MIEUX pour moi.
Je rappelle que je simplifie, tout n'est pas si simple.
Il ne faut pas oublier de prendre en compte la complexité du monde, comme la complexité de l'être humain.
A chacun, Allah a déterminé un destin qui lui est propre... Chacun a alors à se connaître lui-même afin de cheminer de la meilleure manière vers ce destin, cet horizon qu'Allah lui aura fixé...
Car la plus grande liberté, c'est de coïncider avec cet horizon, cette destinée, ce qu'en vocabulaire religieux (métaphysiquement, et non littéralement) on appelle le "Seigneur".
Hadîth : Qui connaît son âme, aura connu Son Seigneur...
Je finirai par cette phrase qui résume tout :
Avec mon libre-arbitre, j'accomplis mon destin. Car là est ma liberté... A méditer.
Et de tout cela, Dieu est Omniscient et le plus Savant...